Mistover est, au premier coup d’œil, un copier / coller de Darkest Dungeon à la sauce JRPG. Développé par Krafton Inc., ce nom ne vous dira peut-être rien, et pourtant ! Il s’agit en réalité de Bluehole Studio, l’entreprise sud-coréenne bien connue pour avoir développé TERA et PlayerUnknown’s Battlegrounds… Un studio discret mais pour qui les rouleaux-compresseurs vidéoludiques n’ont pas de secret… Il se lance cette fois-ci dans un genre un peu différent, un RPG tactique ardu à base de permadeath qui n’hésite pas à aller piocher dans les formules qui marchent.
Darkest Kawaii Dungeon
Ne vous fiez pas à son look SD mignon : Mistover vous propose un univers triste et décadent, presque lovecraftien. Rien qui ne vous changera beaucoup de Darkest Dungeon si vous y avez joué (le nom reviendra donc à plusieurs reprises dans ce test !). En effet, hormis pour son côté japanisant, dans son design graphique et ludique Mistover s’inspire énormément du titre à succès de Red Hook Studios. On parle ici d’un graphisme crayonné très « comics » qui donne à ces jeux une très jolie patte toute particulière, mais aussi très sombre et crasseuse…
Le scénario n’est pas éblouissant d’originalité : un jour, votre merveilleux monde med-fan’ se voit assailli par un vortex qui dégueule d’affreuses créatures. La populace s’est donc organisée en troupes de mercenaires pour aller explorer les différents plans du vortex et la brume étrange qui l’entoure : le Mist. Une exposition prolongée au Mist peut rendre fou, il vous faudra donc veiller à laisser vos héros se reposer entre deux phases d’exploration pour leur éviter toute démence (coucou Darkest Dungeon). Heureusement, pour vous orienter dans l’obscurité du Mist, vous pourrez compter sur les Light Flowers (fleurs de lumière), une fleur locale qui se nourrit… de sang.
Ne m’en veuillez pas si j’emploie tous ces mots en anglais. Il faut en effet le savoir : Mistover n’est pas localisé en français. Tous ses textes (et ils sont nombreux) sont en anglais. Quant aux voix, elles sont restées en Coréen. Un effort de doublage vocal que l’on peut saluer pour ce type de jeux, mais qui peut s’avérer frustrant pour nous, petits Français.
Misto, Boulot, Dodo
Tout comme Darkest Dungeon (décidément), les phases de jeu dans Mistover se découpent en journées. Et chaque journée va vous servir, principalement, à préparer vos expéditions dans le Mist. Attention toutefois, à la manière d’une Doomsday Clock, chaque jour qui passe vous rapproche d’une fin du monde prédite par un sombre prophète. Le tout est matérialisé sous la forme d’une horloge géante dont les aiguilles se déplacent toujours un peu plus vers minuit. Selon que vos actions soient efficaces ou non, les aiguilles se rapprochent plus ou moins vite. Et dès le début du jeu le ton est donné : une fois les 2 aiguilles sur minuit, des hordes de monstres se déverseront sur le monde et ce sera le Game Over. Vous êtes prévenus, il va falloir vous préparer !
Pour organiser vos premières expéditions, il va d’abord falloir recruter un groupe de 5 mercenaires. Chacun d’entre eux a sa classe (8 au total, dont Ronin, Prêtresse, Paladin, Sorcière, Loup-garou…), ses capacités (soin, attaque, défense, etc.) et son inventaire. À la façon d’un RPG, il va vous falloir constituer l’équipe idéale pour affronter les donjons à venir.
Une fois votre équipe constituée et les quelques quêtes glanées dans votre village, vous allez pouvoir faire votre premier donjon dans le Mist !
Mais d’abord, pensez à bien vous remplir vos sacs : vous aurez besoin de nourriture pour rassasier vos compagnons, d’objets de soin pour parer à toute éventualité, et de fleurs de lumière. En effet, un fois dans le donjon vous serez entourés d’obscurité. Vous aurez alors une jauge de faim et de lumière dont il va falloir s’assurer qu’elles ne tombent pas trop bas.
