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[Test] Le Vaillant Petit Page

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Il y a des jeux qui nous attrapent les yeux et le cœur avec quelques images et un concept. Le temps d’un tout petit trailer et de quelques images de gameplay, c’est exactement ce que The Plucky Squire – traduit depuis « Le Vaillant Petit Page » – avait provoqué chez moi. Annoncé il y a maintenant un peu plus de 2 ans, je sais que je ne suis pas la seule à qui ce titre avait fait forte impression. Le pitch de départ : vous incarnez un personnage de livre pour enfant (« le » vaillant petit page) qui a le pouvoir d’en sortir, vagabondant ainsi dans l’univers du petit garçon à qui appartient le bouquin. Concept original et catchy s’il en est. Le résultat est-il finalement à la hauteur des fortes attentes ?

Tourner le Page

Laïus est le nom de ce petit héros que vous incarnez – personnage d’une suite de livres pour enfant dont le jeune propriétaire a abandonné son tome sur son bureau. Son bureau, parlons-en : c’est un joyeux fouillis, véritable rayon des loisirs créatifs chez Action. Pots de peinture, briquettes, crayons… un gigantesque bordel a envahi la chambre du petit garçon, transformée en un petit monde que vous allez devoir explorer, au gré des jours et des nuits qui passent. Parce que oui : dès les premières minutes, l’affreux-méchant-pas-beau de l’histoire, Ragecuite (on appréciera le jeu de mots… et tous ceux qui suivront), vous permet de vous propulser en dehors des feuilles de votre propre histoire.

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C’est là tout le twist de gameplay du Vaillant Petit Page : celui qui nous a faits fantasmer deux années durant sur les possibilités ludiques incroyables que ça allait pouvoir nous offrir.

Et c’est ce qu’il va essayer de faire pendant toute la durée du titre. Parce que s’il est une chose que l’on ne peut pas ôter au Vaillant Petit Page, c’est sa générosité. Mais son exécution nous ferait presque douter de sa sincérité… C’est le cœur brisé que je vais en effet m’atteler à vous expliquer pourquoi je n’ai pas apprécié l’expérience que m’a offert ce jeu tant attendu.

Le Vaillant Petit Page propose plusieurs phases de gameplay. Chapitre après chapitre, Laïus, accompagné de ses acolytes, parcourt les pages du livre comme autant de tableaux. Outre des petits combats à l’épée qui n’offrent aucune autre subtilité que de marteler le même bouton (je ne parlerai pas de l’ersatz de système de progression qui n’apporte rien au jeu), le titre va proposer différents concepts qu’il va répéter ad nauseam :

  • Des passages écrits dont il va vous falloir échanger les mots pour changer le cours de l’histoire (à la façon d’un Baba is You) : ainsi un « Une gigantesque grenouille barrait le passage » vous laissera la voie libre si vous échangez le mot « gigantesque » avec « minuscule »
  • Des combats de boss parodiant tour à tour les gameplays de Punch-Out!!, Puzzle Bobble et Rhythm Paradise
  • Des passage d’exploration dans et en dehors du livre qui n’iront pas sans faire penser à du Zelda
  • Et quelques autres courts passages faisant office de capsules en référence à de nombreux autres jeux et univers de notre enfance (Magic The Gathering, Crypt of the NecroDancer, etc.)

Si l’enrobage est charmant (la direction artistique globale est très réussie, l’écriture également) l’exécution n’est pas, à mon grand désarroi, une franche réussite.

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Toujours moyen, jamais parfait, Le Vaillant Petit Page copie sans égaler ou même approcher les modèles auxquels il rend hommage. La prise en main est lourdaude, et les approximations m’ont parfois fait frôler la crise de nerf. Quel dommage pour un jeu qui appelle plutôt à la douceur de l’enfance !

Mais parlons de ce qui, selon moi, constitue le plus gros problème du jeu. Son cœur. Sa raison d’être. LA NARRATION. C’est quand même un comble de se dire que c’est exactement ce qui est au centre de sa diégèse qui lui cause le plus grand tort : le jeu est bavard, beaucoup trop. A chaque tableau passé et donc à chaque page tournée, le jeu s’arrête pour faire défiler du texte ou un dialogue. Qui, pour la plupart, ne peuvent pas être zappés. Si le gimmick est amusant sur les premières pages, il devient vite exaspérant, nous faisant soupirer à chaque nouvelle apparition textuelle – et donc à chaque interruption de jeu.

