Les zombies ne sont toujours pas passés de mode et ils sont aussi bien utilisés comme paraboles sur la condition humaine comme dans les films de Romero que pour… A peu près n’importe quoi, par exemple faire une comédie romantique à la Warm Bodies (qui n’est pas mauvais d’ailleurs) ou jouer les nazis comme dans Død snø. Depuis quelques années, les séries aussi sont envahies de zombies et il est légitime de se dire « STOP ! Y en a marre ! Overdose ! ». Mais Z Nation, le dernier-né de chez SyFy, est différent et je m’en vais vous expliquer pourquoi ça (me) fait du bien de voir ça sur nos écrans.
L’histoire est simple : 3 ans après qu’une épidémie (possiblement une pandémie mais on n’en parle pas trop dans la série) transformant les humains en zombies assoiffés de sang ait commencé, un groupe d’humains doit traverser les Etats-Unis pour amener le dernier espoir de l’humanité dans un laboratoire californien. Ce dernier espoir, c’est Murphy (Keith Allan), un condamné sur lequel des scientifiques ont expérimenté un vaccin et qui est le seul humain connu à avoir survécu à pas moins de 8 morsures de zombies. Il a été laissé pour mort puis secouru par Hammond (Harold Perrineau, Michael Dawson dans Lost), un militaire qui se retrouve donc avec une mission : amener ce « paquet » en Californie pour répliquer le vaccin en laboratoire. En chemin, il rencontre un groupe de survivants qu’il convainc de l’aider dans sa tâche pendant qu’un certain Citizen Z (DJ Qualls, Garth Fitzgerald IV dans Supernatural), seul occupant d’une base de la NSA, les aide à distance. Lors de cette quête, ils seront évidemment confrontés à énormément de zombies qu’ils affronteront avec des armes de toutes sortes (un zombie est même tué avec une antenne radio volée sur une voiture et l’arme de prédilection du personnage Addy, joué par Anastasia Baranova, est une batte de baseball hérissée de clous).
The Running Dead
A moins que j’en aie raté une, toutes les séries de zombies à succès adoptent un ton sérieux à l’image d’In The Flesh, l’excellente série de la BBC America, d’Helix, la plus que correcte (si on exclut la fin du dernier épisode) série de SyFy ou encore de LA référence dans le domaine des séries de zombies, j’ai nommé The Walking Dead, de l’écurie AMC. On peut penser ce qu’on veut de ces séries (par exemple, je n’aime pas du tout TWD, vous pouvez me jeter des tripes bien saignantes au visage, ce sera plus dans le thème que des tomates) mais elles sont traitées avec un soin indéniable, autant sur les personnages que sur les effets spéciaux, afin que le scénario gagne en cohérence et que l’immersion soit possible. La contrepartie, c’est que le genre s’est mangé une énorme chape de plomb et que le « zombie slasher » pourri mais fendard qui existe toujours dans certains films à petit budget est complètement absent des petits écrans. Enfin je devrais dire « était ».
Z Nation, c’est l’opposé de The Walking Dead, et pas uniquement parce que les zombies y courent ou que la série se base sur un road trip plutôt que sur une succession de peu de lieux, chacun étant le foyer de plusieurs épisodes. SyFy sait que son budget ne lui permettra jamais de rivaliser et, surtout, que le marché est saturé. La chaine en a tiré la conclusion logique : « ne copions pas ce qui fonctionne aujourd’hui, glissons nous dans l’espace laissé désespérément vide ». La série refuse à tout moment de se prendre au sérieux. On est même à la limite de la parodie, au sens noble du terme (pas un genre de Scary Movie des zombies). Les personnages ne sont guère plus que des clichés de films de genre et les intrigues des prétextes à aller systématiquement vers le grand guignol et les scènes gores. C’est une recette dangereuse qui pourrait vite échouer mais là où l’on se dit dans certaines scènes du premier épisode et dans la scène finale du second « c’est presque beau tellement ils n’en ont rien à foutre », on finit d’être convaincu dans le troisième qu’ils n’en ont, justement, pas du tout rien à foutre et que les moments qui semblent lancer une trame sérieuse et un peu lourde comme celles que l’on nous sert dans les séries de genre d’habitude (le calvaire vécu par un personnage nouvellement venu, le bon esprit et la morale qui doivent être sauvegardés à tout prix, etc) sont automatiquement désamorcées par une révélation over the top donnant lieu à des scènes volontairement ridicules. Vous l’aurez compris, le but de Z Nation n’est pas de révolutionner la narration des séries de zombie mais de satisfaire les fans de genre en manque d’hémoglobine et de morts grotesques qui provoquent l’hilarité chez le spectateur. Rien que sur l’épisode 3, j’ai eu 4 fous rires, que ce soit pour des kills particulièrement marrants ou des situations connes. Sur 40 minutes, c’est franchement fort ! Bref, la série vous rappelle à tout moment qu’il ne faut surtout pas la comparer à The Walking Dead et consorts car elle ne joue pas dans la même catégorie.
