Chaosbane, ça n’a rien à voir avec Matt Hardy (et c’est bien dommage). Il s’agit plutôt du dernier titre en date autour de la licence Warhammer : un hack’n’slash qui plus est. Une première dans cet univers. Et pour moi qui aime autant Warhammer que le hack’n’slash, j’attendais ce titre avec une double dose de curiosité. D’autant qu’il est publié sous la houlette du français Bigben, en pleine tentative de restauration de blason. En effet, depuis quelques mois l’éditeur tente tant bien que mal de redorer son image en proposant des univers plus matures qui le sortent de la simu’ tennis, moto, handball, rugby, aqua-poney… Chaosbane était donc également pour moi l’occasion de voir où ils en sont.
Le Diablo corps
Bigben n’en est pas à son premier coup d’essai avec les hack’n’slash dans l’univers de Games Workshop. Preuve en est Inquisitor Martyr, sorti l’an passé, leur premier du genre mais à la sauce Warhammer 40K, le penchant futuriste de leur licence. Je n’avais pas pu le tester mais les critiques semblaient unanime sur son sujet : peut mieux faire.
Malgré tout, c’est en toute naïveté que je me suis lancée dans le test de Chaosbane, vierge de tout préjugé mais non de toute crainte.
Le premier contact avec le titre nous le jette au visage : Chaosbane est une copie conforme (ou presque) de Diablo. Mais sans le talent et les années d’expérience de Blizzard, difficile d’être aussi convaincant ! Et comme pour toutes les imitations, c’est en regardant les détails de près que l’on peut apprécier la réussite ou l’échec de la contrefaçon…
En premier lieu, côté scénario, Warhammer ou pas, on reste dans le très classique : vous êtes le bras armé des gentils que vous devez aider à combattre le Chaos, dirigé par une étrange sorcière qui a jeté un sort sur le dirigeant du peuple que vous défendez. Si Chaosbane ne brille pas par l’originalité de son histoire, cette dernière réserve toutefois quelques surprises que je ne vous divulgâcherai pas ici. Mais c’est surtout par le soin apporté à l’écriture de ses personnages et de ses dialogues que le jeu fait mouche. J’y reviendrai plus tard.
Parlons d’abord du premier choix que vous aurez à faire, celui du combattant que vous incarnerez. Il vous faudra opter pour un soldat de l’Empire, un mage Haut-Elfe, un tueur Nain ou une éclaireuse Elfe Sylvestre. Là aussi, on reste dans l’ultra-classique. On aurait pourtant apprécié un petit Mage Flamboyant ou encore un Inquisiteur, déjà présents dans d’autres jeux et bénéficiant d’un capital étonnement un peu plus élevé… L’univers de Warhammer eût en effet été assez vaste pour s’épargner les éternelles classes de guerrier / mage / rôdeur mais… c’est sûrement le prix à payer si l’on veut plaire au plus grand nombre. Et j’entends par là : les non-initiés à l’univers. Malgré les quelques derniers jeux à succès sur celui-ci (coucou Vermintide) Warhammer reste une licence assez peu connue qui poussent ceux qui l’exploitent à la timidité. De quoi décevoir les plus fans d’entre nous qui ne seraient pas prêts à accepter ce compromis au prix du plaisir de jouer à leur licence préférée sur PC.
Parlons jouabilité maintenant. Les débuts en jeu m’ont été assez laborieux : le gameplay est plus « mou » qu’un Diablo. Mais après une petite heure de jeu force est d’avouer qu’on s’habitue au rythme plus lourd du titre et à son inertie. Les roulades et mouvements d’esquive se terminent par une brève pause, les hitboxes sont un peu étranges, certains mouvements de caméras donnent le tournis… Heureusement, si les débuts sont un peu déroutants, ils ne le sont pas tout au long de l’expérience. On retrouve vite ses repères puisque Chaosbane, en n’inventant rien, parvient à nous faire rapidement entrer dans notre zone de confort.
Passons maintenant à ce qui m’a manqué. Parmi les choses que j’aime dans les Diablo-likes, il y a l’exploration de grandes zones. Ici, il faudra leur dire au revoir : le mode histoire est une succession de donjons, grand couloir dans lequel on vous balade une quête à la fois, d’un point A à un point B. Aucune quête annexe, aucune petite surprise pour vous écarter du chemin dicté. Le level design, bien qu’offrant le minimum vital du procédural, reste aussi fermé que mes volets par ce temps caniculaire. Ça a sûrement été le point le plus frustrant pour moi.
