Attention spoiler. J’ai regardé l’épisode 6 de la saison 5 de Game of Thrones hier soir, et quelle surprise désagréable…
Nous le savons, la série télé n’est pas toujours fidèle aux livres et ses propres intrigues se construisent en parallèle de l’histoire générale du Trône de Fer. Il n’empêche que la scène que j’ai vue hier soir m’a tout simplement écoeuré.
Ce n’est pas la première fois que des violences sexuelles sont montrées à l’écran mais :
- 1) Cette scène n’existe pas dans les livres. Certes, d’autres scènes de violence n’existent pas dans les livres mais elles sont cohérentes avec le contexte. Exemples : tentative de viol sur Sansa pendant un combat de rue, ou encore pillage de villages et viols des villageoises. Malheureusement, ces scènes sont cohérentes avec un climat de guerre et en considération du statut de la femme à l’époque médiévale.
- 2) Cette scène n’apporte rien. Le spectateur sait déjà que Ramsay Bolton est un psychopathe sadique, pourquoi ajouter une scène aussi trash ? Le spectateur est déjà conscient que cet homme est abominable.
L’intervention de l’auteur des livres
Les dernières minutes de l’épisode ont tellement choqué que l’auteur des romans, George R.R. Martin a immédiatement réagi pour défendre les créateurs de la série télévisée adaptée de ses livres.
Juste après la diffusion de l’épisode, George R.R. Matin a confirmé que des centaines de commentaires ont été postés sur son blog. En parallèle, des commentaires Twitter et Facebook ont condamné fermement la brutalité « dérangeante », « obscène », « terrible », des dernières minutes de l’épisode.
Mais de quoi s’agit-il ?
A la fin de l’épisode, Sansa Stark vient d’être mariée à Ramsay Bolton qui, pour le soir de leurs noces, décide tout bonnement de la violer sous les yeux de « Rick » / Theon Greyjoy. Une scène dispensable qui fait couler beaucoup d’encre sur la toile et qui a dégoûté bon nombre de fans.
George R.R. Martin a expliqué que : « La série télévisée est la série télévisée, les livres sont les livres, ce sont deux façons différentes de raconter une même histoire », écrit-il sur son blog.
Les différences « existent depuis la saison une », et avec « l’effet papillon, des petits changements conduisent à de grandes différences puis à d’énormes différences ». Les créateurs de la série TV « essayent de faire la meilleure série TV possible et j’essaye d’écrire les meilleurs livres possible », ajoute-t-il.
Il n’empêche que la violence gratuite, qui ne sert pas l’intrigue, n’a pas sa place dans la série. Ramsay Bolton est un maniaque dérangé mais cette soirée de noces n’avait pas à être aussi affreuse. Le spectateur se doute déjà bien qu’être mariée à cet homme est loin d’être une partie de plaisirs, et que Sansa souffrira déjà bien assez par la suite.
Sujet à suivre.
15 Comments
Kujafilth
19 Mai 2015 11:17Pas dans les livres, c’est un fait. De là à parler de surenchère inutile, je ne parviens pas à être tout à fait d’accord.
Jusqu’ici, Ramsay était doux et gentil avec Sansa et cette dernière se sentait un peu pousser des ailes, épaulée par Little Finger et de retour au bercail.
Même si elle sentait bien le mec pas net, elle n’avait aucune foutue idée de qui il est, à part le bâtard de celui qui a tué sa mère et son frère.
Quand Myranda tente de la prévenir/ lui faire peur elle a cette phrase qui montre à quel point elle ne sait pas où elle a mis les pieds « Je suis Sansa Stark de Winterfell et je suis chez moi. Vous ne pouvez pas me faire peur. »
Ramsay montre son vrai visage à sa promise, à la fille de l’ennemi. C’est la vraie révélation de son sadisme à Sansa, pas au spectateur. Le spectateur est lui associé au rôle de Reek, le spectateur dégoûté, qui ne détourne pas le regard. Il veut quand même savoir ce qui arrive à Sansa.
