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[Test] Neva

Key Art du jeu Neva (Nomada Studio)

Huit ans après l’envoutant Gris, Nomada Studio revient aux affaires avec Neva. La filiation entre les deux jeux saute aux yeux, mais ce digne successeur se veut légèrement plus joueur. Attention à ne pas vous jeter dans la gueule du loup sans savoir de quoi il en retourne.

Connu comme le loup blanc

Dès l’écran titre, Neva nous plonge dans son ambiance. Une nature omniprésente, un appel à la contemplation et la recherche d’une certaine sérénité. Pourtant, il ne faudra pas longtemps avant que la séance de Yoga ne se transforme en cauchemar écologiste. Dans Neva, la nature se meurt. La végétation pourrit à vue d’œil. Les oiseaux tombent inanimés. Cela ne surprendra donc pas grand monde d’apprendre que c’est en pleine pandémie mondiale de COVID-19 que les idées ont commencé à germer dans l’équipe.

Et malgré l’ambiance anxiogène qui s’est emparée du monde en 2019, on ne change pas une équipe qui gagne ! Gris était aussi et surtout le jeu qui donnait vie aux œuvres de Conrad Roset, le directeur créatif du studio, accompagné par le groupe Berlinist à la musique. Ce n’est donc pas une surprise de retrouver ces noms aux crédits de Neva, ainsi que bien d’autres.

Le début de Neva (Nomada Studio)

N’imaginez cependant pas que Neva est « Gris 2 ». C’était d’ailleurs une de mes craintes lorsque les premières images du jeu ont été dévoilées. Si on ne se sent clairement pas dépaysé, les jeux ne cherchent pas du tout à explorer les mêmes thématiques. Gris présentait une héroïne en pleine reconstruction après la perte d’un ou d’une proche. Neva explore le thème de la parentalité et l’évolution des liens qui se tissent entre deux êtres qui n’en sont pas à la même étape de leur vie. Ce thème est abordé de façon plus subtile que dans Gris, il nous est moins jeté à la figure. Certaines facettes de ce sujet restent d’ailleurs inexplorées, mais on apprécie que Nomada Studio ait préféré livrer une aventure condensée sur quatre à huit heures, sans jamais sacrifier le rythme.

Il y a un loup !

Oubliez l’héroïne aphone et fragilisée de Gris. Cette fois vous camperez le rôle d’Alba, une guerrière qui évolue dans un monde où toute forme de vie semble se réduire comme peau de chagrin. Épée en main, vous serez constamment accompagnée par une jeune louve.

Un combat dans Neva (Nomada Studio)

Neva est un jeu plus exigeant que Gris. Très tôt, on enchaîne les double-sauts, on esquive et on tranche des adversaires à grands coups d’épée. On est très loin d’un Dark Souls, mais le jeu demandera plus de dextérité que Gris. Même si on ne réapparaît jamais loin de là où on est mort. Même si le jeu répond au doigt et à l’œil. En ça, Neva est aussi un peu moins universel que Gris. Un néophyte va rencontrer des difficultés et un profane risque de paniquer devant certains enchaînements. Si on doit chercher des références côté jeux vidéo, The Last Guardian nous viendrait immédiatement en tête.

Le jeu a la très bonne idée de proposer un mode Histoire, accessible à tout moment dans le menu du jeu. Il facilitera grandement les combats, mais aura un impact moins important sur les phases de plateformes. Pour ne pas trop en décourager, les séquences de sauts et de grimpettes les plus exigeantes sont optionnelles et servent à collecter des fleurs cachées. Dommage que le jeu ne prenne jamais le temps d’expliquer qu’il s’agit d’objectifs facultatifs.