Pour le reste., Chaosbane frôlera en permanence avec le bif-bof.
Au global, si les interfaces pâtissent de défauts qui rendent l’expérience laborieuse mais pas insupportable. Quelques exemples : l’arbre de compétences est un sacré bordel visuellement, ce qui le rend de prime abord plus anxiogène qu’intriguant. Autre exemple : il est impossible de déplacer une compétence d’un emplacement de raccourci à un autre – il faudra la déséquiper puis la rééquiper à l’emplacement voulu… L’ergonomie de l’inventaire est à revoir. Certains aspects du jeu manquent de clarté : il faudra ainsi mettre plusieurs heures de jeu avant de comprendre à quoi servent les fragments qu’on ramasse au sol… On arrive toutefois à pardonner assez facilement ces petits couacs.
Et ce sera comme ça pour à peu près tous les aspects du jeu. Ce qui fait de Chaosbane un jeu jouable et pas désagréable, mais complètement oubliable.
Ma tolérance a néanmoins atteint ses limites quand j’ai voulu lancer le mode multi (après avoir terminé une première fois le jeu en solo). Quelle catastrophe ! Les crashs et les bugs sont une chose, mais le fait de ne pas pouvoir rejoindre une partie de son choix fait de ce mode une aberration… On est ainsi projetés aléatoirement dans une partie multi qui ne prend aucun compte du niveau des personnages. On se retrouve donc parfois avec des persos qui débutent alors qu’on vient d’atteindre le dernier niveau avec son avatar… J’aurais préféré attendre quelques semaines de plus pour un multi solide plutôt que d’être confrontée à cette expérience qui a définitivement dégradé l’image que j’avais du jeu…
Heureusement, le titre n’est pas dépourvu de qualités…
Hack’n’Slaanesh
Il reste en effet un bon divertissement.
D’abord, ce qui saute aux yeux c’est que le jeu est plutôt joli ! Il semble emprunter du moteur de Vermintide qui n’a à rougir de personne, avec des effets de lumière très chouettes et des ambiances qui mettent en valeur l’univers baroque et sombre de Warhammer. C’est au passage un vrai plaisir de retrouver le bestiaire de Warhammer dans un hack’n’slash. Il faut dire que Games Workshop a doté ses univers d’une identité visuelle unique en son genre. Visuellement, le chara design, les accessoires et vêtements portés par nos avatars sont du Warhammer pur et dur… Forcément, j’adore ! Bien sûr, le mérite revient davantage à tous les artistes qui ont travaillé sur ces univers visuels depuis ces dernières décénies qu’aux créateurs du jeu à proprement parler, mais on ne peut pas bouder son plaisir de les retrouver en jeu…
Ensuite, Chaosbane étant un copier / coller de Diablo et autres jeux du genre à succès, on y retrouve beaucoup des éléments qui apportent leur dose de plaisir de jeu. Leveling, loot à foison, arbre de compétence avec 3-4 builds possibles par personnage, attaques fofolles qui en mettent plein la vue (la plupart vulgairement copiées / collées à Diablo – mais vous aurez compris qu’on n’est plus à ça près !), boss gargantuesques… L’objectif défouloir qu’on attend d’un jeu de ce type est à peu de choses près atteint. Les boss sont présentés sous forme de défis puisqu’ils ont chacun un pattern bien spécifique qu’il va falloir comprendre pour réussir à les battre. Malheureusement, une fois le pattern compris, le combat n’est plus qu’une formalité… Dommage.
Je termine avec un dernier élément qui m’a plu et que l’on doit bien cette fois-ci à l’équipe qui a développé le jeu : l’écriture ! Chaque personnage, bien qu’il soit un cliché de la classe / race qu’il représente, dispose de ses propres dialogues et de son propre doublage. Même chose pour chacun des PNJ qui n’a pas été traité par-dessus la jambe. Recommencer l’histoire avec un nouveau perso, c’est donc découvrir de toutes nouvelles réactions, de nouveaux dialogues entre les personnages… Du fan service qui fonctionne pour le coup très bien ! Un effort plus qu’appréciable qui lui évite, à mes yeux, la case du jeu cheap…
Conclusion
Ce que je reprocherais le plus à Chaosbane c’est que le jeu n’est, d’entrée, pas très sexy. L’inertie dans le gameplay ainsi que le bestiaire très limité dans les premières heures de jeu mettent un froid d’emblée. Heureusement, si l’on persévère, il révèle quelques subtilités et bonnes surprises qui n’en font pas un titre dénué d’intérêt ou de qualités.
