Citius, altius, fortius. Telle est toujours la devise des jeux olympiques. Se dépasser, défier les éléments et les lois de la nature. Plus loin, plus haut, plus fort. Au-delà du sport, nous en avons fait une règle, presque une nécessité, au sein de l’humanité. Regardez les derniers buildings culminant à 800 ou 1000m. Comment voulez-vous qu’un Boeing évite ça ? Et on va encore montrer l’Afghanistan d’un doigt accusateur ! Enfin, rien n’échappe à la course au « plus » et surtout pas notre bonne vieille lucarne à imbécilités. Ou lorsque qu’un divertissement sympa tourne au viol de cerveau.
Revenons un instant sur cette devise. Nous en avons une version française remasterisée mode Georges Lucas, que je vous livre juste ici. (Le sac à vomi est recommandé).
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=OzGbJX6Xnd4[/youtube]
Et si la télé s’était appropriée ce tintamarre comme devise officielle ? Cela expliquerait facilement la chute dans les limbes de la culture de la programmation télévisuelle depuis quelques années. Toujours est-il que nous avons peut-être assisté au début de la fin sans même nous en apercevoir. Dire qu’«Extrême limite» ait pu être une série charnière me fait plus souffrir que l’ablation d’un testicule. Mais il faut parfois regarder la vérité en face.
C’est vrai que je suis d’humeur téléphage ces temps-ci. Comme d’habitude oui. Je zappe donc tranquillement depuis quelques mois sur ma rodolphebox, par delà les méandres labyrinthiques de chaines à la programmation aussi savoureuse qu’un étron de Yack. Depuis, mon œil s’est acéré. Exercé perpétuellement à la chasse à l’image . Il dicte instantanément à mon pouce la pression à exercer sur la télécommande ou non. Il lui arrive d’avoir quelques ratés je ne vous le cache pas. Mais parfois… Tout ça pour dire que quand j’aperçois un gars sur un bateau qui se fait déglinguer la caboche à coups de vagues de 7 mètres de haut, moi ça m’émeut.
Je tombe donc sur un docu-réalité sur TMC. « Péril en haute mer » je crois. Alors oui, je vous concède qu’on dirait un mauvais Steven Seagal. Et oui, je vous concède que je viens de faire un énorme pléonasme car il n’existe aucun bon Steven Seagal. Mais j’ai regardé quand même !…Pas mal. Des crabes. Des hommes. Du métal. Et surtout des grosses vagues dégueulantes d’écume. Un peu de pleurnicheries de-ci de-là. Des peccadilles ! Mon cerveau ne trouve pas ça bien instructif mais bien reposant. Mon œil se repaît de ce spectacle visuel bien arrosé. C’était il y a quelques mois.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=VqY1LsUYbME[/youtube]
Et là, que ne voit-on arriver un peu partout sur la TNT ? Les superbes docu-réalités de l’extrême ! A croire que la machine à audience de TMC a tellement pété que l’onde s’est répandue dans toute la ThaNaTosphère. Alors, tout le monde y va de sa petite émission. On nous gave le cerveau comme des oies sans foie. Le convoi, les déménageurs, les pêcheurs, les sauveteurs, les bûcherons (ceux là sont de l’impossible). N’y a t-il que moi qui ai un métier normal ? Quand la TNT envoie l’extrême purée, le téléspectateur n’a pas la bouche assez vaste pour tout avaler.
D’autant plus si les ingrédients sont grossièrement mixés, il reste des grumeaux parfois difficiles à avaler ! Stéphane Rotenberg en est un. Mais si voyons, le type qui s’est fait greffer un V8 à la place du cœur. Celui qui s’enfile des bouteilles de NOS. Ce beau parleur à la calandre flatteuse capable de faire saliver le badaud audiovisuel à l’aide de routiers moustachus arpentant une route de glace. Je n’ai aucun doute sur le fait que ce garçon ait une capacité buccale d’au moins 2 ou 3 pots d’échappements.
Au final il ne se passe pas grand chose. Et c’est à grands renforts de ralentis, de publicités et de phrases chocs susurrées sur un ton charnel-alarmé par la voix off, que le téléphage tente d’être appâté. Yeark !
Hey la TNT! J’ai un concept pour toi. Le spectateur de l’extrême. Y a tout un tas de guignols comme moi, capables de regarder les immondices que tu leur sers sans coup férir. Pas besoin de chercher beaucoup plus loin qu’en bas de chez soi pour trouver des comportements ahurissants voire incompréhensibles.