[Test] Evoland

Une gameplay et des graphismes évoluant au fil de l’aventure, tels sont les caractéristique d’Evoland, un jeu qui déclare tout son amour aux RPG et aux Zelda. Mais à trop parodier, ne perd-on pas en identité ?

A l’origine développé en 48h par Shiro Games lors du Ludum Dare consacré à l’évolution, Evoland nous faisait voyager dans le temps pour revisiter l’histoire des jeux d’aventures en 2D et des RPG, à travers des graphismes évolutifs. L’idée avait conquis les joueurs et c’est fort logiquement que l’on se retrouve maintenant avec une version payante, mais bien plus étoffée, allant même jusqu’à nous proposer des environnements 3D.

Retour vers le passé

Graphiques tout d’abord, en nous offrant  la couleur, puis  des graphismes 8-bit, 16-bits pour finir avec des environnements 3D.  Puis sonores, avec des sonorités de plus en plus léchées. Et enfin de gameplay, avec la possibilité de sauvegarder, de changer d’arme, d’entrer dans les maisons, de casser des jarres, j’en passe et des meilleurs. Bref, c’est tout un pan de l’histoire des jeux vidéo qui se déroule devant nos yeux et l’on attend à chaque fois de voir ce que le prochain coffre nous réserve

Au fil de l’aventure, nous en apprenons un peu plus sur l’histoire. Accrochez-vous, c’est du lourd très original. Clink, le héros membre de l’Ordre des Chevaliers Dragons, doit sauver Evolandia du Mal qui vient de se réveiller. Pour cela, il sera aidé de Kaeris, une jeune fille maîtrisant la magie, dans sa quête qui le mènera dans de dangereux donjons à la recherche des fragments de relique éparpillés. Vous l’avez compris rien qu’en lisant ceci, Evoland est un immense hommage aux RPG et jeux d’aventures.  The Legend of Zelda, Final Fantasy, Diablo, Secret of Mana, Dragon Quest, les références sont nombreuses et le jeu leur emprunte les plus gros clichés avec un humour omniprésent qui fait souvent mouche. Comme ce coffre vous déverrouillant ce PNJ qui court tout le temps dans les RPG ou la possibilité de vous incruster chez les gens.

Un gameplay évolutif

Si vous obtenez le rendu final des graphismes assez tôt dans l’aventure, il n’en est rien pour le gameplay. Chaque donjon ou lieu que vous arpenterez vous proposera une manière différente de jouer. Le premier donjon par exemple, se déroule typiquement comme dans un Zelda, avec son lot de pièges, de monstres ou de blocs à pousser afin de déverrouiller des portes, pour enfin finir par se coltiner un boss. Un autre, vous propose un gameplay à la Diablo, avec sa vingtaine d’ennemis vous tombant sur le coin de la tronche et son système de loot aux items improbables (il y en a qui méritent vraiment le détour). Je vous laisse la surprise de découvrir les autres, mais sachez que vous ne jouerez jamais deux fois pareils. Sauf lors de vos déplacements sur la map. Références aux RPG obliges, vous vous déplacez vers les donjons sur une carte, et RPG oblige, vous vous faites attaquer. Et RPG oblige, ce sont des combats au tour par tour. Ici rien de bien sorcier, on attend le moment où l’on peut attaquer, on attaque ou on se soigne. Rien de plus compliqué, et on aurait justement aimé que cela soit un petit peu plus poussé puisque c’est bien le seul élément du jeu qui n’évolue pas du début à la fin.

Un jeu pourtant limité

Alors qu’il pourrait nous offrir un bon gros contenu, Evoland déçoit. Tout d’abord par sa durée de vie plus que réduite, comptez un petit moins de 3 heures pour boucler l’aventure en ligne droite. Vous pourrez vous amuser à trouver les coffres cachés pour augmenter la durée de vie, mais ils ne vous rapporteront rien de spécial. Mais le plus fâcheux dans l’histoire, c’est que le pire ennemi d’Evoland, c’est lui-même. Le jeu se met des contraintes tout le temps. Pourquoi ne pas avoir gardé les éléments de gameplay du précédent donjon lorsqu’on en entame un nouveau ? Je pense notamment au système de cristal faisant remonter dans le temps, qui est sûrement la meilleure partie du jeu, et qui est occulté 5 minutes plus tard. Evoland aurait mérité d’être beaucoup plus poussé, à tous les niveaux. Graphiquement, on arrive bien trop vite au rendu final. Musicalement, c’est très sympathique, mais les boucles ne sont pas assez variées et prennent vite la tête. Le gameplay est souvent trop rigide, et l’on peine à se défaire des ennemis. Et surtout, les combats au tour par tour se devaient d’être améliorés. Ils ne procurent absolument aucun challenge. Ceci est dû en partie à l’absence de point de magie, rendant caduque les potions et vous permettant de vous soigner à l’infini. Dommage. Enfin, à force de balancer 20 références à la minutes, Evoland ne possède pas vraiment d’identité et ressemble plus à un cours rigolo sur l’histoire des jeux video.

En bref

Evoland ravira les fans de retrogaming, de RPG et de jeux d’aventures type Zelda. Avec ses références à tout bout de champ, son environnement évolutif et son humour omniprésent, le soft de Shiro Games avait tout pour faire mouche. Hélas, l’alchimie a du mal à prendre du fait des contraintes que s’impose le jeu, de par sa durée de vie et ses limitations dans le gameplay. L’on prend du plaisir à le parcourir, se remémorant nos souvenirs de joueur, mais il est véritablement frustrant et laisse un goût d’inachevé.