[Critique] Thor : Le Monde Des Ténèbres

Après un premier film plutôt moyen, le Dieu du Tonnerre revient dans nos salles avec Thor: Le Monde des Ténèbres. Alan Taylor aura-t-il réussi à redorer le blason du héros, ou est-ce encore un coup de marteau sur nos têtes ?

Thor se bat pour restaurer l’ordre à travers l’univers mais une ancienne race menée par le menaçant Malekith revient pour précipiter l’univers dans les ténèbres. Face à un ennemi auquel même Odin et Asgard ne peuvent résister, Thor doit s’embarquer dans son plus périlleux voyage jusqu’à ce jour, au cours duquel il retrouvera Jane Foster et sera contraint de tout sacrifier pour sauver l’humanité.

On prend les mêmes, et on ne recommence pas.

Ce qui est pratique avec les suites, c’est qu’on est pas obligé de se taper les origines du héros qui peuvent, lorsqu’elles sont assez mal foutues comme dans le premier film, plomber l’ambiance. De ce fait, on entre directement dans le vif du sujet dans ce nouveau Thor, et ce n’est pas un mal. On retrouve donc la majorité des personnages présents dans l’opus précédent dans une histoire qui ne menace pas simplement la Terre, mais l’Univers en entier, puisque le diabolique Malekith (Christopher Eccleston) compte y faire revenir les Ténèbres pour y régner. Pourquoi ? Parce qu’il est méchant, et… c’est tout. Mais nous y reviendrons. C’est l’occasion pour nous de découvrir un peu plus les Neuf Royaumes, mais surtout, de réellement voir Asgard. Dans le premier film, on passait finalement très peu de temps dans la cité des Dieux, et aussi belle était-elle, elle manquait clairement de vie, d’âme. Tout ceci est rectifié dans Le Monde des Ténèbres. Asgard est resplendissante, magnifique, vivante, peuplée et bénéficie même d’un léger redesign la rendant plus vaste. Les équipes d’Alan Taylor ont effectué un travail magistral, Thor 2 étant incontestablement le film le plus beau de l’écurie Marvel. On pourra émettre certaines réserves aux paysages ou aux vaisseaux des Elfes Noirs  directement sortis d’un Space Opera, mais force est de constater que ça fonctionne plutôt bien.

Finalement, Alan Taylor s’efforce de corriger tous les défauts inhérents au film précédent, tout en ajoutant parfois la touche Game of Thrones qui a fait son succès. On retrouvera d’ailleurs certaines scènes qui renvoient directement à la série, mais qui sont d’une beauté affolante. Tous comme les combats, bien souvent épiques et puissants, là dessus pour une fois, nous sommes gâtés.

Band of Brothers

La place des personnages secondaires a elle aussi été rectifiée. Quelle ne fut pas notre tristesse de nous rendre compte que la place des Warriors Three (Fandral, Volstagg et Hogun) fut des plus risibles. Et bien là encore, ça a changé, ceux-ci bénéficiant de leur propre petite scène d’action, tout comme Heimdall et même Frigga (la mère de Thor), c’est dire ! Bien entendu, ce n’est pas bien long, et l’effet est voulu puisque le film s’attarde sur une entre-aide bien dangereuse, celle de Thor et de Loki, aidée par une Jane Foster (Natalie Portman) qui sort enfin de son rôle de potiche. On pouvait craindre à la surdose de Loki, lui déjà grand méchant du premier film et de The Avengers, mais Tom Hiddleston montre qu’il en a encore sous le coude en incarnant une nouvelle fois à la perfection ce perfide personnage, mais pourtant si attachant. C’est clairement lui qui tire la vedette, chacune de ses apparitions étant un véritable délice et occasionne même le caméo le plus drôle de l’histoire des films Marvel, et je ne parle pas de celui de Stan Lee qui est pourtant bien placé.

Chris Hemsworth n’est lui non plus pas en reste dans son rôle de Thor. Puissant, sage, sensible mais pas pour autant niais, en un mot héroïque. Il était fait pour le rôle et le démontre à chaque fois qu’il prend la parole ou empoigne Mjölnir. D’ailleurs il impressionne dans les (nombreuses) scènes d’action que le film propose. Mais c’est vraiment lorsqu’il est accompagné de son frère que tout devient plus intéressant. Leur relation gagne en profondeur, malgré les actes de Loki. Le duo est parfait et est vraiment le point culminant de ce deuxième opus.

Désenchantement

Vous aurez remarqué que je n’ai pas abordé le scénario, pour la simple et bonne raison qu’il tient sur à peu près deux lignes. C’est pourtant bête, Marvel avait toutes les cartes en main pour faire de Thor: Le Monde Des Ténèbres un excellent film. Au lieu de ça, on se retrouve avec un film visuellement époustouflant, avec des personnages haut en couleur, mais une histoire bateau. Les raisons à tout cela ? Tout d’abord la durée du film qui ne permet d’exploiter au maximum l’univers du film. Thor 2 est le plus court des films Marvel (1h50), et forcément, ça se ressent énormément. On nous promettait les neufs royaumes, certes on les voit, mais pour certains c’est à peine quelques secondes. Avec quelques minutes de plus dans le film, on aurait pu assister à la visite de ces mondes, qui nous aurait vraiment émerveillé et rendu grâce au génial univers dans lequel baigne Thor. Mais non, on passera notre temps sur Asgard (même si nous avons vu plus haut que ce n’était pas pour nous déplaire) ou sur Terre pour la fin du film. Franchement dommage. Mais le plus grave et impardonnable dans le film est le traitement de Malekith. Il fait partie de ces méchants de film sans envergure, sans background. Il fut roi des ténèbres un jour, la lumière arriva et son empire s’écroula, son seul souhait étant de le rétablir à l’aide de l’Aether, un mystérieux fluide qui ramènerait les ténèbres lors de la convergence des neufs royaume. Voilà c’est tout. Malekith ne fait pas peur, il n’en impose pas, et pourtant il veut juste détruire l’univers. On peine donc à s’impliquer dans l’histoire, que l’on nous vend d’ailleurs comme ultra compliqué dans le film alors qu’elle est simple comme bonjour. Et c’est vraiment dommage lorsqu’on a à sa disposition un acteur de talent tel que Christopher Eccleston (Doctor Who) et de ne pas l’utiliser à bon escient.

Au rang des choses désagréables qui n’ont pas changé depuis le premier film, nous retrouvons cet horrible humour bas de gamme. Cette fois il n’arrive pas par les situations incongrus de Thor lorsqu’il est sur Terre, mais par l’infâme Darcy interprétée par Kat Dennings. Pitié Marvel, achevez là. Et qu’on m’explique pourquoi avoir fait du Dr Selvig le pitre de service. C’est affreux, abominable, complètement hors sujet et contraste bien trop avec les événements dramatiques qui se passent sur Asgard. Les films Marvel sont peut être tout public, mais je n’ai pas entendu un seul rire dans la salle à ces moments là. Les joutes verbales entre Thor et Loki auraient amplement suffit.

En Bref

Thor: Le Monde des Ténèbres est bien meilleur que son aîné, il n’y a pas de doute. Le traitement des personnages a été revu à la hausse, tout comme celui d’Asgard, formidable paysage vivant. Le duo Thor/Loki fonctionne à merveille, ce dernier volant une nouvelle fois la vedette à son frère par son génie diabolique. Cependant le film pêche par son scénario simpliste, son méchant à peine exploité et son humour bas de gamme. Vous y passerez tout de même un bon moment.

Pensez à rester pendant le générique, il y a deux scènes bonus, dont une qui annonce du très lourd !