Cette semaine du 4 mai est bien spéciale puisque c’était la Saint Star Wars. Nul doute, vous avez dû voir courir partout le jeu de mot « May, the 4th, be with you ». Du coup autant dire que cette interview tombe à pic ! Bien qu’il me soit difficile de vous camoufler ma joie de fangirl décérébrée, je ne peux pas vous cacher que je suis très heureuse et fière d’accueillir aujourd’hui sur Kiss My Geek le créateur du Yod@blog. Le Yod@blog c’est quoi ? Un blog-BD ayant pour thématique Star Wars et dans lequel on peut lire une pléthore de strips, poilants autant pour les maîtres jedi que pour les padawans. Son auteur, être étrange et surprenant, m’a accordé cet échange qui, je n’en doute pas, vient d’une autre galaxie…
- Kiss My Geek : Yod@ ; bonjour, et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions ! En ce qui me concerne, je suis une fan accomplie du Yodablog… Mais tout le monde ne te connaît peut-être pas alors est-ce que tu pourrais commencer en nous disant qui tu es « IRL » ?
Yod@ : Oh alors pour être concis, je suis un type né en 1969 comme tout le monde. Chargé de cours dans l’enseignement supérieur, peintre et gourmand. Mes cheveux étaient noirs. Je n’aime pas le sport mais j’apprécie les femmes, ce qui constitue une belle garantie quant à la validité de mes activités neuronales, je suppose.
- KMG : Il paraît que ton blog est né à l’insu de ton plein gré… Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur la genèse de ce projet ?
Y. : Oui, c’est très con comme histoire. Rien n’était anticipé et je ne sais pas si l’on peut parler de projet, du coup. La base, ce sont des petites conneries que j’avais gribouillées dans un train à la fin de l’été 2008, des bonshommes. J’ai eu l’idée saugrenue de leur foutre un sabre laser entre les mains et de leur faire tenir des propos absurdes. Et puis je les ai stockés, ces dessins, sur mon pc. Point barre. Jusqu’à ce que je les montre à un ami blond qui m’a suggéré de les balancer en ligne en janvier 2009. D’ouvrir un blog bédé, en somme.
Je n’ai évidemment rien fait, l’ami en question ne pesait à l’époque que 140 kilos et était donc peu persuasif. Et puis j’étais jeune, un peu tête-brûlée. J’ignorais jusqu’à la définition du mot blog et ma culture bédé s’était arrêtée aux aventures de Guy L’Eclair. Mais le bougre, n’écoutant que ses perfides instincts, a cru bon d’ouvrir ce blog et de m’en confier l’administration. C’était le 29 janvier 2009, mon ami avait franchi la barre psychologique des 150 kilos et je publiais mon premier strip.
- KMG : Pourquoi Star Wars ?
Y. : Par facilité, peut-être. C’est un univers que je connais plutôt mal, en fait, mais qui me semble tellement riche en termes de fond et de forme, si improbable et chargé d’incohérences et d’aberrations que je n’ai qu’à me pencher pour cueillir des bouquets de gags. Et puis les sources sont intarissables, il y a vachement de communautés, de forums, de trucs dans ce genre qui constituent une base de données phénoménale. Il y a des vaisseaux, des robots, des monstres, des méchants et des gentils, il y a même des filles. Il y a plein de trucs dedans, c’est un peu comme un pudding géant. Les personnages sont très marqués et leur comportement est très manichéen, c’est très caricatural. C’est vraiment un univers très rigolo.
- KMG : Raconte-nous le processus créatif d’un strip.
Y. : Oh, il n’y a pas de méthodologie commune. Certains strips me viennent de mes petites expériences quotidiennes, de ce que j’y peux vivre, voir ou entendre, d’autres sont issus de commentaires qui me sont laissés sur le blog ou sur la page Facebook, d’autres s’inspirent du physique de tel ou tel personnage… J’ai toujours à portée de main un petit carnet sur lequel je note ou dessine des idées potentielles au fur et à mesure qu’elles tombent. Et puis je trie. Pour la suite c’est dessin au stylo noir, scan et colo sous Photoshop. C’est simple comme tout, et plutôt rapide. Le plus long c’est l’écriture : je peux passer une heure pour sortir la phrase qui permettra de véhiculer efficacement mon idée en aussi peu de mots que possible.
- KMG : Quelle est ta réaction face à la popularité de ton blog ?
