Cette semaine j’avais le choix entre vous parler d’un film sur la cuisine et le sexe (!), un film avec J-Lo et un autre sur la danse de rue. Y’avait pas moyen quoi. Et là je me suis dit : à moins qu’ils ne s’intéressent au cinéma iranien ? Halala mon cher Abbas Kiarostami, j’en ai tellement chié au moment de passer mon bac (ouais, y’a 20 ans de ça) avec ton film Le vent nous emportera ! Au début je voulais éviter de remuer les mauvais souvenirs, mais à part ce film plutôt discret, je n’avais pas grand chose à vous conseiller cette semaine. Tout ce blabla pour vous préparer à la difficile nouvelle qui suit : je ne vous présenterai qu’un seul film aujourd’hui ! Ouais, y’en a quand même un, je ne vous aurais pas laissés sans un bon DTC cette semaine !
Copie conforme (Abbas Kiarostami)
Abbas Kiarostami c’est un peu le Miyamoto du cinéma Iranien. Un pilier du 7ème art oriental, en quelques sortes. Encensé par la critique, sa filmographie est toujours restée discrète face au grand public. Vous comprendrez aisément pourquoi. Pas de méchas dans ses films, ni de bombes sexuelles vampiriques et encore moins de grandes explosions.
Son cinéma a un visage très humain, frôlant parfois l’onirisme, et dégageant souvent un message sociologique, voire politique (ce qui lui a valu de nombreuses fois la censure dans son pays d’origine). On ne compte plus les prix qu’il a reçus, notamment pour Le Goût de la cerise à Cannes en 1997, ni les noms des grands qui le vénèrent : Tarantino, Godard, Scorcese, etc.
Bon, vous avez un peu plus envie là ?
Cette semaine, dans Copie conforme, il offre à Juliette Binoche un premier rôle original et surtout il s’offre un peu plus ouvertement au grand public. Vous verrez également qu’il s’approche un peu plus franchement de l’onirisme dont je vous palais plus haut.
Ce film raconte comment un écrivain anglo-saxon dans la cinquantaine, James, se rend en Italie pour tenir une conférence à l’occasion de la sortie de son dernier livre. Celle-ci aborde le thème des relations étroites entre l’original et la copie dans l’art et sans le savoir, cette étape italienne va l’amener à se confronter à cela. En effet, il fait la rencontre d’une galeriste d’origine française avec laquelle il part pour quelques heures à San Gimignano, un petit village près de Florence. Toutefois, avec cette femme, il va revivre le thème de sa conférence et de son livre de façon très étrange, jusqu’à l’amener à se demander réellement quelle est la distinction à faire entre l’original et la copie, la réalité et la fiction…
Il faudra donc s’attendre à un film tout en douceur à la Sofia Coppola sur fond d’introspection et de réflexion sur l’art et la distanciation que l’auteur doit avoir avec ses œuvres.
Pas très folichon pour certains, mais sûrement révélateur pour d’autres. Les films de Kiarostami ont le don de savoir vous emporter alors que dès le début vous êtes persuadés de vous faire chier pendant 1h30. On en sort toujours transformé et plein de questions. J’invite les curieux à essayer, et les amateurs à s’y ruer. Copie conforme pourrait bien cacher un petit bijou de cinéma.