Au contraire, il reste un bon divertissement pour tout fan de l’univers ou du genre qui cherche quelques heures d’amusement sans finesse. Petit hic quand même sur le prix de lancement du jeu : étant donné les quelques défauts qu’il présente, particulièrement sur le multi, une offre à 10, voire 20€ de moins nous aurait semblée plus juste…
On a aimé :
- L’occasion de côtoyer l’univers de Warhammer Battle dans un hack’n’slash
- Les dialogues et doublages adaptés à chaque personnage
- L’effort apporté aux boss qui ont chacun un pattern à résoudre
On a moins aimé :
- Le mode multi clairement terminé à la va-vite
- Le copier-coller grossier de Diablo
- La jouabilité un peu mollassonne
Craquez vos PO si :
- Vous êtes un fan de Warhammer prêt à épargner quelques défauts à un jeu petit budget
- Vous êtes un fan de hack’n’slash pas trop exigent
- Vous êtes les deux
Quittez la partie si :
- Vous cherchez le nouveau hack’n’slash qui va révolutionner le genre
- Vous vous attendez à ce qu’un jeu à 50€ soit au moins aussi bon qu’un Blizzard
- Vous cherchez une parenthèse de douceur dans ce paysage vidéoludique décidément trop violent
Bif Baffe Bof
Chaosbane satisfera sûrement davantage les fans de Warhammer que ceux de hack'n'slash. En effet, pour les amoureux de l'univers, il reste un bon divertissement qui met en scène un bestiaire haut en couleurs. Côté gameplay, il n'en reste pas moins un copier / coller de formules qui fonctionnent avec quelques oublis gênants : comme un multi qui fonctionne. S'il ne brille pas par son originalité, ses quelques défauts se font vite oublier pour nous laisser passer un moment amusant malgré tout. Notre conseil serait d'attendre quelques semaines, le temps de voir arriver des patchs correctifs et... une baisse de prix ?
2 Comments
Alocar
24 Juin 2019 8:48Première petite chose, à moins de fausse route, Martyr est développé par Neocore Games, un studio hongrois, Bigben semblant être l’éditeur pour les consoles.
Concernant Chaosbane:
Pour moi, c’est plutôt le dernier jeu à sortir dans le Vieux Monde. Il fait clairement plus typé Battle qu’AoS. Les persos jouables sont tous des archétypes tirés de Battle, le nain est un tueur nain, pas un fyreslayer, on a comme donneur d’ordre Téclis, il ne contient aucune des nouveautés apportées par AoS (Stormcast, toutes les nouvelles races, etc).
– Les classes sont caricaturales mais restent efficaces et sont bien distinctes les unes des autres.
– L’histoire est somme toute bateau. Elle a été écrite par un des écrivains de la Black Librairy, certes, mais c’est loin d’être une histoire passionnante à mon sens.
– Ils n’ont pas pris beaucoup de risques sur la partie gameplay, j’ai eu l’impression de voir un Diablo 2 des familles avec un reskin Warhammer Fantasy 🙂
– Il y a peu de contenu. Une fois l’histoire terminée (une petite dizaine d’heure en y allant tranquillement), il n’y a pas grand chose à faire hormis farmer les invasions pour choper du stuff. Alors oui, c’est un H’n’S donc ça fait parti du jeu mais là, je trouve ça très léger.
– Aucun réglage graphique possible sur la version PC.
J’ai l’impression que comme souvent, le jeu est sorti bien trop tôt et que la version release sera disponible d’ici quelques mois 🙂
Pour le moment, je ne pense pas que le jeu (au moins au prix affiché) soit un achat judicieux.
Petite aparté, Martyr a reçu une V2 ces derniers jours dans laquelle pleins de choses ont été modifiées. Pour ma part, je n’ai pas trop eu le temps de me pencher sur ces nouveautés mais au moins, il y a un suivi plutôt important de la part de Neocore.
Eskarina
03 Juil 2019 8:28Je rejoins complètement ton avis !
Et pour AoS mille excuses c’est entièrement ma faute, d’autant qu’un ami m’avait fait la même remarque que toi ! J’ai simplement oublié d’éditer mon test… Je corrige ça de ce pas – merci pour ce rappel à l’ordre ! 😉