Dévoilé lors du X019 par son éditeur RawFury, West of Dead avait su attirer la curiosité des fans de jeux indé par sa patte graphique et la promesse de nous mettre la voix de MONSIEUR Ron Pearlman dans les esgourdes le temps de quelques runs dans ce nouveau rogue lite tout en santiags et en calcium.
Bone to be Wild
Il y a des gueules de bois plus violentes que d’autres. C’est ce qu’a dû se dire William Mason en se réveillant dans le saloon de Purgatory, charmant petit monde infernal peuplé de zombies plus ou moins armés, de chiens décharnés et autres créatures des marais. Heureusement, même si Mason n’a même plus la peau sur les os, il garde son habileté au six coups histoire de faire comprendre aux autochtones que non, se cacher dans le noir et crier BOUH, ce n’est pas une manière décente d’accueillir les touristes.
Chose pratique, en plus de lui permettre de rendre fous tous les médecins grâce à son nouveau régime, Mason est… mort. Une particularité plutôt pratique dans un rogue-lite plutôt ardu. Et vous allez mourir dans West of Dead. Vous allez mourir souvent et recroiser à chaque fois le même barman, la même sorcière, le même tableau de primes avant de vous lancer une nouvelle fois dans La Traque.
Vu le nombre de Rogue Lites sur le marché, et vu la qualité de beaucoup d’entre eux, il fallait des arguments solides à West of Dead pour tirer son épingle du jeu. Premier argument, déjà mis en avant lors de l’annonce du titre : son identité visuelle. Tout en nuances sombres et avec un vrai travail sur la lumière, le titre développé par Upstream Arcade rappelle énormément le travail de Mike Mignola. L’artiste américain est notamment connu pour son travail sur Hellboy, personnage doublé par Ron Pearlman au cinéma. Ron Pearlman qui prête ici sa voix à William Mason, la boucle est bouclée.
Le Bone, La brute et le truant
Le style visuel de West of Dead est également mis au service de son gameplay. Purgatory est en grande partie baigné dans le noir total. Ténèbres qui abritent des créatures peu recommandables, leur faisant bénéficier d’une immunité totale à vos balles. Seule solution dans ces cas là, vous jeter sur une lampe pour l’activer ce qui aura pour effet de les rendre vulnérables mais également de les assommer quelques secondes, le temps de vous mettre à couvert.
West of dead s’inspire du folklore de l’ouest américain. Et que serait le far-west sans ses gunfights ? S’inspirant des twin shooters (un stick pour se déplacer, un pour viser), le bébé d’Upstream Arcade vous obligera à faire parler la poudre. Le jeu se découpe selon une architecture très (trop ?) simple : un couloir, une pièce à vider pour accéder au couloir suivant et donc à la pièce suivante jusqu’à trouver un portail vous faisant quitter le niveau. Le jeu se jouant en pseudo vue isométrique, il faudra passer par une phase d’observation avant de vous jeter dans dans la bataille histoire de repérer les différents couverts, les lampes et les ennemis. Des couverts qui ne pourront pas vous abriter éternellement. Si les ennemis au corps à corps se contenteront d’en faire le tour, vous permettant ainsi de les balader à loisir, les ennemis à distances pourrons eux détruire votre abri de fortune a force de tirer dessus. Un élément à prendre en compte dans la stratégie d’approche et qui oblige à toujours rester en mouvement pour ne pas se retrouver encerclé et condamné à un énième passage au saloon.
Heureusement, Mason bouge bien et peut composer avec un arsenal plus ou moins exotiques. En plus de pouvoir viser et tirer à la fois avec certaines armes, une simple pression sur la touche A permettra à Mason de se jeter en avant histoire d’esquiver une balle traîtresse, le tout agrémenté d’un subtil ralenti si le geste est réalisé avec le bon timing. Libre à vous ensuite d’ajuster votre tir avec un fusil ou de vider directement votre chargeur sur la malandrin avant de vous jeter vers un nouvel abri pour… recharger. Une fois votre colt rechargé, il est temps une nouvelle fois de retourner trouer l’adversaire, de ramasser les péchés et c’est reparti pour un tour jusqu’à la fin du niveau où vous pourrez échanger vos péchés contre de nouvelles pétoires et accessoires.