Le maitre mot de Z Nation est « action ». Pas de répit pour nos personnages qui foncent de décor en décor pour affronter du zombie et des humains tarés, lors d’une surenchère d’idées gores et réjouissantes comme par exemple une grosse cloche en plomb ou en étain qui tombe d’un camion à la suite d’un dérapage et part défoncer une dizaine de zombies à la manière d’une boule de bowling, laissant ça et là des bouts de jambes ou de la bouillie d’intestins. Tant pis s’il faut sacrifier une part de cohérence pour y arriver, la série vous fournira en hémoglobine et en organes poisseux. C’est ainsi que les survivants que l’on suit se battent quasiment toujours avec des armes blanches, sont éclaboussés de sang et ne se transforment pas en zombies. Il faut croire que leurs orifices sont ultra protégés. Le bébé qu’ils rencontrent dans le premier épisode, par contre, aura moins de chance et se transformera en version zombifiée de Chucky Jr. boosté aux amphétamines et à l’EPO (si on en croit ses déplacements) après un jet de sang de zombie, lui permettant ainsi de prendre le dessus sur le personnage de Hammond. Eh oui, l’acteur le plus connu du casting, Harold Perrineau, disparaît avant même la fin du premier épisode ! Z Nation se veut une succession sans fin de rebondissements et il le fait très bien. Par contre, il ne faut pas la regarder en espérant y trouver de la subtilité ou un scénario intelligent. La seule idée intéressante au-delà du pur divertissement vient d’une scène où une communauté est réunie autour d’une vieille dame et décide de mettre fin à ses jours pour lui éviter la souffrance des vieilles années et la transformation en zombie qui, a priori, est accrue avec les années (j’avoue ne pas comprendre pourquoi mais bon…). C’est ce qu’ils appellent « mercy », soit « la pitié » ou « l’indulgence » en VF. Mais même cette scène est tournée de façon légère, ce qui, à défaut de la rendre ridicule, la prive au moins de son hypothétique portée intellectuelle.
The Asylum assaini
Z Nation nous vient du studio The Asylum dont vous avez probablement entendu parler lors de la sortie de Sharknado ou d’un des mockbusters qu’ils ont commis (comme Atlantic Rim ou Transmorphers). Cette alliance avec SyFy, lui aussi spécialiste des productions au rabais, promettait du rire noyé dans un océan de médiocrité visuelle et narrative. Toutefois, on se retrouve avec un produit bien mieux fini que les autres et qui n’a rien de honteux. Certes, les effets spéciaux des armes à feux et de certaines scènes d’action font un peu cheap mais les maquillages et la réalisation sont très corrects, le rythme présent, les dialogues moins débiles qu’à l’accoutumée (même si, heureusement, on a droit à pas mal de clichés qui nous font sourire) et, surtout, les jeux d’acteur sont bons. On ne parle pas de jeux d’acteur dignes de récompenses évidemment mais la quasi-totalité du casting est crédible et, en tout cas, ils se donnent tous vraiment à fond pour tenter de délivrer une qualité qu’on n’espérait pas. On ne peut pas en dire autant de Tara Reid dans Sharknado par exemple… A l’exception de DJ Qualls, qu’on a déjà vu dans pas mal de rôles un peu décalés, et de Harold Perrineau qui avait déjà fait ses preuves, les acteurs sont pourtant tous des quasi-inconnus avec assez peu d’expérience. Reste qu’ils campent tous leur rôle cliché de façon assez crédible pour qu’on ne se foute pas complètement des personnages mais ne sombrent jamais dans le trop-plein de sérieux. Le cocktail parfait pour Z Nation, donc.
TL;DR
SyFy prend le contre-pied des séries de zombies actuelles (y compris sa propre série Helix) et nous livre une série sans autre prétention que de plaire aux fans de films de zombies de séries B, voire Z, au travers de situations over the top et de morts aussi grotesques que jouissives. Un soin particulier y est pourtant apporté, notamment au niveau du jeu d’acteur et des maquillages, rendant l’ensemble de bien meilleure facture que ce à quoi on était en droit de s’attendre. Pour les fans de tripes explosées, et il n’y aucun mal à aimer ça, ne boudez pas votre plaisir !
Plaisir coupable
Décomplexé, gore, fun, pas sérieux pour un sou, Z Nation est l'anti-The Walking Dead. Une série qui permet de se détendre en riant un bon coup comme devant vos films de séries B et Z préférés.
6 Comments
Kyra
02 Oct 2014 4:51Bien différente de la série The Walking Dead, et ça fait du bien ! Merci Gizmo pour cet article !
Gizmo
04 Oct 2014 12:06Tu me donneras ton avis quand tu auras regardé quelques épisodes 🙂
Joystikman
05 Oct 2014 5:52J’avoue en avoir par dessus la tête de toute ces séries de zombies mais tu m’a donné envie de jeter un coup d’œil; le coté série B et décalé m’attire bien 🙂 . Merci pour la review.
Kyra
08 Oct 2014 6:40Après quelques épisodes regardés, c’est pas mal. Mais le scénario n’est pas assez abouti (ce n’est pas le but tu me diras), du coup ça a fini par m’ennuyer. Les amateurs du genre seront ravis en attendant la saison 6 de The Walking Dead.
Gizmo
09 Oct 2014 8:38Ah ça, c’est une série faite uniquement pour se vider le crâne, c’est sûr ^^ Disons que je préfère me le vider devant ça que devant de la télé-réalité mais c’est certain que ce n’est pas non plus la série de l’année.