20 ans après sa version GameCube, Paper Mario : La Porte Millénaire s’offre un ravalement de façade et ressort sur Switch. Moi qui n’ai joué ni à la version GameCube, ni à quelqu’autre Paper Mario que ce soit, je me suis dit que c’était le moment idéal pour plonger dans ce petit JRPG au tour par tour… qui touche donc à l’un de mes genres vidéoludiques préférés !
Ce test est donc fait avec un œil neuf : je ne sais pas ce qu’était Paper Mario avant, ni l’original, ni ses suites, ni ce qui viendra éventuellement plus tard. Je cherchais « juste » un petit RPG sympa pour passer l’été, et j’avoue que cette version papier du plombier moustachu me faisait de l’œil depuis un moment. Néanmoins, à l’époque où je cherchais d’autres RPG du même genre, je me suis toujours tournée plus facilement vers d’autres licences un peu plus mâtures (en particulier dans la fantasy) et n’ai jamais vraiment eu la bonne occasion pour tester celle-ci.
Ma « pile à jouer » sur Switch étant sèche (ou presque) pour cet été : c’était l’excuse parfaite pour arracher cette exclu des mains d’un vendeur Vinted je l’espère aussi scrupuleux que son prix séduisant de 40€. Ca ne se refuse pas !
Et c’est la naïveté la plus complète sous le bras que j’ai découvert ce titre.
Pas peur, Mario !
Paper Mario : La Porte Millénaire nous emmène à Port-Lacanaïe après une intro 100% Mario. L’entrée en matière reste toujours un peu la même que pour tous les autres jeux de la licence. Princesse Peach se fait enlever et vous allez devoir la sauver elle et la planète en rassemblant 7 « Gemmes Étoiles » éparpillées dans le monde. Petite originalité : cette fois-ci ça n’est pas Bowser le grand méchant mais Cruxinistre qui, bien sûr, convoite les mêmes Gemmes Étoiles que vous. S’engage alors une course effrénée où Mario va devoir aller dénicher les Gemmes avant Cruxinistre.
Pour un scénario original : on repassera.
Néanmoins on ne boude pas quelques petits détails qui font plaisir : Bowser n’est pas « le » méchant de l’histoire et est même régulièrement ridiculisé dans son rôle d’antagoniste à la traîne, entouré de sbires aussi maladroits qu’il est malveillant. Vous aurez même à quelques occasions la possibilité de l’incarner dans des niveaux en scrolling horizontal – une inversion des rôles en clin d’œil aux classiques platformers Mario qui fait sourire. Quant à Peach, bien qu’elle ait été enlevée, elle retourne (un peu) les codes de la Princesse à sauver puisque, depuis sa prison, elle multiplie les ingéniosités pour réussir à guider Mario dans son aventure.
Laissez parler les petits papiers !
Mais le cœur du gameplay n’est pas là : comme dans tout RPG classique vous allez devoir constituer une équipe entre Mario et un acolyte. Au total, 6 personnages différents (+1 caché) se joindront à vous, chacun avec leur personnalité et leurs compétences.
En dehors du combat, ces acolytes ont leur utilité puisqu’ils ont un pouvoir qui interagit avec l’environnement : exploser une faille dans un mur pour découvrir une entrée, monter sur le dos d’un autre pour pouvoir sauter plus loin… Étant dans un monde de papier, les concepteurs s’amusent. Par exemple : certains passages secrets sont cachés derrière une feuille de décor qu’il faudra soulever grâce au souffle de Cumulia, l’une de vos comparses. Mais Mario aussi peut se transformer : en avion de papier pour parcourir de grandes distances en planant, en bateau pour traverser des rivières, ou encore en rouleau pour passer dans des passages étroits… Avec ces petites subtilités, Paper Mario nous fait renouer avec l’enfance et interpelle notre ingéniosité pour résoudre les petites énigmes de level design qui sont semées sur votre passage.
Côté combat, on est sur du tour par tour classique, à l’exception que chaque coup porté fait appel à votre sens du timing pour infliger des dégâts supplémentaires… ou pour infliger des dégâts tout court. Appuyer sur un bouton au bon moment, diriger un viseur dans une cible, marteler une touche… Également, comme pour se jouer du 4ème mur, les combats ont lieu sur les planches d’une scène de théâtre. Vous avez donc un public qu’il vous faut séduire en donnant du style à vos combats. Plus vos coups portés sont spectaculaires, plus la réaction enthousiaste du public remplit une jauge qui vous permet d’accomplir une panoplie de coups spéciaux puissants, débloqués tout au long du jeu.
Chaque combat remporté vous fait gagner un certain nombre de points d’expérience. Et tous les 100 points, vous gagnez un niveau. Enfin : Mario gagne un niveau. Les compagnons, quant à eux, ont un système avec seulement 2 évolutions qu’il faut débloquer auprès d’un marchand spécifique. Mario quant à lui doit systématiquement choisir entre : augmenter ses Points Cœur (points de vie), ses Points Étoile (points de magie), ses Points Badge. Il s’agit d’une évolution linéaire ultra simplifiée qui pourrait décontenancer les plus aguerris d’entre vous. Néanmoins : ça marche. Aucun problème d’équilibrage flagrant à déplorer dans le jeu.
Autre aspect simplifié dans le jeu : la gestion d’inventaire, complètement absente. Pour ajouter un peu de complexité, le titre s’amuse avec un concept de « badges » qui pourraient rappeler un peu les Matérias. Les badges sont des pouvoirs de combat, passifs ou actifs, que vous trouverez dans des coffres, des boutiques, ou des passages secrets. Chaque badge porte un nombre de « Points Badges » (PB) qui augmente selon sa puissance et qu’il faut activer individuellement. Sachant que Mario est limité par son nombre de PB totaux, vous devez ainsi faire un choix parmi tous les badges en votre possession : préférez-vous augmenter vos points de vie ? Les dégâts de votre marteau ? Voulez-vous obtenir une chance de récupérer quelques Points Étoiles entre 2 tours de combat ? Un système qui ajoute un peu de stratégie et de complexité à l’ensemble, et c’est bienvenu.
On a aimé :
- Les super-pouvoirs liés au pliage de papier
- La palette de personnages que croise Mario
- Sortir du contexte classique Mario-Luigi-Peach-Bowser
On aime moins :
- L’éternelle rengaine des X étoiles à retrouver dans X mondes
- Un système global ultra-simplifié qui frustrera peut-être les plus aguerris
- Les combats un peu répétitifs
Sortez les pièces d’or si :
- Vous aimez le RPG au tour par tour et l’univers de Mario
- Vous aimeriez découvrir le genre du RPG dans un titre sans prise de tête
Rangez le porte-monnaie si :
- La répétitivité des combats au tour par tour vous lasse
- Vous en avez marre des jeux old school qui prennent leur temps
Vos papiers !
Paper Mario : La Porte Millénaire est un chouette petit JRPG sans prise de tête. Pour les plus coriaces, il cache quelques subtilités qui apportent une couche de stratégie et qui donnent un peu de fil à retordre (avec un donjon de 100 niveau à battre d'une traite par exemple). C'est une excellente entrée en matière pour les plus jeunes d'entre nous qui voudraient s'initier au genre, et un entremets pour tout gamer plus aguerri qui souhaite une petite respiration agréable. N'en attendez rien de plus, au risque d'être déçu.e !