Dans le futur, l’un des principaux atouts du TARDIS sera caduc : il sera possible de voir des dinosaures dans un parc d’attraction. Finis les paradoxes temporels, les effets papillons, les risques de se planter dans les réglages ! Colin Trevorrow nous montre que tout sera parfaitement sous contrôle dans son dernier film, le 4e de la saga entamée par Steven Spielberg (son ami et collaborateur de longue date). Enfin, sous contrôle… Au début ! Prenez place à bord de notre long courrier à destination de Jurassic World. Toute l’équipe et le personnel navigant de Kiss My Geek vous souhaitent un bon voyage.
Plus de 20 ans après la destruction de Jurassic Park sur Isla Nubar, un autre parc a ouvert ses portes. Si Jurassic World est le seul parc d’attraction au monde permettant d’admirer des dinosaures, il souffre néanmoins des mêmes maux que ses confrères thématiques : la lassitude des spectateurs grandit et le besoin de nouvelles attractions se fait sentir. Cette année, les dirigeants du parc ont décidé de voir plus grand en créant eux-même un hybride de dinosaure, plus impressionnant encore que le fameux Tyrannosaurus Rex, nommé Indominus Rex (un nom bien ridicule mais facile à retenir, de l’aveu même d’un des personnages principaux). Mais quand cette machine à tuer s’évade de son enclos, ce sont tous les visiteurs de l’île qui sont menacés de mort. La directrice des opérations du parc Claire Dearing (Bryce Dallas Howard) et le « dresseur » de raptors Owen Grady (Chris Pratt) vont alors tout faire pour mettre fin au cauchemar et sauver par la même occasion les neveux de Claire – Gray (Ty Simpkins) et Zach Mitchell (Nick Robinson) – venus profiter de leurs vacances pour visiter le site.
Capitalist Park
« Wow wow wow ! Attends Gizmo, Jurassic Park n’a jamais été un parc d’attraction thématique, c’était plutôt un zoo. » Moui bon c’est discutable mais je vois où vous voulez en venir et je suis plutôt d’accord. Mais on ne parle plus de Jurassic Park là, on parle de Jurassic World. Et ça change tout ! Ce parc n’a rien à envier à vos plus folles expériences dans Roller Coaster Tycoon ou plutôt Theme Park : des boissons hors de prix, des ballons gonflés à l’hélium, des véhicules en forme de boule pour vous promener en toute sécurité dans de gigantesques prés remplis de bêbêtes, des rivières où vous pouvez faire du kayak au milieu des brontosaures et autres gros lézards herbivores et même un espace enfant où les bambins peuvent monter des bébés tricératops comme s’ils étaient des poneys shetland. Sans oublier bien sûr le spectacle aquatique avec un mosasaure qui, lors de son dévoilement, a fait pleurer tous les orques et les dauphins des parcs d’attraction du monde entier, conscients qu’ils étaient de la fin de leur règne en tant que « facteur wow » du monde animal exploi… Euh, du glorieux règne animal, point.
Parlons un peu des personnages qui peuplent ce parc. On a la directrice des opérations Claire Dearing, une acharnée du travail montrée comme froide et peu humaine au départ, uniquement intéressée par les chiffres du parc (c’est un peu son job en même temps). On a également Owen Grady, un ancien soldat américain qui est un grand gentil mais aussi un grand aventurier et qui a créé avec les raptors dont il s’occupe un lien fort lui permettant, sinon de leur donner des ordres, au moins de les influencer. Il travaille avec Barry (Omar Sy) qui fait figuration. Non mais vraiment, son rôle est à peine plus développé que dans X-Men : Days of Future Past. On a évidemment l’équipe scientifique dont le Docteur Wu (BD Wong, présent depuis le premier opus), responsable du département Recherche & Développement. Le propriétaire du parc, le richissime Simon Masrani (Irrfan Khan), est également présent puisque tout arrive lorsqu’il visite son bien. Malgré sa richesse, il ne pense qu’au bien-être des animaux et à l’amusement des visiteurs. C’est un grand gentil. A l’inverse, il faut un grand méchant et c’est Hoskins (Vincent d’Onofrio) qui s’y colle en incarnant un ancien camarade militaire d’Owen qui veut à tout prix utiliser les dinosaures comme des armes. Il ne nous reste plus qu’à présenter les deux enfants – les neveux de Claire – Gray, un petit surdoué passionné de dinosaures et véritable tête à claque insupportable, ainsi que son frère Zach, sac à hormones de 16 ans qui ne pense qu’à draguer les filles sans se soucier de sa petite amie restée chez elle. Un consommateur dans l’âme en somme.
