Séries : Top 3 des nouveautés de l’été

Comme tous les ans, l’été voit le nombre de séries en cours de diffusion diminuer. Ca tombe bien puisqu’on a moins de temps pour les regarder mais en même temps, on ressent parfois un manque (oui, je suis légèrement drogué aux séries). Heureusement, cela fait maintenant plusieurs années que des séries dont les objectifs d’audience sont moindres viennent squatter la programmation estivale des chaînes américaines. On a tous quelques séries en tête. Je suppose, par exemple, qu’au moins la moitié d’entre vous suit Hannibal. Quelques fans de genre prêts à se mettre le moindre monstre sous la dent pensent peut-être aussi à The Strain. Mais il y a également de nouveaux venus et puisqu’on est à peu près à la moitié de l’été, je vous propose mon top 3 des nouvelles séries américaines de l’été 2015. J’espère que ça vous donnera envie.

N° 3 : Zoo

Saviez-vous que l’Homme était méchant et que la Nature devrait se rebeller pour lui casser sa p’tite gueule de gamin pourri gâté ? Bien sûr que oui, vous avez vu des dizaines de films sur le sujet. Des bons (certains vieux Godzilla), des moins bons (Phénomènes) et des franchement mauvais (After Earth). Eh bien cette fois, le thème débarque dans une série CBS en se focalisant sur les animaux. En gros, les animaux évoluent, deviennent plus intelligents et acquièrent de nouvelles capacités qu’ils utilisent pour tuer les humains. Il vous faudra passer outre la présentation au début de chaque épisode qui ressemble à une prêche de vegan ultra relou pour vous rendre compte qu’on est en fait face à une série B sympathique. Le scénario ne vole pas très haut, la théorie du complot est de mise, les explications scientifiques n’ont – la plupart du temps – aucun sens mais on s’en fout parce que c’est bourré d’animaux. Donc c’est mignon. Mais en plus les animaux tuent des gens. Donc c’est fendard. Parce que oui, parfois les moyens qu’ils utilisent pour tuer sont (légèrement) originaux. Evidemment, il y a une intrigue autour d’un humain qui peut plus ou moins contrôler certains animaux parce qu’il faut bien un grand méchant et le héros est aux prises avec son histoire familiale sinon c’est pas complet dans le cliché. Est-ce que Zoo est la meilleure série de l’année ? Non. Est-ce qu’on passe du bon temps à la regarder ? La plupart du temps, oui. Je ne demande rien de plus à cette série.

N° 2 : Killjoys

Il y a eu deux nouvelles séries de SF cet été : Dark Matter et Killjoys. Pour la première, je n’ai pas réussi à aller plus loin que le deuxième épisode tellement le scénario était pourri, les personnages clichés et bancals à la fois et le jeu des acteurs du même niveau que La Petite Maison dans la prairie. Par contre, j’ai bien accroché à Killjoys, ce qui me remplit de joie parce que j’étais salement en manque de science-fiction. On y découvre Dutch et John (joué par Aaron Ashmore, le jumeau du mec qui squattait la scène de Microsoft pour Quantum Break), deux chasseurs de prime – que l’on surnomme des Killjoys dans cet univers – travaillant pour le RAC (Reclamation Apprehension Coalition) qui leur livre leurs contrats. Ce n’est pas vraiment du spoil que de dire qu’ils vont récupérer Davin, le frère de John, l’intégrer au duo (qui devient donc un trio, c’est bien, vous suivez) et tenter de résoudre le mystère autour des souvenirs qui le hantent. Chaque personnage est un archétype : Davin est le militaire bourrin au grand cœur mais qui tente de le cacher ; John est le débrouillard/scientifique qui sait toujours utiliser la technologie à son avantage et sait tout réparer ; Dutch est la femme fatale dans tous les sens du terme, entraînée depuis l’enfance à devenir une arme létale. C’est un peu la Gamora de l’équipe.

« Wowowo Gizmo ! T’es taré ou quoi ? Tu vas pas comparer une série SyFy aux Gardiens de la Galaxie ?!? » En fait, ce sont les producteurs de la série qui le font en vendant Killjoys comme un successeur de GotG. M’est avis que c’est une très très grosse erreur mais c’est leur choix. Je comprends d’où ça vient évidemment mais il eût été plus correct de la comparer à une version légère, fun et sans sauce western de Firefly (je ne vais pas utiliser le terme « steampunk » pour ne pas relancer la polémique). Ce qu’il faut retenir, c’est que Killjoys est bien rythmé, plutôt bien joué, rempli de blagues, assorti de juste assez de mystères (oui, au pluriel, je ne vous ai pas tout dit) et finalement très agréable à suivre. Seuls la musique vraiment bas de gamme et le mixage audio fait à la truelle (même pour des ricains, la différence sonore entre les dialogues et les effets sonores est atroce) nuisent à l’ensemble.

