Il y a quelque chose de fascinant qui règne autour des Souls. Sortie de manière assez confidentielle il y a quelques années, la série a réussi à provoquer un engouement plutôt incroyable auprès d’une partie de la communauté des joueurs, parfois jusqu’à devenir une machine à mème. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de comprendre ce succès grandissant tant ces jeux diffèrent de la concurrence par leur approche impitoyable et non-dirigiste. Dark Souls 3 vient clôturer la saga, c’est dit et affirmé, et croyez moi c’est bien dommage.
Avant propos
Pour mettre tout de suite les choses au clair concernant mon approche du jeu et ainsi du test, je n’avais jamais fini un Dark Souls. Pas par désintérêt puisque j’avais passé quelques heures dessus avant de lâcher l’affaire par manque d’investissement. Et puis est arrivé Bloodborne que j’ai saigné jusqu’à l’os. Ce Dark Souls 3, m’étais-je promis, je le finirai et je m’en donnerai les moyens. C’est chose faite. C’est donc un connaisseur moyen de la saga qui s’est occupé de ce test, vous en ferez ce que vous voudrez. Au moins, les choses sont clarifiées.
Estus Soup
Qu’on se le dise de suite, la recette ne change pas. Les habitués retrouveront leurs habitudes, et les petits nouveaux auront à faire face à toutes les légendes qui entourent la série. Mais rassurez-vous et enlevez tout de suite la première idée qui arrivera dans votre tête : Dark Souls n’est pas impossible. Ce n’est pas un défi surhumain. C’est un défi, assurément, un apprentissage dans la douleur, vous hurlerez, maltraiterez votre manette, mais persistez, ça en vaut la chandelle. Et si j’insiste sur ce point, c’est parce que Dark Souls 3 est assurément la meilleure porte d’entrée pour les novices, même si forcément ils passeront à côté de la multitude de clins d’œil, voire de quelques enjeux de la trame scénaristique. Plus abordable ne veut pour autant pas dire plus simple, que les anciens se rassurent. Après la création de votre personnage, vous serez une nouvelle fois largué dans un monde inconnu, avec des nouvelles mécaniques à apprendre, d’objets à comprendre et un scénario qui ne se dévoilera que si vous y mettez du vôtre (même si bien moins obscur que précédemment). Là encore, rien n’est caché, mais rien n’est dit non plus, c’est à vous de faire la démarche, sauf pour les éléments essentiels à la progression qui seront bien mis en évidence notamment dans votre hub où les PNJ sont inloupables. Il faudra tester, lire les descriptions, sortir une arme pour découvrir son move set, mourir quelques fois, sous peine de passer à côté d’une foule de détails, de PNJ pouvant vous aider, voire de pans complets de niveau. Cependant, là où FromSoftware a bouleversé l’ordre des choses concerne la difficulté elle-même. Avec un véritable équilibrage et une courbe de progression qui augmente au fur et à mesure de l’aventure, il sera bien rare de se retrouver face à un boss punitif et impitoyable dans les premières heures de jeu. Dur oui, mais pas à y passer deux heures dessus. C’est, en tout cas, le ressenti que j’ai eu en parcourant ce nouvel épisode. Tout dépendra de votre manière de jouer et de votre build, bien entendu.
Night-Night
Ce côté accessible ne découle pas uniquement de cette parfaite maîtrise de la difficulté du jeu, mais aussi de la technique. Indiscutablement, on ressent que Bloodborne est passé par là. Qu’on ne s’y méprenne pas, Dark Souls 3 ne reprend pas le système de combat de son cousin, il a absorbé sa fluidité, son dynamisme, devenant en somme un menu maxi best of de tout le travail accompli par FromSoftware jusque là. Les combats deviennent dès lors plus nerveux, plus grisant, mais attention, si votre avatar peut se mouvoir bien plus facilement, il en va de même des ennemis qui peuvent vous enchaîner quelques mandales bien placées sans crier gare avec une rapidité déconcertante. Cette agilité augmentée donnerait presque l’envie de se s’enflammer tant elle est prenante, or le sel des combats de la série n’a pas changé lui et se base toujours sur une compréhension des patterns des ennemis et donc, l’observation. Toujours est-il qu’en se débarrassant de son éternelle lourdeur, la série permet de nouvelles choses et met même parfois l’accent sur la roulade, jusque là réservée aux plus téméraires.