Attaque Dead Os
Si West of Dead arrive à se démarquer par son univers et son enrobage, il sait également s’inspirer des meilleurs au niveau de certains éléments. Après quelques runs, on commence à sentir qu’un certain Dead Cell est passé par là. A la fin de chaque niveau, Mason est transporté dans une zone sûre ou il peut échanger ses péchés contre une amélioration de sa potion de santé, utilisable jusqu’à 3 fois par niveau ou contre de nouvelles armes et accessoires pouvant être ramassés. De même, lors de sa balade, notre mort vivant peut tomber sur des autels lui permettant d’améliorer une de ses 3 stats ou sur un esprit à alléger de son fardeau de péchés contre de nouvelles armes mais si vous vous faites toucher avant d’avoir tué le nombre d’ennemis indiqués, retour à la case départ.
Malheureusement, si Upstream Arcade parvient à s’inspirer de certaines mécaniques intéressantes de Dead Cell, il ne possède pas sa maestria et son génie. Le découpage du jeu dans sa structure salles/couloirs a tendance à hacher le rythme. Une fois une salle vidée, le joueur se sent immédiatement à l’abri avant la prochaine rencontre. Il en va de même pour les rare boss, qui ne réapparaîtront pas après votre mort et qui ne vous poseront pratiquement aucun souci. Tout au plus rencontrerez vous parfois un hors-la-loi qui vous permettra de faire avancer un peu l’intrigue mais, ce qui pourrait donner lieu à des joutes épiques se résume souvent à attendre sagement à couvert que l’ennemi montre sa trogne pour vider son chargeur avant de recommencer. Et même si ces rencontres permettent de creuser un peu l’univers, le scénario n’a clairement pas ce qu’il faut pour marquer le joueur et le pousser à surmonter les difficultés à venir. D’autant plus que celle-ci n’est pas forcément bien dosée. Si avec un peu d’entrainement il est relativement aisé d’atteindre la fin du Chapitre II même sur un run moyen, la courbe de difficulté monte en pente raide de façon totalement incohérente et il devient pratiquement impossible de finir le jeu sans être parvenu à rassembler les meilleurs items à la suite.
Si on peut pardonner ces quelques écueils à West of Dead, certaines erreurs sont elles beaucoup plus dommageable même si toujours rattrapables après quelques patchs. La caméra pour commencer, qui peut avoir tendance à offrir le pire angle de vue sur une salle, mettant hors de vision un ennemi capable de vous aligner une mauvaise balle pendant que vous vous retrouvez à gérer deux ou trois ennemis au corps à corps. Plus gênant, il nous est arrivé de nous retrouver totalement bloqués, une porte refusant de s’ouvrir après la mort d’un hors la loi et dans ces cas-là… retour à la case départ. Bien sûr, il s’agit là de bugs pouvant être corrigés mais le jeu étant vendu comme « fini », c’est toujours frustrant de se retrouver bloqué dans ce genre de situations.
Last Ride
Même si West of Dead manque d’un petit quelque chose pour se hisser au niveau d’un Dead Cell (par exemple), sa direction artistique ou l’originalité de son univers méritent clairement le coup d’œil. On pourrait bien sur pester sur le manque d’équilibrage entre les différents builds ou au niveau de la structure même du titre, il n’en reste néanmoins que le bébé d’Upstream Arcade dispose de solides arguments pour trouver son public auprès des fans de Rogue Lite et de santiags.
On a aimé :
- La direction artistique
- L’univers original et le folklore qui va avec
- Le feeling des gunfights
On a pas aimé :
- La peinture encore un peu fraiche
- Une bande son de qualité mais beaucoup trop discrète
- Le rythme trop haché
Craquez vos PO si :
- Vous aimez porter des santiags et une étoile de shérif
- Vous aimez souffrir et mourir
- Vous êtes fan du Ghost Rider
Gardez vos PO si :
- Vous cherchez un jeu avec une histoire prenante
- Vous cherchez un jeu simple
- Vous êtes plutôt de ceux qui creusent
De la bone came
Même si West of Dead manque de ce petit truc pour se hisser au rang des très grands, la ballade de William Mason ne manque pas de qualités pour nous offrir une expérience qui, même si elle ne sera pas marquante, n'en reste pas moins très agréable à parcourir. On espère qu'Upstream Arcade sera en mesure de creuser un peu son univers à l'avenir tant celui-ci s’annonce prometteur sans jamais être vraiment exploité.