D’ailleurs, Reek/Theon de son côté a eu droit de reporter son vrai nom. ça semble anodin dans l’épisode, mais c’est quand même hallucinant. ça ne pouvait pas se faire gratuitement. Le spectateur apprend donc au passage que non seulement Reek est un jouet pour mettre mal à l’aise Sansa, mais aussi que Sansa est un levier supplémentaire de torture et de déconstruction de Reek.
Alors oui, c’est une scène sale, c’est une violence sexuelle de plus et ce n’est pas dans le bouquin, ça je te l’accorde. Mais loin d’être inutile, je trouve que son rôle de présentation de Ramsay Bolton à Sansa et de déconstruction de Reek est parfaitement rempli. Sans oublier que ça peut avoir une incidence sur le comportement de Reek dans les épisodes à venir, si tant est qu’il n’est pas totalement anéanti.
Tetorino
19 Mai 2015 11:35Tout à fait d’accord avec Kuja !
Et faut-il rappeler que c’est encore plus glauque dans le livre ?
Duncan Idaho
19 Mai 2015 7:26Bien dit !
Keopha
20 Mai 2015 4:58Voilààààà enfin quelqu’un qui comprends !
Kaon
19 Mai 2015 12:12Sans avoir -encore- vu cet épisode, au vu de l’article, je ne vois pas d’illogisme dans la scène décrite.
Dans les livres, il y a une scène analogue, et la série a -malheureusement- souvent recours à des scènes de violence et / ou au caractère sexuel – beaucoup trop – explicites. Donc c’est une certaine continuité
Je rejoins donc l’avis sur le côté « surenchère », qui n’est pas cantonné à cette série…
Eskarina
19 Mai 2015 12:29Moi ce qui m’emmerde c’est que ça fait un peu redite avec la scène où Joffrey violait une prostituée avec un pied de lit en bois (ou un truc du genre) : cette scène n’était pas là non plus dans le bouquin et ne servait en RIEN l’intrigue.
On sait déjà que Joffrey et Ramsay sont des tarés, pourquoi en rajouter AUTANT? Juste le sous-entendre suffirait, je pense, sans avoir à être aussi explicite…
Mais ces 2 scènes ont un point commun (hormis la mise en scène) : elles font du buzz et donc des vues en plus… Donc on en remet une couche de temps en temps « histoire de ».
Merci pour ce super article, Kyra 🙂
Kyra
19 Mai 2015 12:32Oui ! Ras le bol des scènes violentes pour êtes violentes et qui n’ajoutent rien. Les livres sont excellents, riches et si ce genre de scènes était retiré il y aurait plus d’espace pour les intrigues des livres qui existent mais qui n’ont pas encore été traitées, car, disent les créateurs, ils n’ont « pas le temps de les traiter ».
Une histoire intéressante oui, une série pleine de violence et de « déjà-vu », non merci.
Kyra
19 Mai 2015 12:29Pour reprendre un point. Je suis d’accord sur le fait que Ramsay prend beaucoup de plaisir à torturer psychologiquement Theon Greyjoy mais dans la scène en question je ne pense pas que les créateurs aient imaginé cette scène pour montrer son sadisme envers Theon. Sansa ne serait alors qu’un dommage collatéral pour détruire toujours plus Theon. Au contraire, avec cette scène les créateurs vont crescendo dans la violence envers Sansa, à se demander où ils comptent s’arrêter.
Je suis une grande fan des romans et j’aime beaucoup la série, quoiqu’on dise sur elle depuis le départ (oui, il y a beaucoup de différences, oui la série est violente, oui il y a du sexe), mais j’avoue avoir beaucoup de mal avec ce parti pris. Personnellement, bien entendu ^^
unkichikun
19 Mai 2015 1:03Surenchére?!
Est-ce qu’il faut rappeler que dans les livres, Jeyne Pool (dont Sansa a pris la place dans la série) se fait violer d’abord par Reek, pour « l’échauffement », puis ensuite par Ramsay?!
En quoi la série a-t-elle surenchérie par rapport à cette horreur?
