Mouvementé, c’est l’adjectif qui qualifierait le mieux le développement de Nioh. A l’instar de The Last Guardian ou de Final Fantasy XV, le titre de Koei Tecmo était l’une des arlésiennes les plus connues du jeu vidéo. Et comme les deux jeux précités, le titre est enfin sorti. Souvent qualifié de simple Souls-like, il apparaît pourtant que Nioh puise dans moult références et s’avère plus complet qu’il n’y paraît. C’est ce que je vais vous démontrer dans les lignes qui suivent.
Nioh qui ?
Le jeu place son action au XVIIème siècle à travers William, un Anglais aux cheveux blonds qui vous rappellera sans aucun doute un certain Geralt de Rive. Emprisonné dans la Tour de Londres, celui-ci se fait voler son esprit gardien par Edward Kelley, l’antagoniste principal de l’histoire. La quête de William pour sauver son gardien le mènera tout droit au Japon en pleine guerre des clans et invasion de Yokai, des esprits pas toujours bienfaisants. Et comme vous vous en doutez forcément, notre héros n’aura d’autres choix que de participer à la BASTOOOOOON.
A première vue, Nioh a tout l’air du Muso. Après tout, nous sommes face à un jeu Koei Tecmo. Chaque mission apparaît sur la carte de la région et correspond bien souvent à une demande de chef de clan de la débarrasser de l’influence ennemi. La différence, c’est qu’en lieu et place de gros bourrinage face à des centaines de mecs à envoyer dans l’au delà, Nioh se la joue bien plus subtile.
C’est quand même un Souls-like
Parce que oui, on ne va pas se mentir, l’influence des jeux From Software se fait plus que ressentir, autant dans le gameplay que dans les moindres mécaniques du jeu. Chaque ennemi doit être analysé, les patterns compris, pour pouvoir s’en défaire. Et pour cela, la palette de mouvement est très simple mais demande une précision d’orfèvre. Vous avez une attaque forte, une attaque faible, une touche d’esquive et, si le cœur vous en dit, la possibilité d’utiliser la magie par le biais de talismans.
Chaque attaque piochant un petit peu dans votre jauge d’endurance et votre vie pouvant finir à zéro en un sale coup pris dans la tronche, marteler l’attaque comme un dératé n’est évidemment pas la solution. Comme Dark Souls me direz-vous. Oui, mais en différent. Parce que tout est bien plus vif, que ce soit vos attaques et celles des adversaires. En somme, on se retrouve bien plus devant la vivacité d’un Bloodborne (ce qui n’est pas pour me déplaire), puisqu’il faudra jouer de la roulade pour esquiver le moindre coup. Petite subtilité pas piquée des hannetons, vous pouvez voir la barre d’endurance de vos ennemis et ainsi en profiter pour placer un coup dévastateur au bon moment. Jouissif.
Mais aussi bien plus qu’un Souls-like
La base From Software est là, mais la Team Ninja ne s’est pas arrêtée en si bon chemin et y a apporté quelques subtilités qui font basculer un gameplay frôlant l’excellence vers celui de la quasi-perfection. Je vous l’ai dit, chaque attaque puise dans votre endurance, appelée ici Ki. Cependant, il vous est possible de la recharger brièvement après un enchaînement d’attaque en appuyant sur R1 au bon moment. C’est un coup à prendre mais qui s’avère salvateur contre des ennemis bien corsés.
Aussi, il vous sera possible de dépenser des points pour débloquer différents combo ou contre-attaques selon votre manière de jouer. Et puisqu’on vous donne véritablement plusieurs options pour jouer, vous pouvez aussi choisir trois différents types d’attaques par arme : haute, milieu et basse, à utiliser selon les ennemis ou le dynamisme de votre choix. En résulte un gameplay extrêmement riche et flexible qui ne se cantonne donc pas à attaque-roulade.
A la manière d’un Souls (oui, encore), le jeu vous fait gagner des XP à chaque ennemi vaincu. A la manière d’un Souls (oui, toujours), vous perdez tout à chaque mort. Et à la manière d’un Souls (…), ces XP vous permettront d’améliorer plusieurs points de compétences, que ce soit votre vie, votre endurance, votre force, votre dextérité, votre magie ou votre lien avec votre esprit. En effet, pour ce dernier point, dès qu’une jauge sera remplie au maximum, vous pouvez libérer l’esprit que vous avez assigné pour lancer une énorme attaque ou vous octroyer quelques bonus de défense. On vous laisse découvrir tout ça puisque les combinaisons sont multiples selon votre style de combat (Samouraï, Ninja…) et les armes que vous utilisez. Un gameplay riche ainsi qu’un potentiel de rejouabilité infini qu’on vous dit.
