Un an après avoir servi de très beau chant du cygne pour la PS4, Ghost of Tsushima – le jeu du studio Sucker Punch dont vous pouvez retrouver la critique de notre bon Jash – revient dans une version augmentée baptisée Director’s Cut pour étoffer un peu le line-up maigrichon des exclusivités PS5 (et encore, on devrait dire exclusivité Playstation dans ce cas). Le titre a-t-il assez d’arguments pour nous faire revenir dans la saga de Jin Sakai ?
Tadaima !
La Director’s Cut de Ghost of Tsushima comprend évidemment le jeu de base, mais également les modes apparus en cours d’année (le New Game + et le mode Légendes, un mode de jeu coopératif en ligne sur lequel nous reviendrons) et, surtout, un nouvel arc se déroulant sur une toute nouvelle île : l’île d’Iki. On notera également que la version PS5 incorpore des améliorations techniques plus qu’appréciables avec un rendu 4K à 60 fps en jeu qui rend l’expérience plus belle que jamais et des temps de chargement quasiment inexistants, notamment sur les voyages rapides. Il y a également d’autres petites nouveautés mais on reviendra dessus plus tard. On a donc affaire à un DLC + un relifting technique très appréciable du titre qui ravissait déjà nos yeux l’année dernière.
Se promener Iki et là
Intéressons-nous d’abord à ce nouvel épisode dans l’histoire. Disponible à partir de la fin du 2e arc (mais vous pouvez le démarrer en partant de votre sauvegarde après avoir fini le jeu de base évidemment), il voit Jin Sakai enquêter sur une nouvelle menace d’invasion mongole suite au saccage d’un petit village de Tsushima. C’est sur une nouvelle île à proximité, l’île d’Iki, que son périple se jouera et qu’il devra mettre à mal les plans de l’Aigle – leader des forces mongoles sur place. A première vue, on pourrait se dire que ça ressemble beaucoup au reste du jeu. Et pourtant, deux éléments scénaristiques vont tout changer. D’abord, on apprend dès le début que le père de Jin avait mené une campagne sur l’île d’Iki, vue comme une campagne d’invasion par les locaux, et que c’est là qu’il est décédé. Ensuite, notre protagoniste va rapidement se retrouver infecté par un poison que l’Aigle va lui faire absorber et qui lui provoquera des sortes de bouffées délirantes le forçant à affronter ses démons intérieurs et son passé, notamment la mort de son père et son héritage. Le seigneur Sakai n’est donc plus vu comme un libérateur par le peuple mais comme un envahisseur, ce qui l’oblige à cacher son identité tout en affrontant l’arc le plus intime et introspectif de la saga. Un contraste bien utilisé qui fait de l’île d’Iki l’ajout narratif qui manquait cruellement à Ghost of Tsushima.
Globalement, l’île d’Iki donne le sentiment d’un prolongement dans l’esprit du jeu de base mais en plus raffiné. Visuellement, ça se voit avec des décors cohérents avec ceux que l’on connaissait déjà (les deux îles sont très proches géographiquement, le changement ne peut pas être radical) mais profitant d’une palette de couleurs plus étendue et des changements d’ambiance plus fréquents – on pense notamment à la transformation magnifique du ciel que l’on peut souvent observer. Narrativement, sans entrer dans le spoil, on a vu que l’arc principal était également plus travaillé là où le jeu de base donnait parfois l’impression d’un héros qui se laissait porter par les événements. Mais l’écriture des personnages et des quêtes secondaires est elle aussi plus travaillée (impossible d’en dire plus sans spoiler évidemment). Si bien que l’on se sent plus investi dans le jeu. Ce qui n’empêche évidemment pas qu’on prenne toujours autant de plaisir à vagabonder dans ce monde ouvert, à la recherche de points d’intérêt comme des temples ou des onsens, ou tout simplement d’endroits magnifiques qui donnent envie de faire 50 000 fonds d’écran (le mode photo est toujours aussi tentant, même plus avec les améliorations graphiques).