N° 1 : Mr Robot

And the winner is… *roulement de tambours* Mr Robot ! Alors là, le choix a vraiment été ULTRA facile. C’est bien simple, Mr Robot ne devrait pas rester une énième « série de l’été » à mon avis. Elle est bien construite, bien réalisée, les personnages sont travaillés, le suspense entretenu, l’univers cohérent, l’intrigue et les sous-intrigues captivantes, la réalisation efficace, l’acting convaincant (Rami Malek est particulièrement bluffant)… Je suis amoureux de cette série. Déjà, elle traite de hacking en se débarrassant de la majeure partie des clichés à la con habituels. Bon ok, Elliot – le héros – est tout de même un asocial. Mais il ne faut pas se baser là-dessus. D’abord parce que c’est un effet secondaire de son affection mentale qui, elle, est beaucoup plus intéressante. Ensuite parce que les autres personnages « geeks » sont traités comme n’importe quel être humain : ils ont des personnalités, des opinions, des contradictions, des interactions sociales, ils sont parfois gentils, parfois méchants, souvent entre les deux… Rien que pour ça, cette série mérite le respect. Mais c’est loin d’être tout ! Les passages « voix off » du personnage principal, entre monologues et discours direct au spectateur, apportent de vraies informations sur l’histoire et ne se contentent pas de décrire ce qu’on voit à l’image. Souvent, Elliot y explique de façon vulgarisée des notions de l’informatique actuelle. La plupart du temps, ce n’est même pas du bullshit (bien que ce soit simplifié évidemment) mais plus important encore, c’est expliqué de façon assez claire pour que quelqu’un qui ne s’est jamais intéressé au code, à la sécurité, au hacking etc ne soit pas perdu. Il y a une vraie démarche d’explication.

Là où Mr Robot est fort, c’est dans sa façon d’articuler ensemble plusieurs styles vus et revus sur pellicule pour en faire un objet intéressant en soi, hors de toute considération référentielle par exemple (même s’il y en a). Il y a de la théorie du complot avec des « ils » qui gèrent tout dans l’ombre. Il y a de la multinationale maléfique (pas très subtilement nommée E Corp qui devient donc vite Evil Corp). Il y a de l’espionnage industriel. Il y a de la manipulation et du chantage. Il y a du crime organisé. Il y a de l’ascension sociale érigée au rang de but ultime. Il y a une possibilité de schizophrénie, voire de syndrome de personnalités multiples (non ce n’est pas la même chose). Et pourtant tout ça ne donne pas une bouillie informe et indigeste mais une intrigue passionnante qui n’hésite pas à se mettre en pause pour laisser place à une sous-intrigue parce que, hey, avouons-le, la vie est comme ça : elle ne t’attend pas et si des merdes arrivent pendant que tu es en route vers le succès, tu devras t’arrêter, remonter tes manches et gérer tout ça.

Mais là, je ne vous ai pas encore parlé de l’histoire. Elle est (relativement) simple. Elliot est un jeune homme inadapté socialement, hacker émérite et stalker invétéré. Il travaille pour une société de sécurité informatique dont l’un des clients est la fameuse E Corp. Un jour, il est contacté par la mystérieuse F Society, un groupe de hackers anarchistes fait pour rappeler les Anonymous (l’utilisation de masques dans leurs vidéos, par exemple, est un clin d’oeil très clair), pour les aider à faire tomber cette multinationale à l’origine de tous les maux de la société selon eux. Ce groupe est « dirigé » par l’énigmatique Mr Robot, un mec complètement barré qui sert à moitié de père de substitution à Elliot et en même temps de source de doute pour le spectateur (je n’en dirai pas plus ici mais vous vous retrouverez sans doute à étudier la réaction de tous les autres personnages lorsqu’Elliot et lui sont dans la même pièce). On suit également quelqu’un chez E Corp. Cet homme c’est Tyrell Wellick, un mec ambitieux qui veut devenir CTO de la boite à tout prix. Vous l’aurez compris, c’est un sociopathe façon Patrick Bateman mais doublé d’un vrai techos en informatique, ce qui le rend forcément plus intéressant puisqu’il fait un parfait némésis pour Elliot. Evidemment, il y a également toute une floppée de personnages autour et plusieurs sous-intrigues mais il serait fastidieux et peu intéressant de tous vous les présenter. Sachez juste que si vous êtes prêts à vous creuser un minimum la tête en regardant une série cette année, Mr Robot est l’un des meilleurs candidats. En espérant bien entendu que le succès sera au rendez-vous et que la série continuera. Oui, « en espérant » parce que je ne vous ai pas précisé une chose : l’acteur qui joue Mr Robot est un énorme poissard. Ces dernières années, Christian Slater a en effet enchaîné les séries plus ou moins intéressantes mais la constante, c’est qu’elles se sont toutes plantées très vite, souvent même pas renouvelées pour une seconde saison. Alors je croise les doigts…

J’espère que ces suggestions vous auront donné envie et n’hésitez pas à laisser en commentaire des noms de « séries de l’été » que vous aimez. Il se pourrait bien que vous me fassiez découvrir une perle, qui sait ?