Je ne sais pas si on peut comparer un viol à un double viol (c’est de mauvais goût) mais l’un n’est pas moins fort que l’autre.
Certainement pas.
Kyra
19 Mai 2015 2:09Je ne comprends justement pas pourquoi ils ont gardé cette scène alors qu’il ne s’agit pas du même personnage. Sansa n’existe dans la série que pour être rabaissée et opprimée et nous en sommes à la saison 5. Tout ce que nous avons vu d’elle est un animal blessé et maltraité. Encore une fois, les choses n’avancent pas et le personnage reste une victime. Pourquoi avoir gardé cette « horreur » alors qu’on aurait pu s’en passer. Les livres sont trop riches pour devoir s’attarder sur ce genre de choses.
Tetorino
19 Mai 2015 1:15De bons mots de Chez la Dame sur la question
« L’histoire de Sansa est l’histoire tristement banale d’un corps sans cesse menacé de viol par les circonstances. Depuis la saison 2, cette échéance est sans cesse retardée, d’abord par la rupture de ses fiançailles avec Joffrey, puis par le sauvetage in extremis du Limier, puis par la bienveillance de Tyrion, puis par la nécessité pour Littlefinger de la garder vierge jusqu’au mariage. Car c’est bien là l’unique chose qui a protégé Sansa depuis qu’elle a mis pied à bord de l’Unique au début de la saison dernière.
Un peu avant la diffusion de cette cinquième saison, Sophie Turner avait défendu son personnage en interview en demandant aux spectateurs de ne pas détester Sansa pour sa féminité. Il est un fait que depuis le départ, Sansa est l’incarnation parfaite de la femme modèle dans cette société. Sa mère l’a élevée pour qu’elle soit ainsi. Sa position dans la société fait d’elle une monnaie de valeur.
Elle est jeune, sans famille, sans soutien, sans pouvoir. Qu’on ne lui reproche surtout pas sa passivité alors qu’elle se retrouve précisément cette semaine dans une position où elle n’a aucun choix. Être femme dans un univers pareil peut s’apparenter à un calvaire. Le livre fait très souvent mention des viols et autres violences faites aux femmes, que ce soit dans le contexte de la guerre, ou le contexte conjugal. Cersei n’est pas avare de réflexions sur la brutalité de Robert, par exemple. Quant à Daenerys, elle aussi subi des viols conjugaux pendant de longs mois, impuissante et désarmée à l’image de Sansa aujourd’hui, parce que sa famille, son époux, le monde, sa culture, exigent qu’elle souffre encore et encore. Parce qu’elle, comme Sansa, n’est rien d’autre qu’un bien dont on dispose.
Et c’est sans doute la combinaison de tout cela qui fait que cette scène reste insupportable, quand bien même elle suit une logique d’une triste banalité. Voici ce qu’il en coûte donc de naître femme en Westeros.
On a trop souvent tendance à oublier la menace constante qui pesait sur les femmes en ces époques plus reculées, au sein de société largement misogynes les renvoyant à un statut d’infériorité.
Et si malheureusement cela laisse encore des traces, on ne se représente plus ce que pouvait être la condition féminine dans ce type de société (il va de soi qu’il existe encore des endroits et/ou des circonstances où la femme n’est qu’un bien meuble). Entre le statut d’éternelle mineure, la culpabilité qui leur incombait en cas de viol, ou toutes ces situations où elles devaient subir, telle la nuit de noces d’un mariage arrangé, c’est un univers de danger constant, de peur ou les brimades, les violences, les agressions sont à ce point banales qu’elles en deviennent normales.
Sansa est ici sans ambiguïté forcée à accepter ce mariage pour sauver sa peau (le « choix » que lui laisse Littlefinger est un leurre), puis découvre que son futur est un homme malsain et dérangé. Le seul qui pourrait l’aider est Theon, lui-même terrifié par Ramsay et tout aussi incapable que Sansa de réagir sans susciter une réaction plus violente encore.