Un peu de modernité au milieu de cette tradition
Côté gameplay par contre, les ajouts sont mitigés. Certes, on ajoute une charge à cheval améliorable dans les compétences qui, contre un peu de détermination (pour rappel, il s’agit de « l’énergie » du jeu), permet d’éclater rapidement une concentration d’ennemis. Mais il faut reconnaître qu’on s’en sert finalement assez peu, à moins évidemment de jouer comme le dernier des bourrins (ce qui est évidemment une possibilité). Beaucoup plus réussi, le nouveau type d’ennemi a une mécanique intéressante : le chaman utilise des chants qui galvanisent vos ennemis. Ceux-ci se retrouvent avec une endurance exacerbée qui rend leurs attaques beaucoup plus fréquentes et augmente leurs défenses, rendant le plus basique des archers beaucoup plus dangereux. Pour en finir avec les nouveautés sur le combat, la Director’s Cut de Ghost of Tsushima ajoute également un lock (la possibilité de verrouiller un ennemi). Si la réalisation est assez réussie (ce lock s’accompagne d’un rapprochement de caméra rendant le duel plus cinématographique et le passage d’une cible à l’autre est simple et efficace), rien dans le jeu n’indique cette nouvelle mécanique et il est surprenant de tomber dessus par pur hasard. Toutefois, les habitudes de jeu étant prises depuis l’année dernière, j’ai assez peu usé de cette fonctionnalité (sans doute bienvenue pour les nouveaux joueurs). En combat, la seule nouveauté convaincante de gameplay est donc un unique nouveau type d’ennemi. Un peu léger.
Côté exploration, le titre tire partie des fonctionnalités de la DualSense avec intelligence. Les vibrations et les gâchettes haptiques sont bien utilisées, notamment lors des séquences de tir à l’arc et de grappin pour les secondes. Un grappin qui a lui aussi une nouvelle utilité pour interagir avec certains éléments afin de les déplacer, donnant une possibilité supplémentaire pour les phases de « puzzle » lors de l’exploration. Le gyroscope de la manette est quant à lui utilisé dans les nouveaux sanctuaires qui vous demanderont de réussir un mini-jeu musical (assez simple) afin de compléter le lieu. En récompense, vous pourrez caresser des cerfs et autres chats sauvages endémiques de l’île. Ne mentez pas, on sait que la caresse aux renards était l’un de vos passe-temps favoris dans la première version de Ghost of Tsushima ! Enfin, de nouveaux objets à collectionner font leur apparition dont des souvenirs de Jin avec son père. Quand je vous disais que cette île était portée sur le narratif.
Les bons contes font les bons amis
Et puisqu’on parle de récit, entrons dans les légendes. Ce mode de jeu suit les paroles d’un conteur au travers de 9 histoires (divisées en chapitres) et 4 raids. Mais ici, pas question de contrôler Jin Sakai. Vous devrez choisir d’incarner l’une des 4 classes disponibles au départ pour vous aventurer seul ou avec un autre joueur dans chacune des histoires (ou à 4 lors des raids). Si chaque classe a les mêmes attributs de base permettant de se battre, chacune a évidemment une spécialisation et on retrouvera les classiques soigneur, dps à distance, fufu et « tank ». Au fur et à mesure de votre avancée, vous pourrez évidemment améliorer les compétences de vos classes et personnaliser leur apparence.
Un peu déstabilisant au début – car votre personnage n’a pas autant de possibilités d’action que Jin Sakai – ce mode de jeu s’avère rapidement un ajout appréciable à Ghost of Tsushima, d’autant que les Histoires peuvent tout à fait être réalisées en solo. Dans ce cas, même pas besoin d’avoir le PS+. Attention, il faudra tout de même être connecté au PSN alors gare aux déconnexions intempestives pour ceux qui ont le problème avec leur PS5. Le mode survie m’a par contre beaucoup moins convaincu. Bien trop long, il est de plus quasiment impossible à réaliser en solo. Etrange pour un mode qui, d’ordinaire, sert à se tester soi-même face au jeu. Ce sera donc plutôt un groupe de joueurs qui sera testé ici.
Enfin, une remarque sur une bizarrerie qui pourrait intéresser les chasseurs de trophées : l’un des trophées de l’île d’Iki nécessite d’avoir été au bout des 9 histoires du mode Légendes. Rien de trop handicapant mais c’est assez étrange, surtout quand on sait que les nouveaux trophées sont séparés en 5 groupes distincts : histoire d’Iki, exploration d’Iki, New Game +, mode Légendes et mode Légendes « Rivals and Mastery ».
Faut-il prendre cette Director’s Cut ?