Y. : La surprise, d’abord. Et puis du bonheur. C’est très chouette de savoir qu’on a une audience, quelle que soit son importance. Ça fait rudement plaisir. Mais il y a un peu de vigilance aussi, conséquemment : yodablog ne constitue pas et ne devra jamais constituer mon activité principale. Je veux lui maintenir son statut de divertissement, c’est à mon avis cette condition qui pourra lui assurer la pérennité. Si yodablog devenait un truc sérieux, ce serait triste.
- KMG : Ta recette du succès ?
Y. : Ne jamais écouter les autres et suivre son cap.
- KMG : Quelle est la plus grande difficulté que tu rencontres pour l’écriture de tes strips ?
Y. : Je ne relève aucune difficulté majeure, si ce n’est peut-être certains obstacles ponctuels à dénicher un environnement vraiment calme. J’ai besoin d’être seul pour me concentrer et pour bosser avec le minimum d’efficacité requis. Je bosse souvent la nuit, du coup.
- KMG : Est-ce que tu as la peur de la page blanche ?
Y. : Ahahah. Non.
- KMG : Quel est le strip dont tu es le plus fier ?
Y. : Celui dont je suis le plus fier ? Je ne sais pas. Il y a certains trucs que je préfère à d’autres, évidemment. Difficile d’isoler un dessin. Oh si, il y en a peut-être deux pour lesquels j’ai une tendresse un peu particulière.
L’Episode 271 : Carbonite Fever ( part III : “It’s A Trap” Style ) publié le 18 avril dernier…
… et L’Episode 241 : Harry Potter du 24 novembre 2010.
Je les trouve plutôt bien foutus, ils sont a priori très simples mais ne comportent aucun texte ou très peu et induisent un petit temps de réflexion pour pouvoir les comprendre. Ce sont des trucs à retardement, un peu comme les mines antipersonnel. C’est classe.
- KMG : A quand un condensé du meilleur du pire en librairie ?
Y. : Le condensé du meilleur du pire en librairie est prévu pour janvier-février 2012. Un copieux volume de 180-200 pages qui devrait réunir une sélection des épisodes publiés sur le blog, mais redessinés, et des inédits. Il y aura des gros morceaux dedans.
Oh et puis il y a La Psychanalyse du Héros Contre-Attaque, un petit seize pages publié chez vraoum qui est dispo depuis avril, avec Wandrille aux textes. C’est pas vraiment du yodablog en termes de fond, mais on y retrouve mes petits personnages
- KMG : Avant de passer à la deuxième partie de l’interview, j’aurais aimé savoir si tu suivais d’autres blogs BD, et si tu en avais à nous conseiller.
Y. : Non, je ne suis pas lecteur de bande dessinée du tout. C’est un univers qui m’ennuie terriblement. J’ai essayé de m’y intéresser mais je décroche au bout de cinq pages. Oh bien sûr, j’ai lu les trucs de quelques gens talentueux qui sont devenus des amis (Terreur Graphique, Pochep, Gad, Wandrille, ce genre de types) mais c’est de l’hypocrisie. Je n’y prends aucun plaisir. J’achète leurs bouquins pour qu’ils puissent toucher davantage de pognon en droits d’auteur, suffisamment en tout cas pour qu’ils soient susceptibles de me payer des bières sans faire la gueule. Et puis je fais un petit tour sur des blogs bédé pour voir ce que font les autres de temps en temps, mais c’est un peu comme si je sortais mon chien. Sauf que si j’avais un chien, j’éviterais de ne le sortir qu’une fois par mois, je suppose. Mais il y a sans doute de très chouettes choses à voir, il me faudrait davantage de temps peut-être.
Le seul truc vraiment intéressant, de mon point de vue qui est très loin d’être exhaustif, je le rappelle, c’est Té Au Caca. Le rapport du texte à l’image y est très intuitif, il y a là-dedans une très saine unité : le fond et la forme composent un ensemble admirable, c’est un parangon de symbiose. Et puis avec une publication par an en moyenne, on ne peut pas reprocher à son auteur son inconstance ni son irrégularité.
- KMG : Maintenant, attardons-nous sur le geek qui sommeille en toi… Mais d’abord : te considères-tu comme tel ?
Y. : Ahahah. Je viens d’aller lire la définition du mot geek. Et si un geek sommeille en moi il doit avoir le sommeil bigrement lourd, le bougre. Mais il ne ronfle pas, c’est appréciable. Je ne l’entends jamais. Bon sang. Il est mort, si ça se trouve.
- KMG : Quel est ton épisode préféré de Star Wars ?
Y. : Je ne sais pas trop, je ne m’en souviens pas super bien à vrai dire. Je crois que j’avais bien aimé l’Empire Contre-Attaque mais j’avais une dizaine d’années quand il est sorti en salles alors je sais pas si ça compte.