Parce qu’il y a un peu de Diablo aussi
Pour en rajouter une couche, Nioh n’est pas avare en loot (pas comme Dark Souls, donc). Vous ne ferez pas 10 mètres sans trouver une nouvelle (ou non) arme ou des objets. De caractéristiques et de rareté différentes, ce sera à vous de choisir celle qui vous conviendra le mieux en terme de jouabilité, de dégât ou de bonus. Croyez moi, vous aurez le choix. Peut-être même un peu trop, puisqu’on se retrouve avec un inventaire très fourni et par conséquent à changer de brise mâchoire toutes les deux minutes pour quelques points de dommage supplémentaires.
Vous looterez aussi des ressources nécessaires pour améliorer vos armes chez le forgeron contre quelques pièces que vous aurez trouvé sur les cadavres. Un choix pas forcément judicieux vu la propension du jeu à vous en filer une bien meilleure 5 minutes après. On fait le même constat devant la possibilité de fusionner deux armes.
Mais ça reste un jeu Koei Tecmo
Parce qu’il ne faut pas non plus renier ses origines, Nioh respire l’esprit de l’éditeur par tous les pores tout en arrivant à se forger une identité solide. Et si l’histoire ne bouleversera pas la face du monde, on prend néanmoins du plaisir à la suivre. La raison à cela, un habile mélange entre folklore japonais et dark fantasy qui donne naissance à une direction artistique plutôt léchée, sauvant une technique parfois quelque peu dans les choux.
Et surtout une direction artistique variée qui fait qu’on ne s’ennuie jamais dans Nioh, en constant renouvellement malgré sa longue durée de vie. Comptez une trentaine d’heures pour terminer la trame principale et les missions secondaires. Le bestiaire ne se cantonne pas à des monstres rébarbatifs, mais sait alterner entre humains, esprits, morts-vivants, sans non plus jouer la facile carte de la variante. Il en va de même des niveaux parcourus. De la plage, au village en feu, en passant par un temple labyrinthique et des grottes empoisonnées, il y a de quoi voir. Nioh a vraiment été travaillé et bien pensé.
Ouais mais du coup, c’est dur ou pas ?
Je déteste cette question. Et je déteste bien plus les réponses typiques des joueurs de Souls. Oui, c’est dur. Et oui, c’est exigeant. Et c’est en cela que c’est difficile. L’intransigeance du gameplay le rend difficile. Mais cette difficulté se dépasse par l’apprentissage, par l’échec et se retrouvera bien entendu plus ou moins sentie selon votre proximité avec ce genre de jeu. Dans le cas de Nioh, la vitesse des attaques et des déplacements le rend, à mon goût, moins permissif qu’un Souls. L’erreur se paye cash. On est bien plus tenté, dans le feu de l’action, de lâcher une attaque de trop. Après tout, elle sort rapidement. Erreur, celle de l’ennemi aussi.
Et que dire des boss dont l’équilibrage est quelque fois un peu pété. Je me souviens en avoir plus bavé sur le deuxième, que sur les trois suivants. La marge de manoeuvre est parfois très très serrée, notamment par le fait qu’ils disposent de bien plus d’attaques que dans un Souls. Attaques qui peuvent vous one-shot sans prévenir, ce qui, en somme, rend le jeu parfois injuste.
En bref
En puisant son essence dans des références aussi distinguées que Dark Souls, Diablo ou Dynasty Warriors, Nioh partait déjà avec des sérieux atouts. Mais c’était sans compter la Team Ninja qui l’a fait basculer vers l’excellence, par des apports dans le gameplay bien sentis, un univers en constant renouvellement et un contenu gargantuesque. Reste quelques problèmes d’équilibrages sur quelques boss qui mettront vos nerfs à rude épreuve, mais la perfection n’est pas loin.
On a aimé :
- Bien plus qu’un Souls-like
- Le gameplay riche
- Le contenu gargantuesque…
- Le bestiaire bien renouvelé
- La bonne durée de vie
- La direction artistique soignée
On a moins aimé :
- L’histoire pas fofolle
- L’équilibrage parfois foiré
- … mais peut être un peu trop gargantuesque
Craquez vos PO si :
- Vous un fan des Souls
- Le challenge ne vous fait pas peur
- Vous voulez jouer à l’un des meilleurs jeux de l’année
Quittez la partie si :
- Vous n’êtes pas du tout patient
Quasi-perfection
Il y a évidemment du Dark Souls dans Nioh. Mais aussi du Diablo et du Dynasty Warriors. Mais il y a surtout beaucoup de Nioh. Et Nioh c'est un gameplay parfait, un énorme contenu et beaucoup d'intelligence dans la direction artistique.