Le Ghibli nouveau est là et c’est toujours un évènement en soi. Quoi de mieux pour commencer l’année que de se ruer dans les salles obscures pour le voir ?
Karigurashi no Arrietty, littéralement Arrietty qui vit en se faisant prêter des choses, traduit Arrietty le petit monde des Chapardeurs, est le dernier film d’animation du Studio Ghibli après Ponyo sur la falaise. Le studio japonais devant sa réputation au très grand Hayao Miyazaki nous honore environ tous les deux ans de l’une de ses nouvelles productions et c’est toujours avec beaucoup de curiosité qu’on les découvre. Arrietty le petit monde des Chapardeurs a été réalisé par Hiromasa Yonebayashi sur un scénario de Hayao Miyazaki, qui s’inspire du roman de fantasy pour enfants Les Chapardeurs, de Mary Norton.
Si vous vous demandez ce que sont les Chapardeurs, ne vous creusez pas les méninges trop longtemps. En effet, ces petites créatures ont déjà été transposées sur le petit et le grand écran ; vous les connaissez forcément. La version que vous connaissez le mieux est sûrement le dessin-animé Les Minipouss ! Mais il y a aussi eu un film sur le même sujet en 1997 avec John Goodman ; Le Petit Monde des Borrowers.
Maintenant vous savez ce que sont les Borrowers ; de petits humains de la taille d’une dizaine de centimètres vivant dans les murs de nos maisons et confectionnant leurs chez-eux avec des objets qu’ils viennent « chaparder » (d’où leur nom) chez les humains alors qu’ils ont le dos tourné.
Arrietty est l’une d’entre eux et vit avec ses deux parents dans une maison d’apparence plutôt calme. Tous les jours, le père de la jeune Chapardeuse sort de leur petit foyer en quête de nourriture, ou d’objets pouvant améliorer leur quotidien. Mais un jour, deux évènements viennent bouleverser leur vie. D’abord, c’est la première fois qu’Arrietty va accompagner son père en séance de chapardage ; elle s’y est durement entraînée et attendait ce jour avec impatience. Ensuite, c’est l’arrivée d’un petit garçon du nom de Shô dans la maison qui va bousculer Arrietty ; en effet, dès son arrivée, il l’aperçoit dans le jardin.
Horreur ! L’une des premières règles des Chapardeurs est de ne jamais, jamais, JAMAIS se faire voir des humains qui sont leurs pires prédateurs, auquel cas ils se verraient dans l’obligation de déménager. Et déménager pour un Chapardeur est une catastrophe en soi car la confection d’un foyer prend énormément de temps et représente beaucoup de dangers. En effet, ils doivent toujours chaparder les objets en petite quantité pour faire en sorte que les humains ne se rendent pas compte de leur présence en leurs murs…
Toutefois, Arrietty est très curieuse envers Shô. Même si elle le craint énormément, elle sent que ce petit garçon n’est pas un humain comme les autres et qu’il ne représente peut-être pas le danger dont sa mère l’a toujours mise en garde. C’est autour de la rencontre entre le garçon malade et la petite chapardeuse intrépide que va naître une amitié et que va tourner l’histoire…
Je ne m’étalerai pas plus ; ce Ghibli est une véritable réussite. Le monde des Chapardeurs est retranscrit avec énormément de poésie visuelle ; les animateurs du Studio Ghibli ont pris un soin infini à recréer un monde à l’échelle de ces petites créatures. Les objets de notre quotidien apparaissent en taille gigantesque et le tout est rendu avec une minutie rare. Les reliefs de la tapisserie, les choix des objets, les coups de pinceau (ou de stylet) donnent vie à ce petit monde plus vrai que nature. Les décors fourmillent de détails ; de la faune riche du jardin en passant par l’intérieur de la maison des Chapardeurs et la retranscription de la maison où vit Shô en taille humaine, tout a été pensé et retranscrit avec beaucoup d’intelligence et de poésie, faisant de ce film un grand moment de sérénité.
- La poésie, la sensibilité et l’humanisme qui se dégagent du film, autant scénaristiquement, qu’esthétiquement et auditivement parlant,
- L’identité Ghibli unique, ici très bien représentée,
- La beauté de l’animation et du dessin, et tous les détails visuels donnant une véritable cohérence à l’ensemble du film,
- Le fait que les adultes prendront tout autant de plaisir à voir ce bijou que les enfants,
- Ce studio d’animation traditionnelle qui arrive à faire la nique aux films de synthèse hyper médiatisés.
- Heuuu… Non, je ne vois pas, vraiment !
- Allez je fais un effort ; la légère petite mollesse aux trois quarts du film…
Arrietty le petit monde des Chapardeurs est visuellement magnifique et c’est un réel plaisir de redécouvrir notre monde depuis les yeux d’un Chapardeur.
Comme à son habitude, le Studio Ghibli nous ouvre la porte d’un monde merveilleux qui porte au rêve. Tout est plus vrai que nature, la beauté de l’animation traditionnelle ferait rougir n’importe quel long-métrage de synthèse 3D au budget survitaminé, la musique (faite par la harpiste française Cécile Corbel, cocorico !) transporte, les personnages sont attachants… Il n’est pas un doute, et Arrietty le petit monde des Chapardeurs le prouve une fois de plus ; les productions Ghibli ont une âme, et une personnalité unique que l’on ne retrouve qu’à travers leurs créations. Une très belle réussite de plus à voir au plus vite.