A l’ère de l’ultra-connectivité et des réseaux sociaux, Watch Dogs 2 tire la sonnette d’alarme. Le jeu veut renouveler la licence et la rendre plus attractive pour le public. Pari réussi? KMG vous dévoile la vérité, faites-en ce que vous voulez.
Deux ans après la sortie de Watch Dogs, Ubisoft Montreal remet le couvert. Watch Dogs lançait à l’époque une nouvelle licence pour Ubisoft. Le gameplay est axé sur le hacking des objets connectés afin d’utiliser l’environnement comme un outil ou une arme pour le joueur. Un concept qui trouve alors son public et ouvre une nouvelle porte pour une licence annualisable chez Ubisoft. Et ainsi arriva: Watch Dogs 2.
We are Legion
Watch Dogs 2 vous place dans la peau de Marcus, jeune hacker brillant et swag de San Francisco. Marcus, alias Retr0, se fait remarquer par un groupe d’activistes du numérique du nom de DedSec, sorte d’Anonymous funky de la côte Est. Après avoir intelligemment supprimé son profil de la banque de données du ctOS, le grand projet de ville connectée, Marcus intègre DedSec et décide de montrer au peuple américain à quel point le ctOS, c’est mal. Et pour cela, rien de mieux que de faire des vidéos sur la toile pour dénoncer les manipulateurs.
On est donc déjà bien loin de la quête de vengeance personnelle d’Aiden Pearce à travers le Chicago du premier opus. Ce second volet nous rapproche plutôt de l’internet contemporain rempli de trolls, de nyan cat et de pop-art. Tout dans l’ambiance du titre nous rappelle d’ailleurs ce pan obscur de la culture underground. Que ce soit des dialogues bourrés de références aux affiches et graffitis sur les murs de la ville.
Je dois l’admettre, je n’accroche pas à cette ambiance dans Watch Dogs 2. J’avais réussi à rentrer dans l’histoire d’Aiden Pearce, malgré son charisme inexistant, qui m’avait touché et motivé pour avancer dans le jeu. Chez Marcus et son groupe DedSec, j’ai l’impression de manger du « lol » et de l’arc-en-ciel à chaque minute. Mélanger GTA avec 4chan pour voir ce que cela donne. Cependant, le jeu trouvera certainement son public, notamment chez les accros du net des plus jeunes générations.
Big Brother
L’idée est donc d’emmener Marcus à travers différentes missions de justicier. Dénoncez les agissements de Blume (société possédant le ctOS), Nudle (le moteur de recherche) ou encore iNvite (le réseau social) et gagnez ainsi des followers. Les followers remplacent l’expérience et plus le nombre est important, plus vous pouvez débloquer des compétences afin de faciliter votre tâche.
Watch Dogs 2 est bien plus léger et drôle que son prédécesseur. Et ceci ne poserait pas de problème si le jeu n’était pas un Watch Dogs, basé sur les mêmes mécaniques. Il y a ici un décalage complet entre le ton léger et l’humour des membres de DedSec, et les méthodes employées pour arriver à vos fins. A titre d’exemple, l’une des premières missions du jeu vous propose de voler la voiture star d’un blockbuster. Mission amusante et légère au menu. Mais pour y arriver, vous pouvez tout simplement sortir votre arme à feu et descendre tous les gardes du studio de cinéma, descendre les flics qui vous poursuivront ensuite et rentrer chez vous tranquillement avec votre butin pour rire avec vos amis…
N’est-ce pas là quelque peu démesuré? Il y a un sérieux problème entre le contenu coloré, joyeux et bariolé et la liberté du joueur d’assassiner impunément au nom du lol… Je ne suis habituellement pas dérangé par cela, et je m’amuse largement sur GTA. Mais ici, la sauce ne prend pas et le discours pro-justice et citoyen est en opposition totale avec les possibilités du joueur.
Killing Spree
Sur le gameplay, Watch Dogs 2 reprend les succès du premier et ajoute quelques nouveautés qui font du bien. Notamment, la possibilité de contrôler une voiture télécommandé ou un drone pour survoler et repérer les lieux de vos missions. Cela ajoute une nouvelle façon d’approcher les objectifs et d’utiliser l’environnement. Votre smartphone permet toujours de contrôler les caméras du ctOS ou de faire sauter certains équipements électriques afin de vous débarrasser des ennemis.
Une nouvelle fonctionnalité fait cependant son apparition, et elle facilite grandement la vie du joueur. Il est désormais possible de faire arrêter un ennemi par la police, ou de commanditer son assassinat par un gang. Cela peut sembler anecdotique, mais vos adversaires ont la fâcheuse tendance de tirer à vue sur ceux qui viennent perturber leur ronde. L’action mènera généralement à des guerres entre police et gangs, permettant de faire un nettoyage complet de la zone sans aucune intervention de votre part.
