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[Test] Teenage Mutant Ninja Turtles : Mutants in Manhattan

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En cette fin de mois de Mai, la météo pas si clémente nous mine un peu le moral. Mais heureusement, ça veut aussi dire qu’on peut se consoler avec les deux meilleures choses jamais inventées : les pizzas et les jeux vidéo. Ca tombe bien, le jeu dont on va parler aujourd’hui réunit les deux puisqu’on connaît tous la passion dévorante des chevaliers d’écailles et de vinyle vis-à-vis des produits qui font la fortune de Domino’s (et Pizza Hut, Pizza Paï, Rabbit Pizza et même Don Milano, la petite enseigne juste à côté de mon boulot). Alors on sort tous son meilleur cosplay et on fonce avec les quatre tortues d’enfer pour sauver New York dans Teenage Mutant Ninja Turtles : Mutants in Manhattan.

 

Je ne vous cache pas que j’ai fait mon gros fanboy de base. Le nom de PlatinumGames est le seul responsable de ma hâte de me procurer ce jeu. Loin d’attendre une claque comme Bayonetta, j’étais néanmoins impatient de découvrir un jeu aussi fun que Transformers : Devastation mais dans un univers qui me parle plus. TMNT : Mutants in Manhattan permet au joueur de contrôler les 4 reptiles aux noms d’artistes pour déjouer les plans de Krang et de Shredder. Il leur faudra donc affronter leurs sbires au fil des niveaux pour faire avancer l’intrigue afin qu’April et Leonardo découvrent la vérité et pondent un plan pour empêcher la destruction de la ville. Cher lecteur, prépare tes petits doigts, il va falloir en faire du button-mashing pour venir à bout de ce beat’em up.

 

Il faudra que les 4 tortues coopèrent pour venir à bout des plus terribles dangers comme... Cette grosse plaque d'égouts.
Il faudra que les 4 tortues coopèrent pour venir à bout des plus terribles dangers comme… Cette grosse plaque d’égouts.

 

TMTC : Platinum a de bonnes idées

 

Pour venir à bout des nombreux ennemis qui jalonnent la progression du jeu, PlatinumGames s’est appuyé sur la base de son précédent effort (Transformers pour ceux qui ne suivent pas) en remplaçant le système d’upgrade des armes par un nouveau système de ninjutsu, des techniques spéciales que l’on peut équiper aux quatre tortues et qui permettent soit de générer beaucoup de dégâts, soit de soigner nos amis à carapace. Certaines de ces techniques requièrent que plusieurs tortues soit géographiquement proches sur la map et de toute façon la proximité des frères améliore l’efficacité de chacun des personnages (en gros, ils frappent plus fort). Chaque tortue peut également être « personnalisée » avec un ou plusieurs charmes (selon le niveau de difficulté), des objets visant à améliorer telle ou telle statistique – la vitesse de déplacement, le temps d’utilisation des objets glanés au fil des niveaux, un boost des points d’entraînement (les points « XP »), et cætera – que l’on peut modifier pour amplifier certains effets. En dehors de ça, les tortues se jouent de la même façon et sont totalement interchangeables. Dans les nouveautés, on notera également la possibilité de tuer un ennemi en un seul coup s’il n’a pas repéré la tortue. Un élément stealth qui promet d’ajouter une dose de stratégie au soft, surtout lorsqu’on le couple à la capacité des disciples de Maître Splinter d’escalader les murs et donc d’imaginer des trajets un peu originaux. Évidemment, TMNT : Mutants in Manhattan étant un jeu signé PlatinumGames, une esquive bien timée apportera un avantage en permettant au personnage d’arriver directement dans le dos de son aversaire.

 

Ces éléments ainsi que le reste du gameplay (par exemple les sempiternelles bases du déplacement) sont introduits dans un tutoriel hors story mode que le jeu conseille de découvrir au premier lancement. Une bonne idée puisque ça évitera d’avoir à nouveau ces phases d’apprentissage à chaque run (le principe de ce genre de jeux étant d’arpenter de nombreuses fois les niveaux). Vous l’aurez compris, TMNT : Mutants in Manhattan est très bien parti sur le papier et – pour peu qu’on aime ce genre de jeux – on ne peut qu’être impatient de plonger dans la bagarre.

