Les Art Toys. Ces êtres étranges venus d’une autre planète. Leur destination: la Terre. Leur but: en faire leur univers. Nous les avons vus ! Tout a commencé par une nuit sombre, en feuilletant un magazine, ou au détour d’un site web, alors que nous étions en quête d’un énième gadget ou jeu-vidéo à nous procurer. Cela a commencé par un achat compulsif, celui d’un petit être bizarre, au sourire étrange et couleurs flashy… Cela a commencé par une invasion silencieuse de nos étagères et vitrines… Mais qui sont réellement ces Art Toys ?! Que nous veulent-ils ? ! Petite enquête (plastique) menée pour KMG…
Les Envahisseurs
Oui, vous les avez tous vus ! Au détour d’un magasin, d’un site de VPC pour geeks, d’un magazine, ou dans un expo, les toys sont partout !
Sous le mot “toys” se cachent de multiples incarnations de petits personnages faits de vinyl ou de plastique, ou bien encore de mini-peluches, issus de la culture pop des années 80/90s.
Inspirés par la fabrication en masse de nos jouets d’enfance en plastique (Lego, Playmobil, pour ne citer qu’eux) certains artistes issus du milieu graphique & street art, ont décidés, fin des années 90s, de détourner le jouet conventionnel, de production de masse certes, mais customisable, collectionnable, et à tirage limité. C’est ainsi que sont nés les art toys, que l’on appelle aussi designer toys et/ou vinyl toys.
Leur point commun est leur berceau: celui du graphisme, du street-art, de l’illustration bd et comics, du design web, bref du milieu créatif ! Ce même grand arbre dont descendent les geeks d’aujourd’hui, celui de la pop culture (“pop” étant le diminutif de “popular”, populaire donc), des figurines issues du milieu artistique certes, mais celui de grands enfants ! 🙂
Il était une fois en Chine…
Tout va commencer à Hong-Kong, à la fin des années 90, au moment où l’Angleterre rendra l’île à la Chine. De jeunes artistes issus du monde du design mais aussi de la street-culture, notamment Michael Lau, vont se mettre à créer des toys en vinyle, de façon totalement artisanale et détournée.
C’est ainsi que Lau, inspiré, entre autres, par le groupe HK de rappeurs LMF créera des figurines complètement décalées pour l’époque: les Gardeners, puis ses Lazymuthafucka & Lam Dog, ou bien encore ses Crazy Children.
Si les petits joujoux de Lau ne vous disent rien, vous connaissez surement les Qee de chez Toy2R ! La boîte née à HK elle aussi, est l’oeuvre de Raymond Choy. Ces petites bestioles ont été customisées pour de grandes marques telles que: Adidas, Mitsubishi, Xbox360, Nokia, Sony, ou encore Starbucks.
À Hong-Kong on ne fera pas les choses à moitié, puisque de nombreuses expositions et galeries promotionnent les artistes locaux ultra-créatifs, à bout de bras, jusqu’à les récomponser avec des Toy Awards (l’équivalent des oscars pour le cinéma !)
Pendant ce temps, au pays de God Toyzilla…
Le phénomène art toy connaît début 2001 un engouement dans les cercles pop asiatiques, et le Japon est rapidement contaminé. Nos amis nippons étant déjà très friands de gashapon, figurines et autres garage-kits, ils n’en restent pas moins addicts à toute nouveauté kawaii à customiser et/ou collectionner.
C’est le géant MediCom (déjà connu pour ses reproductions de Real Action Figure et/ou figurines Anime/Manga) qui lancera des séries que l’on s’arrache, les Kubrick, et les Be@rbrick. Succès immédiat de cette copie non-conforme de nos bons vieux Lego, qui vont très vite s’exporter et coloniser l’Occident (ils seront d’ailleurs rapidement détournés par différentes marques, à la façon des Qee)
Outre MediCom, des marques de vêtements comme A Bathing Ape, Bounty Hunter, et des artistes comme Mori Chack (et son Gloomy Bear), Touma, ou bien encore le collectif Devilrobots, s’inspirent de leur culture pour créer des persos acidulés, mais tout aussi décalés que leurs compatriotes HK.
The Wild Wild West
En 2004, la vague passe aux USA, et c’est Kidrobot qui lance les Dunny (créés par Paul Budnitz & Tristan Eaton) et autres “designer toys” à la conquête de l’Occident.