Vous l’aurez remarqué, on a peu ou prou les mêmes archétypes que dans Jurassic Park premier du nom dont le discours vaguement contestataire eu égard au capitalisme semble donc voué à se répéter. C’est d’ailleurs une critique que j’ai souvent entendue : « Jurassic Park critiquait déjà les dérives du capitalisme et le faisait mieux. » Sauf que non, Jurassic World ne critique pas les dérives du capitalisme mais dresse un constat cynique, défaitiste et un peu déprimant, celui de la victoire totale du capitalisme effréné. On le voit dès le départ puisque la fameuse musique d’émerveillement, celle qui couvrait la découverte des dinosaures dans le premier opus est ici utilisée pour la découverte du parc afin de souligner que c’est la consommation qui est maintenant célébrée, plus la découverte. Bien entendu, on voit des petites piques sur le sponsoring des attractions par exemple ou sur les terrariums Samsung qui font échos aux stades de sport AT&T et consorts mais cela relève plus de la blague que du message. Par contre, le film devient vraiment cynique lorsqu’on se rend compte que même le héros au cœur pur fait référence aux raptors avec des termes de consommateur, comme s’il les possédait. Dès lors, j’y vois un choix scénaristique intelligent et non une faute comme la plupart des critiques. Le traitement des visiteurs, dépeints comme des blasés perpétuels en manque de frissons, ne pensant qu’à dépenser leur argent pour faire des trucs bateaux avec des dinosaures (le kayak, les poneys, tout ça, je reviens pas dessus) – lesquels ne les impressionnent même plus – vient confirmer ce tableau cynique. Le film a parfaitement compris son époque, le montre dès les 10 premières minutes et, honnêtement, ça m’a fait un peu peur. J’ai craint de m’ennuyer.
Mais ne partez pas trop vite ! Je vous rassure, Jurassic World n’est pas du tout un film chiant avec un message cynique implacable cherchant à culpabiliser son audience. Ce n’est pas non plus un film à la démarche cynique et dégueulasse. C’est un film grand public, un blockbuster maîtrisé et très divertissant. Je voulais juste évoquer le sous-texte qui me semble avoir été mal perçu par beaucoup (ou du moins que je lis différemment de la plupart des critiques sur lesquelles j’ai jeté un œil). Passons maintenant au principal : est-ce qu’on s’éclate en regardant ce 4e volet ?
Nanarosaurus Rex
Le scénario de Jurassic World tient sur une serviette en papier abandonnée dans un McDo de province, remplie de mayonnaise qui n’en a que le nom : un parc avec des dinosaures, des scientifiques qui créent un dinosaure super balèze et très intelligent, le chaos dans le parc avec des dinos qui tuent des gens, des gentils qui vont sauver le monde. Rien de nouveau là-dedans, c’est plus ou moins la formule du 1er Jurassic Park. Mais là où ce dernier entendait donner une impulsion relativement sérieuse (d’aucuns disent documentaire mais là, ça me paraît quand même grandement exagéré), le nouveau né décide de la jouer divertissement pur et – n’ayons pas peur des mots – nanar à gros budget. Je n’exagère pas, tous les codes du nanar sont respectés : Les personnages uni-dimensionnels (dont quelques têtes à claques), le scénario peu crédible, les rebondissements impossibles, l’action à foison, l’intervention militaire qui empire la situation, le manichéisme, les punchlines marrantes, les références à n’en plus finir et même la scène finale que je me refuse évidemment à vous spoiler mais qui rappelle les grandes heures des films de Godzilla… Seule entorse au cocktail : c’est bien fait. Les effets spéciaux sont superbes, la réalisation est sobre mais efficace, les acteurs sont bons. Bref, on a affaire à une sorte de nanar techniquement irréprochable. Evidemment, si vous n’avez pas l’habitude des nanars, vous aurez juste l’impression d’assister à un blockbuster qui ne tient pas vraiment debout mais qui tient sa promesse de divertissement, ce qui est déjà très bien. Mais personnellement, j’ai été bluffé par la maîtrise des codes, la réappropriation des ficelles et l’incorporation dans un produit grand public.