Prisonnière de cette chambre, Sansa est également prisonnière dans sa propre maison, et désormais prisonnière d’un mariage et du consensus culturel autour de la nuit de noces.
C’est à tout point de vue une scène atroce dont la protagoniste principale est pieds et poings liés à la merci de son bourreau.
Toute la question étant maintenant de savoir comment Sansa va réagir à ce traumatisme. «
Kyra
19 Mai 2015 2:10Merci pour le partage.
Zarkoff
20 Mai 2015 11:15Ok la scène est glauque mais enfin, la série entière est glauque et je n’y vois pas particulièrement de surenchère.
Perso, la scène de la fin d’Oberyn dans la saison 4 m’a beaucoup plus marqué puisque tout est montré. Ou encore quand Théon se fait couper le zgeg… brrrr… Là, même si la scène est très perturbante et qu’on comprend bien ce qui s’y passe, elle n’est pas montrée.
Je ne comprends pas trop la polémique, je dois dire. Et j’espère que les auteurs ne seront pas influencés par ces vagues de protestation pour éviter un « Mass Effect 3-gate ».
Kyra
20 Mai 2015 11:51Justement, les exemples que vous donnez relèvent typiquement du genre de scènes qui ne servent à rien, sont trop longues et qui font de GoT une série glauque, et de + en + glauque, alors que dans les livres ce genre de scènes de tortures, etc, n’ont qu’une importance minime.
Bref, nous ne pouvons pas tous être d’accord et le débat est intéressant 🙂
Kyra
20 Mai 2015 1:36Pour clore le sujet et parce que je vois encore des commentaires tomber sur le facebook de Kiss My Geek, je suis étonnée de voir qu’autant de spectateurs défendent la facilité plutôt que la créativité. Cette scène n’arrive pas à Sansa dans les livres, pourquoi l’avoir maintenue !
Ramsay est un maniaque, nous le savons depuis la 1ère fois que nous l’avons vu à l’écran.
George R.R. Martin a été forcé de réagir avec un post suite à l’avalanche de mails et de commentaires sur son blog :
« L’écrit et la télévision ont des forces différentes, des faiblesses différentes, des besoins différents », a écrit l’auteur, prenant la défense des créateurs: « Ils essayent de faire la meilleure série possible. De mon côté, je fais de mon mieux pour écrire les meilleurs romans. Et oui, de plus en plus, nos routes se séparent (…) mais nous faisons tous en sorte qu’elles se retrouvent à la fin. »
Nous sommes tous d’accord que George R.R. Martin n’est pas à blâmer dans cette histoire. La série suit son propre chemin, laquelle intègre de plus en plus de violence gratuite dans ses intrigues. Le monde de Westeros est déjà violent, dur, implacable. Le lecteur le sait. Le spectateur le sait. Alors pourquoi ajouter toujours plus de scènes violentes ? Vous n’y voyez pas une surenchère, j’en suis attristée. Pour une fan des livres, je trouve que la série perd cruellement en qualité. Il ne se passe rien, les différents arcs narratifs sont pauvres, mal exploités et l’histoire de personnages principaux est changée. La violence devient l’argument choc pour inciter le spectateur à continuer la série.
« Alors, qui est le prochain à mourir dans GoT tu penses ? ».
La série est ponctuée de scènes violentes pour continuer à faire le buzz, en s’acharnant plus sur les personnages que leur propre créateur George R.R. Martin.
Je ne dis pas qu’il ne faut pas montrer la violence parce qu’elle est dérangeante, mais qu’il ne faut pas créer de la violence à des fins de buzz. Les scénaristes ont vraiment perdu leur créativité et n’exploitent pas nombre d’histoires qui se déroulent dans les livres et qui sont bien plus intéressantes et pertinentes que ce type de scènes gratuites et malsaines.
La saison 5 est une saison ennuyeuse, reposant uniquement sur des rebondissements scénaristiques à la morale douteuse. Je m’en tiendrai là sur ce sujet. Evidemment, nous ne sommes pas forcés d’être tous d’accord mais c’était important pour moi de clore ce débat dans une ultime explication.