Il va falloir s’y habituer, après le succès mérité de son Livre de la Jungle et celui un peu moins mérité de Maléfique, Disney prévoit une pelletée de versions live de ses dessins animés. Cette année, c’est La Belle et la Bête qui s’y colle et qui nous fournit un joli cas d’école.
Vous ferai-je l’affront de vous rappeler le synopsis du film ? La question est légitime et en amène obligatoirement une autre. Avez-vous un intérêt particulier à voir un film dont vous connaissez déjà l’histoire, les moments forts ? Y a-t-il un intérêt artistique à refaçonner en prises de vue réelles ce que des animateurs avaient magnifiquement orchestrés il y a 26 ans, à tel point que l’oeuvre n’a pris aucune ride ? Ce à quoi les plus pessimistes répondront que l’intérêt est purement financier et… bien entendu qu’ils n’auraient pas tort. Mais puisqu’on quand même là pour parler un peu du film, parlons du film.
Histoire éternelle
La Belle et la Bête version 2017, réalisé par Bill Condon à qui l’on doit Twilight IV et V et Mr Holmes (décidément cet homme a un parcours des plus étranges), ne réinvente pas la poudre. C’est d’ailleurs assez étrange quand on voyait le Jungle Book de Favreau prendre ses aises, le meilleur du matériel d’origine, y ajouter des péripéties et en sortir une version augmentée. Ici c’est l’inverse, le film ne se détache jamais de son aîné, jusqu’à faire un calque des plans. Calquer un dessin animé conçu par calques, Ouroboros apprécie l’effort, nous un peu moins.
On retrouve ainsi une Belle, forte, maligne, courageuse, impeccablement interprétée par Emma Watson, une Bête interprétée par Dan Stevens qui essaye tant bien que mal de donner un peu de texture à un personnage en images de synthèse un peu foirées, Luke Evans magistralement détestable en Gaston et Josh Gad qui vivait pour jouer LeFou. Tout ce petit monde va vivre les mêmes aventures que dans le dessin animé, point par point, les passages chantés en prime. Oh, il y a bien ça et là quelques variantes, mais elles ne changent absolument pas la finalité de l’action. Notons tout de même une personnalité des personnages un chouilla plus explorée, ce qui a des incidences plus ou moins heureuses sur la vision que l’on pouvait avoir de certains d’entre eux (et non, je ne parle pas de l’homosexualité suggérée de LeFou).
C’est la fête ?
L’on pourrait se dire que de passer à une version live permettrait de s’affranchir des limites de l’animation, procurer plus d’émotions. Quitte à faire la même chose, autant le faire bien, voire mieux n’est-ce pas ? Hélas non, rien de tout cela. Oh bien sûr les personnages sont attachants, les chansons toujours aussi chouettes, mais il manque souvent quelque chose d’indispensable : la magie. Parce que La Belle et la Bête, ce sont à la fois des costumes magnifiques, des couleurs qui pétillent dans tous les sens, mais aussi parfois des décors en carton pâte, quand ils ne respirent pas le fond vert. Et ça mes amis, ça empêche toute magie de fonctionner. Je pense notamment aux domestiques qui ont un design assez perturbant, peut être un poil trop réaliste pour être pris au sérieux, voire carrément flippant pour Mme Samovar et Zip.
Au final, on se retrouve simplement avec Belle au pays des CGI, et l’on ne peut s’empêcher de le remarquer. Avec le poids des âges, La Belle et la Bête entrera au panthéon des films irregardables, à l’inverse du dessin animé. C’est d’autant plus navrant que cela gâche quelques scènes qui auraient dû être les plus marquantes, celle du dîner en tête, véritable bouillie visuelle. Rassurez-vous, celle de la danse est toujours aussi prenante.
En Bref
En ne s’écartant pas du matériel d’origine, cette nouvelle version de La Belle et la Bête n’en est pas vraiment une. Aucune surprise à l’horizon pour un film qui n’innove pas vraiment, malgré le talent des acteurs et la beauté des plans, pourtant parfois gâchés par une flopée d’effets spéciaux et de fonds verts pas vraiment au top. Reste une histoire qui fonctionne toujours autant avec des personnages attachants et quelques moments forts. La magie, quant à elle, s’est un petit peu fanée.
Copié/collé
Difficile de trouver un intérêt à un film qui refait plan pour plan ce qui a été fait 25 ans plus tôt. Une histoire éternelle, que l'on aime pourtant voir et revoir grâce à la galerie de personnages hauts en couleur et aux séquences fortes. Pourtant, la magie disparaît parfois aux profits d'effets spéciaux un peu crados.