À la différence de Darkest Dungeon (aaah, enfin !) le donjon est vu du dessus en 2D isométrique. Vous allez déplacer votre personnage comme dans un labyrinthe avec pour objectif de répondre aux demandes proposées par vos quêtes (parcourir 80% du donjon, ramasser un objet, etc.).
Une fois votre jauge de faim à 0 : vos combattants perdent des points de vie à chaque déplacement.
Une fois votre jauge de lumière à 0 : votre visibilité est très limitée et les monstres sont plus agressifs.
Puisque vous voyez les monstres approcher : vous pourrez tout à fait éviter les combats. Le jeu n’est pas votre ami : tous les bâtons possibles seront mis dans vos roues pour vous rendre le jeu difficile. Combattre n’est donc pas toujours le meilleur choix. La mort étant définitive, il va en effet vous falloir prendre le plus grand soin de votre équipe si vous ne voulez pas perdre le combattant sur lequel vous avez misé tout votre or depuis le début !
Mais heureusement, parcourir les donjons du Mist c’est aussi trouver des objets et de l’XP qui vont rendre vos compagnons plus puissants.
Côté combat, on est sur du tour par tour classique.
Vous allez devoir jouer avec les classes et la formation sur le terrain de votre équipe, mais aussi sur l’interaction entre vos personnages ! En effet, certaines classes, selon la façon dont elles sont positionnées sur la grille de combat, peuvent déclencher des pouvoirs coopératifs surpuissants.
Mais Mistover n’est pas un jeu où l’on va chercher à grinder : avant toute chose, il est important de survivre. Il sera donc parfois préférable de fuir un combat ou de quitter un donjon plutôt que de perdre bêtement l’un des piliers de votre team…
Les maux de la fin
Les fans de Darkest Dungeon retrouveront leurs marques dans Mistover. Les grands principes et règles de jeu y sont reprises, avec quelques subtilités en plus ou, au contraire, quelques aspects en moins (on ne doit par exemple plus s’occuper de la gestion du village, « soigner » ses combattants entre 2 raids, etc.) ce qui le rend plus « simple » à aborder.
L’équilibrage n’est pas parfait – certains passages un peu trop faciles s’enchaînant avec d’autres subitement plus compliqués… Cela n’en fait pas pour autant un jeu frustrant si l’on s’attache à faire attention aux difficultés volontairement mises sur notre route. Malheureusement, en plus de ne pas être très original, Mistover tombe dans le travers de la répétitivité malgré quelques bonnes idées. C’est ce qui n’en fait pas un grand jeu mais qui lui permet tout de même rester un amuse-bouche très agréable dont on pourra saluer le travail de l’écriture. On soulignera que ses sessions de jeu se marient bien avec la Switch puisqu’elle permet, grâce à son support mobile, d’enchaîner les petites sessions de jeu courtes auxquelles se prêtent parfaitement chaque épopée en donjon.
Son emballage soigné en fait donc un passe-temps tout à fait acceptable dont les amateurs du genre pourront se satisfaire d’ici au lancement de… Darkest Dungeon 2 !
On a aimé :
- L’attention apportée à l’écriture malgré un scénario bateau
- Les graphismes dark-kawaii
- Une difficulté pas trop mal dosée
On a moins aimé :
- Une difficulté parfois mal dosée
- L’absence de traduction française malgré beaucoup, beaucoup de textes
- Certaines mécaniques de jeu pas évidentes à comprendre du premier coup
Craquez vos PO si :
- Vous aviez aimé Darkest Dungeon
- Vous appréciez les univers japonisants
- Vous aimez bien les jeux hardcore qui proposent un défi à surmonter
Quittez la partie si :
- Vous êtes allergique aux JRPG tactiques
- Le perma-death vous effraie
- Vous cherchez une aventure pleine de soleil, d’optimisme et de couleurs gaies
En attendant Darkest Dungeon 2
Mistover est un petit jeu qui plaira forcément beaucoup aux amoureux de "Darkest-Dungeon-Like". A priori plus réussi que le récent Warsaw (auquel je n'ai pas joué), Mistover propose une formule qui ne révolutionne pas le genre et qui pompe allègrement dans ce qui existe déjà, mais qui fonctionne plutôt bien. De quoi satisfaire votre impatience d'ici à la sortie du prochain titre de Red Hook Studios.