[Expo] La maison des super-héros

Les expositions « geeks » se succèdent mais ne se ressemblent pas toujours. Après les très médiatisées expositions Star Wars, Ghibli et Marvel à Paris – entre autres – c’est cette fois à Lille, dans le Nord (59), que nos centres d’intérêt trouvent un écho artistique à travers La maison des super-héros, évènement organisé à la Maison de l’Architecture et de la Ville (MAV). C’est un lieu qui peut sembler étrange pour parler de comic books mais ne vous y trompez pas : Stéphane Beaujean, commissaire de l’exposition et rédacteur en chef du magazine de bandes dessinées KABOOM, et les équipes qui l’ont aidé ne se sont pas trompé de sujet. Si, la plupart du temps, l’on se contente de retracer l’histoire du medium (ce qui est déjà très intéressant en soi), La maison des super-héros prend un angle radicalement différent et s’intéresse au rapport entre les protagonistes de nos séries illustrées préférées et leur ville.

C’est bien évidemment avec Superman, premier super-héros, et sa ville de naissance Kandor, puis celle d’adoption Metropolis que nous sommes accueillis. L’occasion de se souvenir que, bien avant de se frotter aux super vilains en tous genres ou même à Lex Luthor, Kal-El se mesurait avant tout à la modernité, que ce soit en stoppant un train menaçant de dérailler ou en se dressant face à des balles de revolver tirées dans les rues d’une ville dont la criminalité connaissait le même essor que celle des villes américaines. Parmi ces icônes de la modernité se trouvaient évidemment les gratte-ciels que notre héros dépassait d’un bond et, s’ils font aujourd’hui partie intégrante de nos villes et nous semblent familiers, il faut bien se rendre compte que nombre de citoyens étaient à la fois émerveillés et (parfois) inquiets face à ces géants de la construction, symboles de l’évolution citadine galopante. Dès lors, Superman et tous les super-héros qui lui succèderont auront un rapport fort avec leur ville. Chaque héros vivra ce rapport différemment et on prend conscience, lors de cette visite, que l’écurie pose sa marque autant sur la ville, qu’elle traite finalement comme un personnage à part entière, que sur ses héros. Chez DC, en quelque sorte, la ville que défend un héros est un peu une prolongation de lui-même, de ses idéaux ou de ses démons. Ainsi, l’opposition psychologique que tout le monde connait entre Superman et Batman se dessine également au travers de l’opposition Gotham/Metropolis. Chez Marvel, on préfère se distinguer en donnant à ses personnages des soucis liés au quotidien, facilitant ainsi l’identification du lecteur. C’est pour cela que les univers Marvel sont en majeure partie ancrés dans des villes réelles, celles du lectorat.

On pense souvent aux inspirations qui ont donné naissance à Batman ou Spider-Man, voire au Joker. L’exposition que nous propose la MAV permet au spectateur – au travers de planches, de photos et de produits dérivés – d’associer ces mondes imaginaires à leurs parents réels en montrant par exemple des établissements du véritable New York de l’époque et leur contrepartie encrée. Mais plus intéressant encore (enfin selon moi), il s’agit là d’une occasion de se rendre compte de l’évolution des représentations urbaines ou même de lieux iconiques qui, malgré le fait qu’ils soient fantasmés, ont eu une évolution reflétant celle des nouveaux modes de vie et de la transformation des villes. Je pense plus particulièrement à la Batcave qui a ici droit à plusieurs focus dont un orienté sur son évolution à travers les décennies, montrant la corrélation entre les intérêts majeurs de l’époque et la configuration du lieu. Bien entendu, le traumatisme du 11 Septembre est lui aussi mis en avant puisque nombreuses sont les publications qui ont vu leur ton influencé par cet évènement majeur et profondément ancré dans l’imaginaire et la mémoire américaine.

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Je vous invite donc à aller découvrir l’exposition La Maison des super-héros à la Maison de l’Architecture et de la Ville, au pied d’Euralille, avant le 20 Décembre. La visite ne vous prendra pas trop de temps mais vous permettra, je pense, d’ouvrir un nouveau pan de réflexion basé sur les comic books et d’en apprendre un peu plus sur certaines de leurs origines. Au pire, si l’architecture et le caractère critique des comic books sur nos sociétés ne vous intéressent aucunement, c’est toujours l’occasion d’admirer de jolies planches et ça ne vous coûtera pas un sou.