Sur Twitter, Dillon Rogers a deux grandes passions : échanger des memes obscurs avec ses collègues du collectif New Blood Interactive et partager des extraits de son jeu Gloomwood, qu’il développe en compagnie de David Szymanski, le créateur de Dusk. La sortie d’une démo gratuite à l’occasion du PC Gaming Show, le 14 juin dernier, confirme une chose : Gloomwood n’a pas volé le subtil surnom que lui donne son créateur, à savoir «Thief avec des flingues».
Coupe Thief
Bienvenue, donc, dans une cité victorienne gardée par une milice d’hommes-épouvantails qui, bien qu’ils soient coiffés de drôles de chapeaux pointus, ne sont pas là pour rigoler mais pour tirer à la chevrotine sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à un intrus, et particulièrement vous, médecin fraîchement débarqué.
Ambiance sombre et crasseuse, architecture labyrinthique : Gloomwood coche toutes les cases de l’hommage à la série Thief, en passant par des clins d’œil subtils, comme le son des bruits de pas ou l’animation du personnage lorsqu’il transporte un corps sur son dos.
Dans Thief, ce bon vieux Garrett avait fâcheuse tendance à détrousser des bourgeois joufflus aux poches un peu trop lourdes. Si le pourquoi du comment de notre présence en ville demeure toujours inconnu, il s’agira toujours ici de se faufiler dans des ruelles pour s’infiltrer dans une demeure cossue – en l’occurrence un manoir scellé par deux sceaux qu’il faut retrouver – sans se faire repérer par les ennemis qui y grouillent.
Les emprunts au prédécesseur vont jusqu’à la présence de créatures sauvages et agressives rôdant dans les égouts, avec plus de réussite cependant : ils instillent ici de réels moments d’angoisse dignes d’un survival horror, là où les zombies de Thief n’étaient que des obstacles inintéressants sur le palpitant chemin de la rapine.
Comme dans le jeu de Looking Glass, il faut, pour rester discret, éviter la lumière en se fiant à un indicateur de luminosité, mais également faire le moins de bruit possible. En progressant à pas de loup bien sûr, mais également en choisissant soigneusement son itinéraire, puisque les sols foulés produisent, en fonction de la matière dont ils sont faits, différents sons plus ou moins audibles. De petites nouveautés, comme la possibilité d’écouter aux portes, viennent également enrichir la formule.
Immerthief-sim
En bon admirateur d’immersive-sims de la première heure, Dillon Rogers fait la chasse aux interfaces inutiles et intègre au sein du jeu, de façon diégétique, toute les informations dont le joueur a besoin. Il faut ainsi s’immobiliser et farfouiller dans sa besace pour consulter sa santé ou utiliser des objets ; les munitions, quant à elles, sont indiquées directement dans les barillets, que l’on peut ouvrir à volonté.
Chez New Blood, qui produit notamment les fort violents Ultrakill, Dusk et Maximum Action, il semble que l’on aime beaucoup les grosses pétoires. On ne s’encombrera donc pas, dans la démo de Gloomwood, des gadgets qui firent la popularité de Thief, comme les flèches à eau permettant d’éteindre les torches ; même si le jeu final proposera notamment d’utiliser des pièges et un harpon lanceur des cordes qui, à l’instar de l’arc à grappin de Thief ou d’Arx Fatalis, augure des niveaux plus verticaux que celui de la démo.
Outre une très classieuse canne-épée permettant d’assassiner les ennemis pour peu qu’on se soit faufilé dans leur dos, il faut compter sur l’artillerie lourde lorsque les choses tournent mal, à savoir un revolver et un fusil. Cependant, dans un jeu où marcher sur une plaque d’égout en métal produit déjà plus de décibels qu’un F-22 dépassant le mur du son, il semble inutile de préciser qu’un coup de feu revient à crier « Qu’ils viennent me chercher » à tous les vilains alentour.
Du haut de sa courte heure de jeu, Gloomwood a pour lui ce que le médiocre remake de Thief, en 2014, avait si peu : un espace ouvert permettant de planifier son parcours en contournant les patrouilles, en suivant des couloirs parallèles et en rampant dans ces bons vieux conduits d’aération. Difficile, avec un seul niveau à explorer, de savoir si le jeu saura tenir ses promesses sur la longueur ; pour l’heure, il se présente comme un jeu d’infiltration à l’ambiance soignée, digne des influences qu’il revendique.
On a aimé :
- L’ambiance sombre et poisseuse.
- Le gameplay de Thief, mis au goût du jour et enrichi.
On a moins aimé :
- C’est très court, mais bon, eh, c’est une démo.
Craquez vos PO si :
- Vous avez aimé les premiers Thief.
- En fait, craquez vos PO même si vous n’avez pas de PO, puisque de toute manière c’est gratuit.
Quittez la partie si :
- Les immersive-sims vous ennuient.