Le dernier mastodonte Marvel est enfin sorti. Adapté du comics du même nom adoré par les fans, Captain America: Civil War était aussi attendu que craint. Véritable suite de Captain America 2 ? un Avengers 2.5 ? A quoi faut-il s’attendre avec le nouveau film des frères Russo ?
Eh bien, un peu de tout ça à vrai dire. Captain America: Civil War est le véritable point de convergence de (presque) toutes les trames scénaristiques imbriquées dans le Marvel Cinematic Universe. On pourrait donc en effet parler de Captain America 3, Avengers 2.5 voir Iron Man 4 (si tenté qu’on ne donne pas ce rôle à Age of Ultron). Diantre, c’est même une suite à Ant-Man si on cherche la petite bête. C’est à se demander pourquoi ce film n’est pas celui qui a terminé la Phase 2. Et tout ceci est bien logique, adapter Civil War ne peut se faire en un film, c’est impossible. Il fallait placer progressivement les briques qui amèneront nos Avengers à se mettre sur la tronche au sujet d’une loi visant à ce que l’ONU les supervise. Cela se passe par une prise de conscience de Tony Stark débutée dans Iron Man 3, au refus de suivre aveuglément les règles de Steve Rogers, en passant par les destructions occasionnées par leurs batailles pour sauver la planète. Faut-il pour autant avoir tout vu ? Oui et non, le scénario est assez malin pour vous faire comprendre ce qui se passe.
Parce que, oui, sans être transcendant, le scénario est malin. Bien conscients de ne pouvoir adapter fidèlement le comics d’origine, les scénaristes ont trouvé des moyens détournés pour nous raconter une histoire qui s’imbrique parfaitement dans le MCU, tout en gardant la trame de fond de la place du super-héros dans la société. Mieux encore, ils le font sans lourdeur, sans passage à vide. Et pourtant le film est bavard, il prend son temps, ce qui évite l’écueil du combat facile et stupide. Les personnages discutent entre eux, débattent, tout en s’enfonçant dans leur profond désaccord. Si avant le film vous vous demandiez pourquoi ils se battraient, vous comprendrez qu’il ne pourra en être autrement. Et le tour de force, c’est d’arriver à nous faire changer de camp bien deux ou trois fois durant le visionnage. Chacun a raison, chacun a tort, c’est plutôt bien joué. D’autant plus que Civil War adopte une posture plutôt intimiste qui va si bien aux personnages Marvel. Ce ne sont pas des Dieux, ce sont des êtres humains, ils ont leurs doutes, leurs faiblesses et ils font inéluctablement des erreurs de jugement. En résulte que ce ne sont pas des êtres surhumains qui s’affrontent, c’est une véritable famille qui s’est façonnée et soutenue au fil de leurs aventures qui explose sous nos yeux.
Si le film ne s’enfonce pas dans la lourdeur de ses dialogues, c’est aussi parce qu’il est extrêmement bien rythmé, alternant assez souvent avec des scènes d’action qui n’apparaissent pas ici comme un cache misère façon Age of Ultron. Et ça aide grandement à maintenir le spectateur en éveil, surtout avec la quantité de personnages qui passent à l’écran. Vous y retrouverez la quasi-totalité des Avengers déjà croisés, et croyez le ou non, aucun ne fait de la figuration. Bien entendu, Captain America, Tony Stark et Bucky prendront le plus de place, mais les second rôles auront tous leur petit moment bien trouvé. Civil War se targue même d’ajouter deux héros à la mythologie avec Spider-Man et Black Panther qui sont en passe de devenir des véritables fan favorites, le premier par son retour attendu à la maison mère extrêmement réussi, le second pour sa technique de combat ultra classe. D’ailleurs, les combats en général prennent une tournure rarement vu chez Marvel Studios puisque bien plus viscéraux, percutants. Caméra à l’épaule, les frères Russo filment une nouvelle fois les scènes aux plus proches de l’action, avec des ratés au début du film, mais aussi avec brio, notamment sur la scène de l’aéroport qu’il sera très difficile de détrôner en terme de baston épique dans un film de super-héros.
En somme, Captain America: Civil War n’est pas qu’une convergence scénaristique du MCU, il regroupe aussi tout ce qui s’est fait de mieux dans cet univers. Hélas, il emporte aussi tous les défauts inhérents à la franchise. A commencer par cette photographie toujours aussi fade, grisonnante, faisant perdre tout intérêt réellement cinématographique au film puisqu’il ne possède ainsi quasiment aucune identité en se rapprochant d’une image façon série télé. C’est l’un des soucis majeurs de Marvel Studios qui fait passer leurs films pour des produits formatés. Fort heureusement, ils sont plutôt forts pour nous raconter des histoires et créer des personnages vivants et attachants. C’est d’ailleurs le seul cas où l’on parle du studio en lieu et place des réalisateurs, preuve du faible impact que ces derniers donnent l’impression d’avoir. On notera aussi une partition musicale complètement ratée, ce qui s’avère étonnant de la part de Henry Jackman, mais aussi un usage de l’humour parfois un peu lourd et justifié uniquement pour désamorcer quelques situations sûrement trop dramatiques pour la franchise.
En bref
Civil War réunit tout ce que Marvel Studios a produit de meilleurs, mais n’a pas oublié de rameuter les défauts de la franchise. Pour autant, la différence de ton fera la différence avec les autres films du studio et ne peut être vu comme un énième Avengers. Malgré un scénario un peu faiblard, quoique très malin, le film des frères Russo s’avère être un excellent divertissement qui donne un bon coup d’air frais au genre. Voilà ce qui se passe quand on comprend ses personnages.