Quand George Romero, le maître incontesté de l’univers zombie, décide de scénariser un comics, on se dit logiquement qu’il pourrait apporter quelque chose de nouveau et pourquoi pas, détrôner le roi The Walking Dead. Hélas, la réalité en est toute autre.
Le nom de George Romero provoque instantanément chez moi un sentiment assez mitigé. D’un côté, je suis un franc partisan du travail du monsieur qui a su imposer tout le standard de l’univers zombie et quiconque étant intéressé par ce monde se doit d’avoir vu l’intégralité de l’oeuvre du réalisateur. C’est bien simple, si on se retrouve avec des Walking Dead aujourd’hui, c’est clairement grâce à lui. Mais d’un autre côté, j’avoue ne pas comprendre ses derniers choix artistiques et scénaristiques. L’exemple le plus frappant étant sans doute Land of the Dead, où il a voulu introduire une once d’intelligence aux morts-vivants, un choix auquel je n’adhère toujours pas. Forcément lorsque j’ai appris qu’il allait écrire une série de comics pour Marvel, j’ai été fortement intrigué. Qu’est-ce que cela pouvait donner ? Qu’est-ce que cela pouvait donner de plus que The Walking Dead qui est clairement le haut du panier dans le genre, tout en étant le petit frère adoptif d’un Dawn of the Dead ? Hélas, Empire of the Dead ressemble plus à ses dernières œuvres qu’à un véritable retour aux sources.
Papy fait de la résistance
L’histoire de Empire of the Dead se place quelques années après la première apparition des zombies. L’Humanité s’est réfugiée dans les grandes villes et notamment à New York, où elle tente de continuer à suivre le même schéma habituel, avec des politiques et des emplois. Nous y retrouvons Paul Barnum, un homme chargé de trouver des zombies pour les faire se battre dans une arène afin de distraire la population. Il est très vite rejoint par Penny Jones, une scientifique qui a une petite idée en tête. Cette idée est la suivante : et si les zombies possédaient encore une once d’intelligence ? Son but est donc de trouver le zombie parfait afin de le dompter et de lui montrer qu’une cohabitation est possible entre vivants et morts pour qu’il inculque ce postulat à ses petits copains. Et là c’est reparti pour du n’importe quoi façon Romero. Au final, on se retrouve avec une suite spirituelle de Land of the Dead pour lequel il a pourtant été très largement critiqué. Que les zombies fassent preuve de mimétisme par rapport à leur ancienne vie passe encore. D’ailleurs on en voit certain passer le balais par simple habitude et vrai dire cela ne me dérange pas plus que ça. Par contre, qu’il profite sur support comics pour aller encore plus loin dans son délire, ça ne passe pas. Je m’explique. Dans les films, les zombies grognent, ça n’étonnera personne. Ici, leurs grognements sont en fait… des mots ! Des mots que eux seuls peuvent comprendre bien entendu, mais des mots quand même. Je suis peut être trop ancré dans le passé et ma vision des zombies est peut être biaisées (à vous de me le dire), mais des zombies intelligents qui dialoguent entre eux, ce ne sont plus des zombies, c’est une autre espèce, une évolution vers le bas de l’espèce humaine.
The Monsters Show
Oui mais voilà, Romero aurait pu s’en tenir là dans le n’importe quoi. Figurez-vous que non, pas du tout. Vous le savez sans doute, il a toujours fait en sorte que les zombies ne soient qu’un prétexte pour balancer sur les travers de notre société. La consommation a pris pour son grade dans Dawn of the Dead, la science dans Day of the Dead ou encore la presse et les réseaux sociaux dans Diary of the Dead (que j’affectionne particulièrement, contrairement à la majorité). Là, on ne sait pas trop où il veut en venir. J’ai annoncé plus haut que dans le monde de Empire of the Dead, l’humanité tente de continuer sa petite vie normalement. Cela passe donc par des classes sociales différentes avec les inégalités qui vont avec. Les plus démunis en sont à manger de la viande de rat sans le savoir tandis que le maire et son entourage se prélassent dans l’abondance. Pour calmer les ardeurs du peuple, les politiques ont donc mis en place des arènes où se battent des zombies. Sauf que, voilà, Romero a du se dire que ça a déjà été fait et vu des centaines de fois et s’est donc senti obligé d’ajouter un petit quelque chose, sans doute pour rendre cela encore plus subtil. Ouais mais non George, dévoiler que le peuple est en fait dirigé par des vampires, vois-tu, en plus de n’être pas du tout subtil, c’est carrément ridicule. Les politiques sont des vampires, genre, t’as pas trouvé plus nul comme métaphore ? Donc en plus de la quête du zombie intelligent qu’ils ne tardent pas à trouver, l’histoire nous raconte aussi tout un tas de complots politiques, d’affaires plus louches les unes que les autres qui n’intéresseront personne parce que, encore une fois, ça a été fait des centaines de fois.
En bref
On pouvait espérer que Romero se calme un peu avec ses idées farfelues qui dénaturent les standards qu’il a lui même imposé, ce n’est pas le cas du tout. Pire, il va même plus loin dans la supercherie en profitant du support papier pour les approfondir tout en l’agrémentant d’une critique complètement à l’ouest et ratée. On passera notre tour sur ce coup-là et pour la suite.