Les missions sont très variées. De la mission d’infiltration au vol qualifié, en passant par le hacking du PC d’un PDG, vous passerez de nombreuses heures à rendre San Francisco plus vivable. A cela s’ajoute les missions multijoueurs. Vous pouvez rejoindre un autre hacker pour réaliser une mission en coopération (ou dans un chaos total). Certaines missions multijoueurs s’insèrent parfaitement bien dans votre partie solo. D’autres joueurs pourront entrer dans votre partie pour vous « hacker », à vous de les débusquer et de les neutraliser avant la fin du temps imparti.
Some flowers in your hair
Watch Dogs 2 fait cependant la part belle à son principal protagoniste: San Francisco. La ville et ses environs sont bourrés de surprises, de quartiers et de paysages plus variés les uns que les autres. Il n’est pas rare de s’arrêter quelques minutes sur un trajet pour simplement admirer le décor. Et Marcus possède même une application photo sur son téléphone qui vous permettra de réaliser selfies et autres clichés pour votre album.
Comme pour Assassin’s Creed, Ubisoft ferait presque passer son histoire et son héros au second plan, pour laisser le joueur en explorateur de la ville. On y découvre des passages, des secrets, des monuments, des instants de vie qui rendent le tout vivant sous nos yeux. La météo et l’alternance du jour et de la nuit rendent d’ailleurs la ville encore plus magique, l’heure ou le temps modifiant le paysage. Enfin, il serait dommage de ne pas être touché par la beauté du ciel nocturne au-dessus du Golden Gate…
Les graphismes du jeu sont particulièrement réussis et contribuent à la beauté du titre. La conduite reste encore trop rigide, que ce soit en voiture ou en moto. Mais vous pouvez désormais prendre un voilier pour parcourir la baie. Quelque part, Watch Dogs 2 est un jeu de promenade. Y jouer uniquement pour hacker serait passer complètement à côté du point fort, la ville. La musique est d’ailleurs omniprésente pour accompagner votre visite. Les playlists des autoradios sont suffisamment vastes pour vous permettre d’y trouver votre bonheur.
Le mot de la fin
Watch Dogs 2 reprend la licence débutée en 2014 tout en lui faisant un lifting complet. Exit Chicago et les problèmes personnels d’Aiden Pearce, San Francisco et les social justice warriors sont dans la place. Sur le fond, on est sur un jeu radicalement différent. Sur la forme, les joueurs retrouvent leurs repères et la joie d’utiliser la technologie pour apporter la justice face à la mondialisation. Les nouveautés de gameplay fonctionnent, et renouvellent les approches. Mais la grande réussite du titre, c’est San Francisco elle-même. Rien que pour parcourir la ville et ses environs, le jeu mérite votre attention. Le gros bémol reste le décalage flagrant entre le ton léger et pop de Marcus et ses collègues, et les tueries massives que vous pouvez réaliser pour remplir vos objectifs. Aiden Pearce avait une excuse pour le justifier, Marcus non. Finalement c’est peut-être ça le but de Watch Dogs 2: montrer au joueur que le monde virtuel, aussi amusant soit-il, n’est pas déconnecté de la réalité. En tout cas, Watch Dogs 2 lui, il l’est.
On a aimé :
- San Francisco
- L’infiltration par drone ou robot
- Les guerres de gangs programmées
- Le multijoueur discrètement présent
On a moins aimé :
- L’ambiance pop-art et lol omniprésente chez DedSec
- Le décalage entre l’ambiance du groupe et les moyens utilisés
- L’IA qui porte honnêtement assez mal son nom
Craquez vos PO si :
- Vous avez toujours voulu devenir un pirate informatique
- Nyan Cat vous manque
- San Francisco vous fait rêver, balade virtuelle garantie
Quittez la partie si :
- Vous avez détesté le gameplay de Watch Dogs
- Les mondes ouvert à la GTA vous déplaisent
- Vous hackez déjà dans la vraie vie
The Matrix
Watch Dogs 2 a réussi à sublimer le gameplay du premier opus, mais choisi également d'orienter son scénario vers les lanceurs d'alertes. Un choix qui s'axe sur la culture internet lol et pop et qui peine à tenir la route face aux méthodes musclées de Marcus. Le multijoueur s'intègre parfaitement dans le jeu et viendra apporter des défis en cours de partie solo. Mais la cerise sur le gâteau, c'est San Francisco qui est véritablement la merveille de ce jeu. Rien que pour l'admirer et la parcourir, Watch Dogs 2 mérite qu'on y passe du temps.