[Critique] Deadpool

Outsider de l’année, le mercenaire disert a enfin son propre film. Après une promotion délirante, Deadpool est-il à la hauteur des attentes ? La réponse tout de suite.

Et la réponse est oui. Et non. Mais le non est pour pinailler et on reviendra là dessus plus tard.

Maximum Effort

Au rang des trucs improbables, une adaptation de Deadpool, avec Ryan Reynolds, produite par la Fox, réalisée par un quasi-inconnu – Tim Miller étant plutôt spécialisé dans les effets spéciaux – et en plus Rated-R, ça se pose là. Après la déconvenue apportée au personnage dans Wolverine: Origins (j’en frissonne), la fine équipe avait à cœur de rendre hommage au personnage le plus déjanté de l’écurie Marvel. Et ça fonctionne, ça fonctionne très bien ! Le personnage que vous verrez à l’écran EST Deadpool, ni plus ni moins, pas aseptisé comme certains le redoutaient, mais bien taré et avec la langue bien pendue. De fait, le film fait figure d’OVNI dans une période d’adaptation de comics plutôt lisse et tout publique, il fallait oser. Ça jure, ça tranche des bras, ça montre des têtes exploser en gros plan, ça rigole de tout – mais surtout de ce qui se passe sous la ceinture – et mon dieu que ça fait du bien une oeuvre qui ne se prend pas la tête, aussi décomplexée. Alors, pour sûr, ça ne plaira pas à tout le monde puisque cela ne vole jamais bien haut. Ça passera, ou ça cassera, c’est certain. Mais si on accroche, il est impossible de résister à l’humour souvent stupide, certes, mais tellement référencé, tellement bourré d’auto-dérision, tellement sincère dans la démarche qu’il impose une efficacité redoutable. Et ça, on le doit majoritairement à Ryan Reynolds qui n’avait qu’une seule destinée : jouer Deadpool. On n’aurait pas trouvé meilleur interprète. A côté de ça, on retrouve un Ed Krein parfait en méchant basique qui mérite de se prendre des claques, un T.J. Miller un peu beauf et une Morena Baccarin aussi splendide que drôle. Un casting pas forcément haut de gamme mais qui fait bien son taf.

Liam Neeson Nightmare

On se marre jusqu’à en avoir des crampes, oui, mais la copie de Tim Miller n’est pour autant pas parfaite. La faute à un scénario assez décousu basé sur des flash-backs racontant l’origin story du mercenaire et s’intercalant au beau milieu d’une scène d’action. Alors si, d’un point stylistique, ça peut fonctionner en rappelant le morcellement du cerveau de ce bon vieux Wade Wilson, sur la forme ça coupe un peu la chique en plein milieu d’une fusillade dont on attend impatiemment la suite. Et ceci amène directement au seconde défaut du film : son manque d’ambition. Alors qu’on soit d’accord, avec les bollocks de sortir un film aussi déjanté avec le logo Marvel relève du petit exploit, mais l’annoncer comme un film de super-héros pas conventionnel était sûrement quelque peu présomptueux. Pourquoi ? Parce qu’au final quand on regarde le scénario, l’on voit le cheminement très linéaire et habituel du personnage blindé de pouvoirs qui cherche le vilain bad guy et fini par sauver l’innocent. Et ça, excusez moi Monsieur Miller, mais je l’ai déjà vu mille fois. Lorsque l’on se rappelle d’un Kick Ass ou d’un Super qui avaient réussi à démystifier le genre et à en jouer, on peut nourrir quelques regrets. Enfin, et c’est le fanboy qui va parler et je m’en excuse d’avance, c’est très sympa d’avoir intégré un Colossus physiquement irréprochable, mais pourquoi en avoir fait un idiot plein de bonnes paroles niaises ? Pourquoi ne pas avoir fait de distinction entre le Wade Wilson pré-mutation et Deadpool ? Cela aurait eu plus de portée de voir que c’est sa transformation qui l’a rendu aussi fou. Et puis, mince, Deadpool ne fait pas que des blagues de cul bon sang. Mais ça, c’était pour pinailler.

Twelve bullets

Côté action par contre, malgré le manque de budget (à peine un peu plus que le salaire de Robert Downey Jr. pour Avenger 2, ouioui), c’est très très maîtrisé. Tant aux niveaux des effets spéciaux que des cascades, d’ailleurs. Oh bien entendu il ne faut pas s’attendre à une débauche d’explosions, mais plutôt à des combats hyper chorégraphiés, des mouvements dantesques qui rappellent le dynamisme et les poses improbables de Deadpool version papier. Et ça, mes amis, c’est chouette. Bon par contre, il n’y a que deux véritables scènes de castagne. Mais elles sont longues. Ouf. Côté musique par contre, c’est la déception. Oh vous retrouverez les titres entendus dans la bande annonce, ce qui est un bon point, mais avec un Junkie XL qui sort récemment d’une véritable prouesse sur Mad Max, on s’attendait à mieux. Dommage.

En bref

Allez, les défaut c’était pour pinailler. Malgré quelques baisses de rythme et un côté étrangement conventionnel dans le scénario, Deadpool est un film tellement loufoque que vous retrouverez quelques traces dans votre calbut. Enfin, ça, c’est uniquement si vous êtes réceptifs à un humour un peu gras et référencé. Oh, et restez pour la scène post-générique.