Et pour m’achever : un boss final en 3 phases qui n’offre aucune autre subtilité que de recommencer 3 fois. La. Même. Chose. Clin d’œil à des mécaniques éculées ou maladresse ultime ? Si tout ce qui précède avait été exécuté avec davantage de talent, j’aurais émis l’ombre d’un doute… Néanmoins j’en suis désormais peu capable.

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TL;DR

Comptez 10 chapitres et environ 8 heures pour terminer Le Vaillant Petit Page. Il n’en fallait pas plus. Fort d’un concept original, All Possible Futures ne transforme malheureusement pas l’essai, ne réussissant pas à s’extirper de son idée de base pour atteindre les étoiles. Sous ses premiers airs charmeurs et une direction artistique qui frappe fort, le jeu enchaîne déception sur déception. D’abord par son rythme haché par des interruptions textuelles. Trop nombreuses. Trop souvent. Et qu’on ne peut pas passer… Chaque page tournée (chaque tableau passé) est accompagné d’un texte pendant lequel le temps se suspend. Si l’on comprend la raison intradiégétique d’un tel choix, la confrontation à la réalité le rend redondant et alourdit un jeu qu’on aurait préféré fluide et sans interruptions incessantes. Le Vaillant Petit Page a du mal à se sortir de son concept qu’il ne sublime jamais. Et les quelques sorties de routes que l’on aurait aimé bienvenues se révèlent malheureusement souvent un calvaire : les mini-jeux, bien qu’ils offrent à sourire par leurs clins d’œil, sont mal exécutés. La maniabilité manque de précision, est pataude, nous ôtant presque tout plaisir (les jeux de rythme ont failli signer mon arrêt de mort). J’ai appris un peu tard qu’on pouvait les skipper – dernier aveu, j’imagine, de la part d’un studio bien peu confiant du travail remis entre nos mains… Si l’on ne peut pas lui ôter la qualité de sa direction artistique globale et saluer son intention initiale ainsi que sa localisation fort à propos (raisons pour lesquelles je lui mettrai tout juste la moyenne), seuls deux mots me viennent à la bouche quand je dois évoquer mon impression sur ce jeu : « Dommage, râtage ».

On a aimé :

  • La direction artistique
  • L’écriture
  • Le concept de base…

On aime moins :

  • …malheureusement sous (ou sur) exploité
  • Les mini-jeux à la jouabilité inégale
  • Le côté verbeux qui casse complètement le rythme

Sortez le porte-monnaie si :

  • Vous êtes un nostalgique dans l’âme : Le Vaillant Petit Page va vous repropulser en enfance
  • Vous cherchez un jeu court au concept original

Rangez-le si :

  • Vous aimez les gameplays à la précision ciselée
  • Les jeux bavards vous rebutent
  • Vous avez perdu votre âme d’enfant

Le Vaillant Petit Page – All Possible Futures – Devolver Digital

Xbox, PS5, Switch, PC (Steam, Epic Games Store)

À partir de 29,99€

Test réalisé sur PC grâce à une version fournie par l’éditeur

Dommage, râtage

Fort d'un concept original, All Possible Futures ne transforme malheureusement pas l'essai, ne réussissant pas à s'extirper de son idée de base pour atteindre les étoiles. Le jeu enchaîne déception sur déception : trop verbeux, Le Vaillant Petit Page a du mal à se sortir de son concept qu'il ne sublime jamais. Et les quelques sorties de routes que l'on aurait aimé bienvenues se transforment malheureusement souvent en calvaire : les mini-jeux, bien qu'ils offrent à sourire par leurs clins d'œil, sont mal exécutés. La maniabilité manque de précision, est un peu pataude, nous ôtant presque tout plaisir (les mini-jeux de rythme ont failli signer mon arrêt de mort). Quel dommage.

5
Note finale:
5

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