Il n’y a pas encore si longtemps, lorsqu’on évoquait une adaptation de Mario à l’écran, c’est toujours l’horrible film Super Mario Bros. de 1993 qui revenait sur la table, la catastrophe industrielle qui a mis un coup d’arrêt aux ambitions de Nintendo dans le domaine. Même les adaptations animées de Mario ou de Zelda qui existaient dès la fin des années 80 n’ont jamais eu de successeurs. Trente ans plus tard, les choses changent !
Royaume Champignon : nous revoilà !
Trente ans plus tard, pas une année ne passe sans une adaptation à gros budget d’un jeu vidéo. Des films Resident Evil en passant par l’animé Cyberpunk, Warcraft et son budget hors norme ou la récente série The Last of Us, les adaptations plus ou moins réussies se succèdent, font parler d’elle et rapportent souvent gros. Une mouvance dont Nintendo restait absent jusqu’à trouver de nouveaux partenaires de confiance en la présence d’Universal et Illumination et plus particulièrement les équipes parisiennes du studio Mac Guff. Cocorico. Charge à eux de ne pas transformer la poule aux œufs d’or en vulgaire œuf de Pâques.
Commençons par ce qui frappe en premier : c’est beau. C’est très beau. De la première à la dernière seconde. Pourtant les fans de Nintendo seront les premiers à vous le dire : les graphismes, ça ne fait pas tout. Oui, mais quand c’est joli, on ne boude pas notre plaisir pour autant. Les personnages, leurs animations en général ou leurs expressions faciales en particulier, les éclairages, les environnements, les effets de lumière et la gestion des particules, absolument rien n’a été laissé au hasard. Même dans les scènes les plus dynamiques, l’action reste toujours parfaitement lisible et maîtrisée. Les équipes ont eu les moyens de leurs ambitions et on les sent hyper impliquées dans ce beau projet.
Le film n’oublie évidemment pas de brosser les fans dans le sens du poil. Difficile de ne pas parler de fan-service tant les clins d’œil sont nombreux, souvent évidents mais parfois bien plus obscurs et dissimulés. Heureusement, ce fan-service ne va jamais à l’encontre du film, aucune allusion ne semble être celle de trop ou celle nous faisant sortir du film. Ici, les fans sont tout autant respectés que Nintendo. D’ailleurs, lors de quelques scènes toujours bien amenées et jamais trop longues, on s’imagine presque manette en main en train d’influer sur l’action du film.
Ça ne casse pas trois pattes à un Yoshi
Côté scénario, on est forcément en terrain très connu et le contraire aurait été très surprenant. Oui, Mario est ce bon samaritain venant en aide à la princesse Peach pour sauver le Royaume Champignon de l’abominable Bowser.
Pourtant, certains développements ont su nous surprendre agréablement, notamment celui de Bowser qui se révèle bougrement attachant, ou l’amour fraternel sans équivoque liant Mario à Luigi. Et puis il y a la mother-fuckin’ princesse Peach ! Les jeux avaient amorcé cette transition, mais le film achève de faire passer Peach de demoiselle en détresse ringarde à princesse forte carrément bad-ass.
On regrette cependant que le film se soit autant dévoilé dès sa première bande annonce et ne garde pas plus de surprises à dévoiler. Avec sa durée de 1h30, c’est un divertissement dont rien ne dépasse, qui va droit au but, presque à l’os. Aucune scène ne traîne en longueur ou semble superflue. L’action ne s’arrête jamais plus de quelques minutes et si pour beaucoup cela sera évidemment une qualité, d’autres n’auraient pas dit non à dix ou quinze minutes de plus pour développer certains personnages ou apporter un peu de liant. La progression de l’histoire fait d’ailleurs penser à celle de n’importe quel jeu Mario, avec ses protagonistes allant assez mécaniquement d’un environnement à l’autre pour progresser dans leur aventure.
Brian Tyler, oui. Bonnie Tyler non !
Enfin, comment ne pas évoquer la bande son de Brian Tyler ? On le savait touche à tout avec ses participations aux bandes sons de jeux allant de Lego Universe à Assassin’s Creed Black Flag, ou côté cinéma avec un CV couvrant aussi bien le récent film Tic et Tac qu’une bonne partie des Fast and Furious et certains films Marvel Studios. Le bougre devait se savoir attendu au tournant, vu que la plupart des spectateurs peuvent chantonner ou reconnaître en quelques secondes la plupart des thèmes attendus dans le film.
Mais ce bon Brian n’est pas du genre à baisser les bras et il délivre une bande son aussi généreuse et soignée que le reste du film. Ses compositions offrent un excellent équilibre entre les réorchestrations de thèmes plus ou moins cultes et les compositions originales qui viennent souligner l’action. Comme dans tout le reste du film, les références musicales sont nombreuses, parfois discrètes, souvent évidentes, mais font toujours mouche. Bravo à lui, même si on déplore que seul Koji Kondo soit crédité parmi les compositeurs originaux, alors que le film emprunte certains thèmes plus récents ou le célèbre DK Rap de Grant Kirkhope.
On se demande aussi s’il était aussi nécessaire de convoquer à plusieurs reprises des morceaux des années 80-90. Cela peut plus ou moins se justifier par une partie de l’action qui semble se dérouler en plein boom de la NES aux Etats-Unis. Reste que l’on s’en passe pourtant très bien tout le reste du film. Ces quelques extraits feront tout au plus esquisser quelques sourires, mais à quoi bon, puisque le film n’arrête jamais de nous donner la banane ?
Saluons aussi le travail remarquable d’adaptation porté par un casting vocal cinq étoiles. Pierre Tessier est très en forme, pas étonnant que plusieurs pays nous l’envient depuis la diffusion du premier teaser. Aucune autre voix ne dénote vraiment et tout au plus, on se demande si Donald Reignoux n’avait pas une voix plus différente de celle de Titeuf à proposer pour le rôle de Kamek.
On a aimé :
- Respectueux de la licence Mario et de ses fans
- Beau pour les yeux, bons pour les oreilles
- Des clins d’œil nombreux, mais jamais en trop
- VF de qualité
On aurait aimé :
- Quelques scènes en plus
- Des bandes-annonces moins généreuses
- Plus de Grant Kirkhope, moins de Bonnie Tyler
Conclusion
En 2023, Mario sur grand écran c’est un grand oui pour peu que vous sachiez où vous mettez les pieds. N’attendez pas de ce film une claque émotionnelle, ni même un quelconque renouveau dans le paysage de l’animation. Le film Super Mario Bros. est un blockbuster divertissant, coloré, parfaitement calibré et qui saura donner le sourire à ceux en qui ont un jour ou l’autre eu de l’affect pour les jeux de Nintendo. Un film évidemment tout public ainsi qu’un candidat idéal pour les sorties en famille.