Si Animal Crossing et Stardew Valley avaient passé le confinement ensemble, ils auraient sûrement donné naissance à Spiritfarer. Tombée complètement par hasard sur ce jeu dont j’avais entendu parler sur Twitter et vu quelques captures écran, laissez-moi vous compter comment il s’y est pris pour enchanter mes après-midis de fin d’été…
« Je traverse le Styx et je vous trouve un travail ! » – Charon
Dispo sur le Game Pass PC depuis mi-août (et sur toutes les autres plateformes), Spiritfarer est un jeu développé par Thunder Lotus Games. Vous avez peut-être déjà entendu parler de ce studio indé’ montréalais grâce à ses autres jeux remarqués : Sundered et Jotun. À chaque fois ils nous ont gratifiés de gameplays atypiques et à la patte graphique originale. La signature du studio : une 2D léchée avec une identité visuelle penchant clairement vers les films d’animations prestigieux, entre du Ghibli et du Disney… pour adultes.
Et Spiritfarer n’échappe pas à la règle : le titre est visuellement très accrocheur, avec sa 2D en scrolling horizontal doté d’une animation très réussie qui fait penser à du Ghibli. Par moments sa DA m’a aussi fait penser à GRIS – ce qui est un grand compliment dans ma bouche.
Côté gameplay, on retrouve une véritable originalité. Tellement d’ailleurs que les trailers donnent difficilement une idée de ce à quoi s’attendre : les gens avec qui j’en ai parlé pensaient en effet qu’il s’agissait d’un platformer. Alors que pas du tout. Enfin, pas « que ». Difficile de mettre Spiritfarer dans une case bien qu’on le qualifiera plutôt de jeu de gestion. Imaginez un croisement entre Animal Crossing et Stardew Valley.
On incarne Stella, une passeuse d’âme qui doit aider les âmes à se frayer un chemin depuis le Purgatoire vers l’Au-Delà (bien que ces notions très chrétiennes ne soient jamais clairement nommées comme telles). Pour cela, elle accueille les âmes d’esprits défunts sur son bateau, une sorte d’arche de Noé que vous allez devoir faire évoluer. Elle accompagne ces âmes dans leur histoire personnelle en accomplissant une série de quêtes successives. Grâce à cela, Stella va les aider à accepter leur sort et à atteindre un stade de sérénité qui leur permettra de lâcher prise et d’accepter de passer dans l’au-delà. À la façon d’un Bilbo qui rejoint le Valinor (pour quitter un peu les clichés judéo-chrétiens).
Oh mon bateauuu, tu es le plus beau des bateaux
La majeure partie du jeu se passe donc à bord de votre bateau : au début, ça n’est qu’une plateforme vide que vous allez devoir aménager pour plaire aux âmes que vous transportez. Plus les âmes à bord sont épanouies, plus vous débloquerez des quêtes / actions les concernant. Et progresserez dans l’aventure.
Pour ce faire, il faudra commencer par leur construire une demeure personnelle que vous allez améliorer de sorte à leur offrir un cocon douillet.
Mais vos âmes ont des besoins plus simples pour satisfaire leur contentement : en leur faisant des câlins (oui) ou… à manger, vous allez faire grimper leur jauge de bonheur, ce qui vous aidera à progresser dans leur histoire personnelle en plus de débloquer des actions spécifiques.
Pour construire ces bâtiments, cuisiner des petits plats et réaliser une palanquée d’autres actions de récolte et de craft, il va vous falloir d’abord récolter des ressources que vous allez trouver dans le monde / concevoir sur votre bateau à l’aide des ateliers que vous y bâtirez. Et pour les trouver ces ressources / matières premières il va vous falloir explorer le monde qui vous entoure (sorte de Purgatoire, donc) : Spiritfarer est également un jeu d’exploration maritime. À l’aide d’une carte des mers, vous allez vous balader d’île en île et découvrir des nouveau lieux / personnages dont certains vont embarquer sur votre bateau.
I âme beautiful, no matter what they say
Chaque âme a son histoire que vous allez découvrir au fur et à mesure. Hé oui, Spiritfarer est avant tout un jeu sur le deuil et son acceptation. Pour faire passer son message, il se dote d’une très belle écriture, jamais triste, souvent nostalgique et dont il faut comprendre le sens en filigrane. Rares sont les titres à faire preuve d’une telle subtilité / sensibilité dans leur écriture, le tout dans un enrobage très mignon qui peut faire oublier le fond plus sombre qu’on nous expose. Ou faire réfléchir intelligemment sur cette épreuve de la vie !
Comme Stardew Valley et Animal Crossing, le jeu est rythmé en phases jours / nuit pendant lesquelles vous n’allez pas faire les mêmes actions. Pendant la nuit par exemple, vous ne pouvez pas naviguer, mais vous pouvez vous occuper de votre navire, récolter, crafter, etc.
Et il y a aussi des mini-jeux, certains sous forme de platformers qui vont vous permettre de récolter certaines ressources spéciales, faire pousser vos ressources plus vite, etc. Ceux-ci sont plutôt réussi quoi qu’assez répétitifs. De même, vous retrouverez un petit côté metroidvania avec certaines zones non accessibles tant que vous n’avez pas débloqué certains mouvements (comme le double saut).
Spiritfarer est donc un jeu aux nombreuses facettes mais, bien sûr, tout n’est pas rose. Le jeu pâtit d’un aspect répétitif qui va souvent de pair avec les jeux de gestion basés sur le craft / la récolte de ressources… Chronophage, addictif, vous trouverez toujours quelque chose à faire : une quête à effectuer, du craft à faire, des ressources à récolter, des endroits à explorer… Une durée de vie extensible donc, enrichie par une très belle écriture et cet univers visuel à la Ghibli. Spiritfarer est plus qu’un jeu de gestion, c’est une bulle de mignonnerie, bienveillante (aucun game over), touchante, une parenthèse de douceur, enveloppée dans une musique très zen.
Vous l’aurez compris, je suis tombée sous le charme et le conseille à tous ceux qui aiment Animal Crossing / Stardew Valley et qui en chercheraient une version moins “hardcore” et plus poétique. En ce qui me concerne, je suivrai avec attention les prochains projets de Thunder Lotus Games, « le » studio qui m’a offert la plus belle surprise de cet été vidéoludique…
On a aimé :
- La direction artistique
- L’écriture
- Le côté addictif…
On a moins aimé :
- …mais répétitif
- Certains allers / retours un peu longs dans les phases de voyage
- Quelques ralentissements
Craquez vos PO si :
- Vous aimez les jeux de gestion « à la » Animal Crossing / Stardew Valley
- Vous aimez les univers visuels « à la » Ghibli
- Vous cherchez un jeu poétique tout en douceur
Quittez la partie si :
- Toutes les inspirations « à la » citées ci-dessus vous en touchent une sans faire bouger l’autre
- Vous cherchez un FPS bien sanglant pour vous passer les nerfs
- Vous manquez de patience
Je suis aux anges !
Chronophage, addictif, Spiritfarer est enrichi par une très belle écriture et un univers visuel à la Ghibli. Plus qu’un jeu de gestion, c’est une bulle de mignonnerie, bienveillante (aucun game over), touchante, une parenthèse de douceur, enveloppée dans une musique très zen. Foncez.