Les artistes majeurs de la scène US à l’époque vont de Frank Kozik, connu pour ses créations d’affiche de concerts, qui lance ses Mongers et Labbits, au graffeur new-yorkais Futura 2000, Dalek et ses Space Monkeys (ex collaborateur de Takashi Murakami)
La vague française
Les toys continuent leur route jusqu’en Europe: UK, Allemagne et France découvrent le phénomène et s’en empare. En France, tout décolle en 2003, c’est grâce à des artistes comme Rolito (chara-design de Patapon pour Sony PSP) et le collectif Semper Fi, dont fait aussi partie Run (illustrateur de la bd Mutafakaz chez Ankama Editions), que le mouvement prend de l’ampleur.
Une petite boîte de VPC voit le jour la même année, Artoyz. Dirigée par une équipe de passionnés, tous accros aux toys, elle décide de les distribuer, puis de supporter la scène occidentale, via des expos (chez Colette notamment), et finira par ouvrir une boutique parisienne, bien fournie.
Grâce à ce support, des artistes français comme Mist, Superdeux, Skwak ou Bunka créent des art toys qui font désormais le tour du monde, et sont reconnus par les fans les plus accros au vinyle, ABS et autre résines.
The Walking Toys
Non seulement l’art-toy est passé de détournement du jouet d’enfance en véritable défouloir créatif: il s’expose, se vend, se collectionne, se fait aduler et pratiquer aussi bien de façon homemade/DIY que de façon artistique & controversée (cf. Takashi Murakami et son expo-tapage à Versailles)
Son univers ne s’arrête pas au plastique: peluches, dérives geekesques (clés USB), la tonne de livres, magazines et sites qui lui sont réservés, témoigne qu’il a encore de beaux jours (et années) devant lui !!
Non, le toy n’est pas qu’un gadget pour hipster ! Non, le toy n’est pas qu’un support marketing ! Le toy c’est bien plus que juste un joli objet déco, vraiment.
Ça touche à quelque chose de plus fondamental (outre le porte-monnaie T^T) Car qu’il soit en édition ultra-limitée, limitée, en plastique, en résine, en bois, ou autre, un art toy dans son emballage, a la faculté de rendre joyeux un collectionneur assidu aussi bien qu’un occasionnel, de façon assez surprenante !
Alors, amis geeks, si vous n’êtes pas déjà accros: soyez vigilants !!!
Le virus se transmet très rapidement et n’a aucun remède à ce jour !!
(signé Alice, contaminée depuis 2003 ^^’)
(Quelques liens…)
Artoyz / Rolitoland / Kidrobot / Dunny Collection / Toy2r /
MediCom
/ Mori Chak / Takashi Murakami
***NDR: Pour finir, si le monde des toys vous intéresse, je vous invite à repasser sur KissMyGeek vendredi en début d’après-midi, pour une ITW exclusive d’un acteur majeur de la scène française !! 🙂 (mais d’ici là *schuuuutt !!*)***
Et en attendant, amis lecteurs de KMG, avez-vous succombé à l’invasion de ces envahisseurs ?
(Si oui, customisez-vous ?! Qui sont vos chouchous ?)
Ou bien, vous pensez-vous totalement immunisé contre ce syndrome art-toy ?!!
8 Comments
Eskarina
25 Mai 2011 10:34J’aime. Très, très bel article 🙂
Alice
25 Mai 2011 9:03^^’ *flattée*
Oujiz
25 Mai 2011 10:50Amen, un des meilleurs dossiers que j’ai pu voir sur KMG ! REALLY DOPE ! Les Artistes Bunka et Mist restent un peu mes préférés dans mon coeur <3
Alice
25 Mai 2011 9:05Merci Master-Geek Oujiz 🙂
Idem pour Bunka (:3 (Mist, je préfère ses graffs)
Rodrigo
25 Mai 2011 12:26Haaaaaan je neeeeeed les 2 Daft Punk :bave:
Alice
25 Mai 2011 9:07A defaut de pouvoir te les offrir, j’ai un joli communiqué de presse d’Artoyz dessus, avec des images à t’en faire pleurer ;P
Cactuz
25 Mai 2011 12:50J’aime bien les art toys et particulièrement ceux à peindre toi même, à la « do it yourself ». C’est plus intéressant, tu fais d’une forme commune un objet très personnel en lui ajoutant ses couleurs 🙂
Continuez vos articles dans le genre: c’est du bon.
Alice
25 Mai 2011 9:09Oui le DIY c’est bien ! vive le DIY, les toys et les crayolas ! (oups! pardon, je m’emporte!)
Et merci pour les encouragements 🙂