 

Michelangelo se la pète
Michelangelo se la pète

 

Le papier ça vend du rêve mais ça ne fait pas des jeux vidéo. Dès le premier chapitre, on se retrouve dans une map (qui fait penser à la première de Transformers Devastation) remplie d’ennemis et on comprend vite que la théorie – et notamment les esquives – ne va pas nous être d’un grand secours. Il va plutôt falloir jouer des coudes en mashant les boutons d’attaques faible et forte pour venir à bout de ces hordes de ninja dont la barre de vie résiste à plusieurs coups. Tant mieux, le jeu n’est pas trop facile, ce n’est pas un musou où chaque ennemi tombe au premier coup. Les 4 frères vont vraiment avoir du pain sur la planche. En solo, l’IA se charge des 3 tortues non jouées et il est possible de switcher entre nos héros à la volée pour optimiser l’utilisation des ninjutsu notamment. Toutefois, TMNT : Mutants in Manhattan bénéficie également d’un simili-contrôle sur ces IA grâce à un système d’ordres basiques : « allez-y à fond » pour que les tortues se lâchent, « suivez-moi », « protégez-moi » et « attendez ». Ce dernier ordre peut par exemple être utile si vous voulez faire un peu d’infiltration, notamment avec le ninjutsu stealth qui vous rend invisible. Une autre très bonne idée donc.

 

OULAKATA le cri des ninjas !

 

Tout ça c’est bien joli mais je vous l’ai dit : les maps sont remplies d’ennemis. Les esquives sont donc peu efficaces, l’action peu lisible (surtout avec les pouvoirs très colorés des tortues), les possibilités réduites et le tout assez fouillis au final, surtout quand on prend en compte la caméra qui a tendance à faire n’importe quoi (c’est particulièrement vrai dans le repaire de Krang, quelle horreur !). On se retrouve donc à répéter ad nauseam les mêmes coups – car il faut noter qu’il n’y a pas de combos en soi, simplement des possibilités d’associer quelques ninjutsus mais rien de plus – pour temporiser et attendre la recharge des attaques spéciales. Ces cooldowns sont améliorables tout comme de nouveaux coups sont achetables à la fin de chaque niveau avec les points d’entraînement mais ne vous attendez pas à en faire en boucle. Il vous faudra switcher entre vos 4 tortues pour mettre à profit vos 16 coups spéciaux au bon moment. Ca paraît normal puisque ce sont des coups spéciaux mais le gameplay de base étant d’une simplicité un peu trop poussée, l’expérience de jeu en pâtit. Si on ajoute la résistance hors normes des ennemis (même les plus basiques), on se retrouve avec des combats souvent longs et assez fades. Même les objets que l’on peut trouver par dizaines dans les niveaux sont virtuellement inutiles tant ces armes supplémentaires et éphémères produisent des dégâts ridicules. A part la pizza qui redonne de la vie, vous pouvez tous les oublier.

 

En fin de niveau, une cinématique introduit toujours un boss. Ca paraît bête mais ça, ça fonctionne très bien. Déjà parce que la direction artistique est vraiment sympa, avec un chara design coloré et respectueux des personnages, mais aussi parce que l’humour typique des tortues y est omniprésent – tout comme dans toutes les cinématiques du jeu d’ailleurs. Alors c’est sûr : ce n’est pas toujours très fin et aucun poncif ne nous est épargné (même pas le fameux « all your base are belong to us » dont personne ne peut plus) mais il faut reconnaître qu’on se retrouve en territoire connu avec un esprit fun et cool directement tiré des dessins animés de notre enfance. Les boss sont tous des têtes connues comme Bebop et Rocksteady évidemment mais aussi Karai ou Wingnut. Ces combats sont l’occasion de mieux lire l’action puisqu’on se focalise sur un seul ennemi et on peut donc réellement utiliser les ninjutsus notamment. Mais même eux sont finalement assez décevants. Ces affrontements supposés marquants ne sont jamais difficiles et se contentent souvent d’affubler la cible de beaucoup de vie (chaque boss a 7 barres de vie [!] à l’exception de Wingnut qui en a 14 – car il a 2 phases – et Super-Shredder qui en a 9) et de lui donner un mode berserk quand on entame les deux dernières barres. Pas de patterns compliqués à apprivoiser, pas même de phases très différentes. Tout ça sent un peu le service minimum.

 

Bebop et Rocksteady, de bonnes têtes à claques.
Bebop et Rocksteady, de bonnes têtes à claques.

 

L’impression de service minimum, c’est justement le sentiment général qui domine lors de l’expérience TMNT : Mutants in Manhattan. Au même titre que les 7 barres de vie des boss fleurent bon l’allongement artificiel du temps de jeu, la répétitivité du level design agace. Pour un jeu qui se boucle en environ 4h, il y a étonnamment beaucoup trop de redite. Chaque chapitre se déroule exactement de la même façon : April nous demande de trouver des ennemis, bagarre, on apprend qu’un truc (genre camion à pizza) est attaqué, bagarre, des bâtiments vont exploser si on n’arrête pas les bombes, bagarre, on apprend où est le boss, bagarre. Bon vous me direz, pour la bagarre c’est un peu le principe du jeu, on ne peut pas lui reprocher. Mais là ça se répète tellement que le jeu lui-même l’avoue ! Pendant une mission dans les égouts où l’on doit descendre encore et toujours plus dans les profondeurs de l’endroit si charmant, April lance un « ça ne se termine jamais ? » dont la portée meta aurait pu être très drôle si l’ensemble du jeu ne suintait pas autant la fainéantise. Rendez-vous compte qu’on en est à un point où les chapitres n’ont même pas de titre mais portent simplement le nom du boss. C’est à se demander si le boulot n’a pas été refilé à une équipe de stagiaires peu encadrés.