Les développeurs ne se sont pas contentés de reprendre un gameplay qui a fait ses preuves puisque quelques apports non négligeables sont à noter. A commencer par l’ajout d’une barre de magie venant s’intercaler entre celle de vitalité et d’endurance. Celle-ci sera bien entendu indispensable à l’utilisation des sortilèges mais, aussi, aux compétences d’armes utilisables avec la gâchette gauche de la manette. Ces dernières sont diverses et variées et permettront à n’en point douter de prendre un avantage certain lors de situations périlleuses puisqu’elles vous font bénéficier, entre autre, d’un bonus de charge, de la possibilité de contourner un bouclier ou encore de repousser violemment un ennemi. De même, il est à noter la possibilité de pouvoir charger une attaque lourde pour plus de puissance. Ainsi, Dark Souls 3 propose assurément le gameplay le plus complet de la série, tant au corps à corps qu’à distance, même si le dash de Bloodborne se faisait quelque fois désirer. Comme d’habitude, chaque compétence pourra être améliorée en dépensant des âmes que vous récupérez sur vos défunts ennemis, selon le personnage que vous voulez vous créer. On notera une distinction maintenant entre l’endurance vous octroyant plus d’énergie pour délivrer un plus grand nombre de coups, entre autres, et la vigueur, indispensable pour porter des armures et armes lourdes. En somme, les possibilités sont plus nombreuses et amènera un peu plus de variété en pvp.
Praise the sun
Et si le gameplay est au poil, que dire de la direction artistique ! Encore une fois, le studio a frappé fort en nous proposant des environnements magnifiques, tantôt oppressant, tantôt époustouflants. Il y a là une véritable maîtrise de l’ambiance. Comment ne pas succomber à cette première arrivée aux Remparts de Lothric, son château se posant là, au centre, majestueusement, nous surplombant. Ou encore cette ville à l’aspect gothique directement empruntée à Bloodborne, sublimée par ses effets d’ombres et de lumières. Et que dire des boss ! Si quelques uns laissent à désirer et manquent clairement d’inspiration, le reste transpire une classe folle rendant leur affrontement épique agrémenté de musique sublimes de Motoi Sakuraba. Comme d’habitude, si les textures se font parfois quelque peu datées, on pardonnera tout à FromSoftware qui arrive à nous en mettre plein la tête grâce à leur direction artistique au poil. Petite ombre au tableau néanmoins, on se retrouvera évidemment dans des environnements familiers puisque marécage, marais, donjon ou catacombes ne feront pas défaut, avec bien entendu leur propre singularité. Aussi, le dernier acte du jeu perd de sa sublime avec des zones définitivement bien trop grises et cloisonnées.
Hélas, ce cloisonnement est un des symptômes d’un des soucis majeurs du jeu : sa linéarité. Les zones sont généralement assez grandes, mais, il est quasiment impossible de s’y perdre. Il y a bien quelques embranchements et raccourcis déblocables mais le chemin s’avère presque tout tracé. Cela est surtout vrai après les trois premières zones qui bien que plutôt chouettes et ouverte, elles se transformeront en un amoncellement de couloirs oppressants ou de murs à longer. C’est dommage, on ressent peu l’aspect labyrinthique qui découlait des précédents jeux Souls. Bien sûr que vous aurez votre lot de murs illusoires, de zones bien cachées, mais à aucun moment vous ne vous sentirez perdu. En fait, c‘est au niveau de la verticalité que le level design opère, et là dessus un grand chapeau à FromSoftware. Quel bonheur de se retrouver en haut d’un tour pour repérer l’endroit à atteindre, invisible depuis le sol, ou de repérer le prochain feu de camps au bord d’un balcon, voire de surplomber la zone précédente que l’on voit au loin. Non décidément, là dessus, ça fonctionne bien et la linéarité s’avérera être la seule ombre au tableau de ce troisième cru.
En bref
Dark Souls 3 est un final en apothéose. Il reprend avec panache le meilleur des précédents opus, Bloodborne y compris, les digère et les transforme en un mélange quasi-parfait reprenant une gameplay enfin à la hauteur de la saga, une direction artistique encore une fois formidable, une difficulté enfin maîtrisée et un scénario qui clôture efficacement la série. Seule véritable ombre au tableau, l’aspect presque linéaire du titre décevra forcément quelque peu ceux qui aimaient se perdre dans les zones, à la recherche des secrets du jeu. Mais en comparaison avec tout ce qui a été achevé par FromSoftware, c’est une bien maigre déception et Dark Souls 3 s’avère être un très grand jeu.
On aime :
- le gameplay fluide, dynamique
- quelques affrontements de boss épiques…
- la direction artistique fantastique
- une difficulté progressive mais pas vulgarisée
- l’OST sublime
- une fantastique conclusion à la saga
- une très bonne durée de vie
On aime moins :
- l’aspect linéaire du jeu
- … mais d’autres bien ridicules
Craquez vos PO si :
- Vous êtes un fan de la licence (auquel cas vous avez sûrement déjà le jeu).
- Vous cherchez une porte d’entrée à cet univers qui vous interpelle.
- Vous cherchez un jeu qui sort du lot.
Quittez la partie si :
- Vous n’avez aucune patience.
3 Comments
Kaon
25 Avr 2016 7:36Le Sorcier … ou le pyroman, mon coeur balance 🙂