Le nouveau dinosaure en est un parfait exemple. Les effets d’annonce se voient venir de loin pour qui connaît ce genre de films, certaines phrases sont si typiques qu’on peut annoncer ce qu’il se passera une demi heure plus tard (et qui utilisera donc la phrase en question) et pourtant jamais on n’a envie de soupirer. Oui, on voit venir qu’il va être super intelligent. Oui, on voit venir qu’il a bénéficié d’un cocktail d’ADN d’espèces variées qui vont le rendre ridiculement dangereux. Oui, on devine quand il va apparaître. Et alors ? On s’en fiche complètement parce qu’on veut simplement continuer à boire ce qu’on nous offre comme du petit lait.
Emerveillé par les images, on ne peut que passer son temps à apprécier l’action, à sourire en voyant arriver un poncif amusant, à succomber à la nostalgie à chaque référence aux anciens films, aux situations qui se répètent. Certes, certains gags sont un peu lourds mais franchement, rien d’alarmant. Le seul petit reproche que je pourrais faire au film, c’est un traitement un peu étrange du personnage de Claire qui semble dire qu’une femme célibataire sans enfants n’a forcément pas de cœur et que, dès qu’elle le trouve, elle veut un homme et de la marmaille. Mais je ne peux m’empêcher de me demander si ça ne fait pas aussi partie des clichés dont l’équipe a voulu s’amuser. Cette question reste ouverte en ce qui me concerne.
TL;DR
Jurassic World est un blockbuster de très bonne facture qui ne se contente pas de jouer sur la nostalgie des fans du premier opus. On ne peut pas véritablement le comparer à son aîné parce que la démarche n’est pas la même (je suppose que c’est pour ça qu’il ne s’appelle pas Jurassic Park 4) mais si l’on doit choisir une seule des trois suites au classique de Spielberg, Jurassic World remporte la palme haut la main. Si vous aimez l’action, les effets spéciaux réussis, les dinosaures, les films pop-corn et les punchlines pourries mais rigolotes, foncez le voir !
Divertissement massif
Avec ses effets spéciaux de qualité, son rythme ininterrompu, ses DINOSAURES (franchement, il vous faut d'autres raisons ?), vous auriez tort de passer à côté de Jurassic World.
9 Comments
Eskarina
19 Juin 2015 1:44On est d’accord o/
Chase
19 Juin 2015 2:52DE LA SAUCE POMME FRITE. C’est pas de la mayo chez McDo, c’est de la SAUCE POMME FRITE.
Gizmo
19 Juin 2015 3:39Ah zut ! Il faut vraiment que je retravaille mes connaissances McDonaldistiques 😛
Kyra
23 Juin 2015 10:55Je meurs d’envie d’aller le voir maintenant !
Matty
23 Juin 2015 6:35Ce qui m’a marqué dans Jurassic Park, ce sont les dinosaures, très réalistes, et l’idée du clonage dans le but de créer un parc d’attraction !
Jurassic World est un succès en ce sens, puisqu’il montre l’évolution du parc et les prouesses techniques associées à son développement.
On retrouve une morale, des effets spéciaux détonants, et un duo comique très réussi.
Bref, JW est à la hauteur des attentes, c’est un bon blockbuster qui change les idées, ce n’est pas un chef d’oeuvre, mais un excellent divertissement !
Kyra
24 Juin 2015 3:26Et une personne de plus qui me donne envie de le voir !
Kyra
26 Juin 2015 5:38Je viens de le voir et j’avoue que je ne me suis pas ennuyée une seconde ! Du grand spectacle mais du bon ! Et s’il y a un nouveau Indiana Jones il faut que ce soit Chris Pratt, il a vraiment du charisme et je le verrais bien porter le chapeau (et le fouet, ok je sors).
Gizmo
01 Juil 2015 12:02Chris Pratt en Indy ? Ca pourrait être cool à voir, oui 😀 Il va falloir qu’il fasse attention à ses choix en tout cas parce qu’il va être de plus en plus demandé 😉
Kyra
01 Juil 2015 3:42Ce serait énorme ! Il est génial cet acteur, et en plus il a eu un parcours atypique pour en arriver jusque là. Dire qu’il était obèse avant… Maintenant c’est une baraque de muscles mais qui a gardé son côté nounours. Dans Jurassic World il est séducteur, un peu macho, pas frileux, bref, un bon profil pour incarner Indiana. On espère ^^