 

Lorsqu’on approche de la fin du jeu et qu’on pénètre dans le repaire de Krang, on a bien droit à un changement mais il ne va clairement pas dans le bon sens. En effet, ce chapitre se contente de vous faire avancer de salle en salle en vous mettant à nouveau en face de chacun des boss que vous avez vaincus jusque là. Je vous laisse imaginer l’enthousiasme qui investit le joueur quand il comprend qu’il va devoir descendre 42 grosses barres de vie (Wingnut n’a plus sa soucoupe, il ne faut le battre qu’une fois) à la suite avant de s’en retaper 7 nouvelles sous la forme du boss du chapitre, Krang… C’est au moment où l’on perd tout espoir que l’équipe de développement nous fait un petit cadeau, comme pour nous remercier d’avoir enduré tout ça : un nouveau gimmick dans le jeu. Sans trop spoiler, le chapitre 8 vous mettra aux manettes de robots de combat et cette dynamique relance un peu l’intérêt du jeu. On se prend même à croire au meilleur quand le boss de ce niveau nous rappelle les affrontements dantesques (toute proportion gardée, n’exagérons rien) de Bayonetta. Malheureusement, la fin approche et il ne vous faudra plus très longtemps pour atteindre le boss final, celui du chapitre suivant.

 

Avant de conclure, il faut dire un mot sur le mode coopératif. Le style de jeu ne permettant pas la « coop canapé » à moins de faire un split-screen comme à la bonne époque, PlatinumGames a décidé de se contenter d’un mode online. Soit. Le jeu reste exactement le même, vous faites les chapitres à la difficulté de votre choix et chaque tortue sera gérée par un véritable joueur plutôt que par une IA (pas parfaite, certes, mais pas non plus horrible). Votre expérience de jeu dépendra donc en grande partie de vos partenaires. Le problème, c’est que le netcode, lui, est aux fraises et qu’il sera quasiment automatique que vous soyez déconnecté après la fin d’une mission ou si vous vous faites virer d’un lobby (parce que les gars attendaient un de leurs potes par exemple). C’est d’autant plus rageant que l’attente pour lancer une mission dans ce mode n’est pas négligeable.

 

TL;DR

 

Sur le papier, Teenage Mutant Ninja Turtles : Mutants in Manhattan est rempli de bonnes idées. Pourtant, l’exécution laisse à désirer et bien peu de ces idées sont utiles au final. Le joueur se retrouve obligé de privilégier le button-mashing écervelé aux attaques construites et coordonnées. Le mode infiltration promis par certaines features est quant à lui quasiment inexistant et on se retrouve avec pas mal de frustrations sur ce soft pourtant si prometteur. La direction artistique et l’ambiance créée par les cinématiques notamment ne suffisent pas à hisser ce nouveau venu de chez PlatinumGames au rang de jeu mémorable. TMNT est tout au plus moyen, il permet de passer le temps mais ne vous attendez pas à quelque fulgurance que ce soit et préparez vous à affronter beaucoup, BEAUCOUP de répétition.

 

On est passé à côté d'un design magnifique comme celui de Tortues Ninja 3
On est passé à côté d’un design magnifique comme celui de Tortues Ninja 3

 

On aime :

  • la direction artistique
  • les bonnes idées de gameplay…
  • l’univers des Tortues Ninja

On aime moins :

  • la répétitivité
  • … quasiment jamais exploitées
  • la répétitivité
  • l’illisibilité de l’action
  • la répétitivité

 

Craquez vos PO si :

  • Vous êtes un inconditionnel des chevaliers d’écaille et de vinyle
  • Vous trouvez le jeu en promo à 5 ou 10 euros

Quittez la partie si :

  • Vous cherchez une expérience innovante
  • Vous cherchez du challenge
  • Vous n’aimez pas la redite, surtout sur 4h de jeu

 

Teenage Mutant Ninja Turtles : Mutants in Manhattan – PlatinumGames / Activision

PS4 – PS3 – Xbox One – Xbox 360 – PC /Entre 40 et 50 euro

 

L'écaillé

Tout laissait croire que TMNT : Mutants in Manhattan serait au niveau du très sympathique Transformers : Devastation du même développeur. Pourtant, une trop grande répétitivité et un manque d'intérêt évident ont eu raison de ce jeu. Une bonne base complètement oubliée au fond du frigo et dont PlatinumGames n'a rien fait...

4.5
Note finale:
4.5

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