Bloodborne est à l’origine un jeu PS4 développé par FromSoftware, à qui l’on doit la série des Dark Souls, réputé pour son univers glauque et gothique ainsi que sa difficulté punitive. Grand fan du jeu, je me demandais comment les concepteurs, Michael Shinall et Eric M. Lang, étaient parvenus à retranscrire son atmosphère et ses mécaniques sur un jeu de plateau. Force est de constater que le résultat est plus que convaincant.

Un chasseur sachant chasser

Bloodborne : Le jeu de plateau est donc un jeu coopératif de deckbuilding jouable de 1 à 4 joueurs. Chacun d’entre eux choisit son chasseur, son arme de départ ainsi que son arme à feu. L’objectif est d’explorer la ville de Yharnam et de remplir les différents objectifs de mission donnés permettant d’acquérir de nouvelles armes, outils, runes et consommables, nécessaires à votre progression. L’exploration s’effectue de manière procédural, et la ville s’agrandit au fil de la campagne par l’ajout de différentes tuiles sur le plateau. Pour corser les choses, le jeu propose un système de minuterie. Si les joueurs ne parviennent pas à remplir les objectifs après un certain nombre de tous, la ville se retrouve infestée de monstres, et… vous perdez.

Pour éviter de servir de bouffe aux loups garou, il faudra construire un build cohérent via les cartes de votre deck. Celles-ci amélioreront les caractéristique de votre personnage et des armes. L’on trouvera des cartes de forces pour améliorer les dégâts, des cartes de vitalité pour se soigner, des cartes de compétences et des cartes pour améliorer l’endurance. La liste est longue et reprend toutes les caractéristiques de personnage retrouvables dans le jeu d’origine. Il sera impératif de construire un build adapté à votre arme et votre style de jeu pour maximiser vos chances de réussite. En effet, l’activation des attaques s’effectue avec des cartes et non avec un lancer de dé. A chaque tour, un monstre choisi au hasard attaque des joueurs, qui se battent en coop. Chacun d’entre eux joue une carte de sa main en même temps pour tenter de tuer le monstre. Votre arme sur le tableau de bord du chasseur a ainsi trois emplacements distincts qui correspondent à une certaine attaque. Afin d’utiliser l’une d’entre elles, vous devez remplir cet emplacement avec une carte de votre main. Choisissez bien, d’autant que les ennemis ne vous feront pas de cadeau, ayant parfois des effets d’embuscade ou d’immunité. Le côté punitif se retrouve donc ici, il suffira d’un sale coup d’un ennemi pour pourrir votre partie. A l’instar des chasseurs, chaque ennemi a trois types d’attaques ou capacités, et celle qui sera lancée est déterminée en piochant une carte du deck d’action ennemi. Alors, parfois, ça se passe bien et vous recevrez une attaque rapide qui vous piquera un peu l’arrière train. Et parfois, c’est la mort. Pour contrer cela, vous pourrez améliorer votre arme par le biais de carte d’upgrade échangeable contre des échos de sang récoltés au fil de votre carnage.

Fort heureusement, le jeu s’avère assez intuitif à jouer et la difficulté est progressive à travers quatre campagnes distinctes divisées en plusieurs chapitres. Comptez d’ailleurs une bonne heure pour chaque chapitre et une bonne demie journée pour boucler une campagne. J’espère que vous avez du temps devant vous. On appréciera le fait que la boîte de jeu propose une zone dédiée à la sauvegarde d’une campagne en cours.

Du sang et des larmes

Le jeu adapte ainsi merveilleusement bien l’univers bâti par FromSoftware. Il reprend même sa structure narrative en vous faisant arpenter Yharnam pendant que les monstres prolifèrent de plus en plus. Les événements progressent ainsi de manière dynamique, accentuant la difficulté à mesure de votre progression, en vous confrontant à des monstres de plus en plus terrifiants et dangereux, jusqu’aux inévitables combats de boss. Petit bémol à ce sujet, les boss du jeu de plateau ne correspondent qu’aux boss de départ du jeu original. Il faudra attendre des extensions pour se castagner avec Micolash par exemple.

Néanmoins, je remets quelque peu en doute la rejouabilité du jeu. Après quelques sessions, on comprend très vite quel build et quelle amélioration seront les plus efficaces en se familiarisant avec le système de jeu. Aussi, une fois les quatre campagnes terminées, tout le monde ne retrouvera pas le même plaisir à revisiter le même récit, et ce malgré quelques choix d’embranchements possibles. Ce qui est souvent le cas avec les jeux basés sur la narration. Enfin, le jeu est si fidèle à l’œuvre original en termes de richesse du lore que les non initiés pourront se retrouver confus vis à vis des tenants et aboutissants de l’univers. Sur ce point, le jeu est quand même majoritairement destiné aux fans.

Concernant le jeu en lui même, j’ai trouvé les figurines magnifiques et très détaillées. Je reste cependant moins convaincu par le matériel cartonné qui manque quelque peu d’attention. Les cartes utilisées pour les deck chasseurs et d’action ennemi me paraissent également un peu petites, notamment comparé aux autres éléments du jeu. C’est étrange, mais pas non plus rédhibitoire.