Maintenant, la question se pose : la version Director’s Cut de Ghost of Tsushima vaut-elle le coup ? Premier cas de figure : vous n’avez jamais joué au jeu de base. Dans ce cas, la réponse est évidente : c’est la meilleure version possible pour découvrir ce jeu dont on vous parle avec amour dans deux tests différents. Franchement, vous attendez quoi ? Si par contre vous avez déjà le jeu sur PS4, il est possible d’upgrader votre version pour éviter le rachat complet. Le DLC contenant l’île d’Iki coûte 20 euros et nous pensons que ce prix est largement justifié. En terme de temps de jeu, l’extension vous occupera pendant environ 4 ou 5 heures sur l’histoire principale et jusqu’à 10 heures si vous souhaitez tout explorer et faire toutes les quêtes annexes (je ne compte pas le temps passé sur le mode Légendes pour ce trophée particulier évoqué plus haut). C’est une durée de vie honorable pour un DLC et, comme on l’a dit, celui-ci apporte un éclairage intéressant au personnage principal.
Le passage PS4 vers PS5 coûte quant à lui 10 euros (enfin 9,99 si on veut chipoter). Bien sûr, vous pouvez jouer à votre version PS4 sur PS5 mais le gap technique sera bien moindre qu’en passant à la véritable version PS5. A noter que vous pouvez tout à fait récupérer votre sauvegarde PS4 (manuellement) pour l’utiliser sur la version PS5. L’occasion d’assister à un défilé de pop-ups de trophées quand vous la chargerez. Cette mise à jour vers la PS5 a également un dernier atout dans sa manche dont je n’ai pas encore parlé. Pour beaucoup de joueurs, il pourrait sembler anecdotique. Pourtant, étant donné l’esprit du jeu et ses influences, c’est une réparation de tort. En effet, la version PS5 ajoute la synchronisation labiale en japonais. Ca peut paraître stupide mais ce qui m’avait le plus frustré avec la première version de Ghost of Tsushima, c’est que la synchro labiale avait été faite exclusivement en anglais, ce qui rendait les cinématiques insupportables si on mettait l’audio en japonais et rendait donc l’audio anglais plus naturel. Un comble pour un jeu tellement inspiré du cinéma japonais qu’il proposait un mode Cinéma Samouraï rendant directement hommage à l’oeuvre de Kurosawa. Rien que pour ça, j’aurais fait l’upgrade.
TL;DR
Un an après avoir conquis nos coeurs de gamers nippophiles, Ghost of Tsushima revient dans une version Director’s Cut lui permettant de profiter d’une ribambelle d’améliorations techniques rendues possibles par le passage à la PS5. Le titre embarque de plus les DLC sortis au cours de l’année (New Game +, mode de jeu Légendes) ainsi qu’un tout nouvel arc inédit qui verra Jin Sakai explorer l’île d’Iki tout en faisant une introspection forcée aux notes oniriques. Un ajout narratif bienvenu qui augmente d’autant notre plaisir à retrouver Jin Sakai pour l’accompagner dans ses aventures.
On a aimé :
- Les améliorations techniques
- La direction artistique sublimée et augmentée
- L’ajout de contenu narratif
- Retrouver les sensations de GoT
- L’île d’Iki, tout simplement
- La synchronisation labiale en japonais
On a moins aimé :
- Reste des problèmes techniques (bugs de collisions)
- Certaines textures n’ont pas profité du lifting PS5
- Un seul nouvel ennemi standard, c’est peu.
Craquez vos PO si :
- Vous n’avez pas joué à la version PS4 (allez lire le test de Jash)
- Vous avez hâte de retrouver l’univers de Ghost of Tsushima
- Vous voulez approfondir l’histoire de Jin Sakai
Gardez vos PO si :
- Vous vouliez une refonte des combats
- le jeu de base n’était déjà pas pour vous (voir test de Jash également)
Director's Cult
Version ultime de Ghost of Tsushima que nous avions adoré l'année dernière, cette Director's Cut ajoute un arc complet à l'histoire, apportant de la profondeur au protagoniste Jin Sakai. L'occasion de revenir sur l'île de Tsushima et d'explorer la nouvelle île d'Iki, entre combats et contemplation. Le tout, évidemment, en profitant d'améliorations techniques si vous optez pour la version PS5. Le Japon féodal n'a jamais été aussi beau dans un jeu vidéo !