L'automne dans Neva (Nomada Studio)

Puisque l’on parle de plateforme, Neva tombe parfois dans le même piège que d’autres jeux du genre aux visuels incroyables : il lui arrive de ne pas être facilement lisible. Parfois à cause d’une caméra un peu lointaine. Parfois parce qu’on imagine qu’un élément est en arrière-plan alors qu’il est simplement grisé par de la brume. Parfois parce qu’on distingue mal une surface blanche sur un fond gris très clair. Parfois aussi parce que le jeu assume totalement ses choix artistiques qui ressortiront bien mieux sur des écrans très contrastés. J’ai fait le jeu deux fois : une première fois sur l’écran de ma Switch OLED, une seconde fois sur ma télé LCD. Malgré l’expérience de la première partie, j’ai parfois eu des difficultés à me repérer dans ma deuxième sauvegarde.

Quand on parle du loup…

Heureusement, ce ne sont pas ces quelques considérations que l’on retiendra de Neva une fois l’aventure terminée. Sublime à chaque instant, on a l’impression de voyager au travers des carnets de dessin de Conrad Roset. Le talentueux directeur créatif est parvenu à la fois à conserver sa patte unique tout en se renouvelant constamment. On retrouve ses obsessions pour les silhouettes féminines, pour les immenses dégradés de couleur en arrière-plan et pour les formes géométriques aux arêtes acérées. Mais on adore découvrir sa vision des formes beaucoup plus organiques de la nature. Une nature qui évoluera aux travers des différents chapitres du jeu. Et s’il est rapidement acquis que chaque chapitre correspond à une saison, Neva ne tombe jamais dans la facilité.

La direction artistique incroyable de Neva (Nomada Studio)

Vous en dire plus serait assurément vous gâcher une part importante du plaisir proposé par Neva. J’aimerai vous partager les dizaines de captures d’écran que j’ai réalisées tout au long de ma partie. Et j’ai déjà remplacé le fond d’écran de mon téléphone par l’une d’entre elles. Alors autorisez-vous le luxe que j’ai eu : découvrir Neva sans trop en avoir vu. Profitez d’un moment calme pour vivre cette aventure douce et touchante, avant que d’incroyables gif du jeu n’envahissent vos réseaux sociaux.

Avant de conclure ce test, je souhaite évoquer une difficulté que j’ai rencontré lors de l’écriture de cet article : utiliser le nom Neva pour parler du jeu. Pendant mes quelques heures de jeu, j’ai appelé Neva, le loup, des centaines de fois. Une touche est dédiée à cette action et il existe 400 façons différentes d’interpeller votre compagnon de route. Durant ces quelques heures, je me suis inquiété pour Neva. J’ai poussé des petits « oooooh » en voyant les réactions de Neva. Rapidement, mon esprit a associé le nom de Neva à cette adorable créature blanche, bien plus qu’au nom du jeu que j’ai attendu pendant un an. À mes yeux, ce constat est la plus belle preuve que ce jeu est une réussite.

On a aimé :

  • Les claques visuelles à chaque instant
  • Alba répond au doigts à l’œil
  • Les animations de Neva

On a moins aimé :

  • Des plateformes pas toujours très visibles
  • Moins universel que Gris malgré son mode histoire

À ne pas louper si :

  • Vous avez aimé Gris
  • Vous aimez les chiens

Passez votre tour si :

  • Vous avez un écran mal calibré
  • Vous venez de perdre un chien blanc

Neva

Développé par Nomada Studios – Édité par Devolver Digital

Sortie le 15 octobre 2024 sur Switch, PC, PlayStation 5, Xbox Series X|S

À partir de 19,99€

Test réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur

Neva gonna give you up

J’ai adoré ces quelques heures passées sur Neva. Ce jeu est d’une élégance rare : visuellement incroyable, touchant par moment, réussi sur le plan musical sans jamais trop en faire et toujours soigné dans ses animations. Ce que le jeu gagne en dynamisme et en classe par rapport à Gris, il le perd hélas parfois en lisibilité et en accessibilité. Un choix totalement assumé par Nomada Studio qui est définitivement là pour nous faire vivre des aventures uniques. Et s’il faut attendre huit ans de plus avant leur troisième jeu, j'attendrai sans broncher.

9
Note:
9

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