- KMG : Et le personnage que tu adules (ça n’est d’ailleurs peut-être pas celui que tu préfères mettre en scène dans tes strips ?) ?
Y. : La notion d’adulation me dérange, je la trouve excessive. Je ne développe de toutes façons aucune affection particulière pour des personnages de fiction. Je préfère m’attacher aux personnes réelles et à leurs créations qui sont susceptibles d’avoir une incidence profonde sur ma pensée et de me faire avancer. J’aime beaucoup lire Joyce et Beckett. Proust, bien sûr, et des mecs comme Haenel, Butor ou Danielewski. J’aime Wagner pour son écriture, Mozart pour son intuition, Coltrane pour sa fureur, Monet pour sa tendresse, Kirkeby pour sa couleur, John Cage pour sa sensibilité, ce genre de figures. Certaines chorégraphies de Preljocaj me touchent, comme peut me toucher le regard d’une femme, son parfum, et puis le chant d’un oiseau dans les bruissements d’arbres. Je suis un mec vachement simple, en fait, globalement.
- KMG : Est-ce que tu as des goodies de la saga chez toi ? Y’en a-t-il un qui ressorte du lot ?
Y. : J’avais trouvé un lot de figurines sur un vide-greniers l’année dernière, des petits vaisseaux et des petits bonshommes. Naïvement. Je les avais achetés pour avoir des modèles en cas de besoin. Et puis je ne les ai pas utilisés, ou très peu. Alors ils prennent la poussière sur une étagère de ma bibliothèque. J’en ai une petite vingtaine, dont trois que je trouve un peu plus sympathiques que les autres : un x-wing et deux petits personnages, une sorte de grand robot cylindrique gris avec un fusil énorme et un type en robe avec un flingue et une grosse tête d’insecte genre mouche. Ils sont rigolos, je les aime bien. Je ne les ai jamais dessinés dans mes strips, par contre. Ah bon sang, quel sinistre gâchis.
- KMG : Bon il n’y a pas que Star Wars dans la vie alors… Quelles sont tes autres passions de geek ?
Y. : Il y a la peinture, la cuisine et le jardin. Mais je sais pas si ça rentre dans la catégorie geek. Pour que ça puisse rentrer là-dedans, il nous faudrait un bon gros tube de vaseline. La bonne nouvelle, c’est que j’en ai un dans mon garage 🙂
- KMG : Comment nos lecteurs peuvent-ils te contacter ? Ou bien y a-t-il des salons (ou autres) sur lesquels on pourra te rencontrer sous peu ?
Y. : Oh, il suffit de me laisser un truc genre petit commentaire sur le blog ou sur la page Facebook. C’est simplissime. Je réponds à tout le monde. Pour ce qui concerne les salons, je ne fréquente assidûment et avec bonheur que le mien : j’y dispose d’un canapé large, épais et confortable, d’un vieux fauteuil aux accoudoirs patinés par l’huile de mes vieux coudes et la vue sur mon jardin y est assez plaisante. J’aime y engloutir des calissons, le soir, lorsque le soleil décline.
- KMG : Nous terminons toutes nos interviews avec une question rituelle : si tu avais un super-pouvoir de geek (ou un super-pouvoir tout court), lequel serait-ce ?
Y. : Un pouvoir très con mais peut-être un peu difficile à concrétiser : le pouvoir de mettre en place un petit tribunal qui me permettrait de balancer toutes les personnalités politiques et la plupart des industriels en prison puis de redistribuer leurs richesses et leurs privilèges aux plus démunis. Ce serait très chouette, comme petit pouvoir. Très jouissif. J’aurais juste besoin d’un joli costume avec une cape et un collant, j’ai déjà les Converse.
Un grand merci à Yod@ pour le temps qu’il nous a accordé. J’espère que cette interview vous aura plu, et je vous laisse avec mon strip préféré !
4 Comments
Kaiymu
06 Mai 2011 11:03Ok, c’est officielle, je me suis pissés dessus x).
Ne serai-ce que l’amirale et son « C’est une trappe » O/
Nico
04 Juin 2011 11:08Merci pour cette interview.
Je ne savais pas que l’auteur de ces strips était un quadra : vu l’humour potache, j’imaginais un jeunot de 20-25 ans.
Conclusion : l’humour et le sexe gardent jeune 😉
Lulla
11 Juil 2011 10:15Ha Ha Ha, pour le dernier gags !
J’ai pas compris. xD