[Test] Foretales

Foretales est le dernier né d’Alkemi, un tout petit studio français de 5 personnes qui a réussi à gagner la confiance de l’éditeur Dear Villagers (Souldiers, ScourgeBringer), le label du distributeur de jeux indépendants Plug In Digital lui-même basé à Montpellier. Je suivais le développement de ce jeu depuis les premières annonces puisque 2 des 5 personnes qui ont travaillé dessus sont d’anciens collègues d’Ankama… et je n’ai pas été déçue par leur proposition originale que je m’empresse donc de vous présenter !

Robin des doigts

Sorti le 15 septembre sur Switch et PC, Foretales n’a pas d’originale que sa proposition – il est aussi visuellement super catchy. Ce jeu de cartes est habillé de très jolies illustrations, de sublimes décors et d’animations qui donnent à ses héros-animaux-anthropomorphes un visuel Disney “à l’ancienne”. Y jeter un coup d’œil vous fera immédiatement penser à son Robin des Bois ou aux créations de Don Bluth (pour les plus connaisseurs). Ajoutez à cela une musique composée par Christophe Héral et un doublage exceptionnel pour comprendre d’emblée que, malgré son statut d’indé’, Foretales a tout d’un grand…

On a donc ici un jeu de cartes, mais – ne partez pas en courant ! – il ne s’agit pas d’un énième deck builder. C’est un jeu de cartes narratif dans un univers fantasy (voire dark fantasy). Vous y incarnez une troupe de voleurs qui font la main basse sur un artefact qui va permettre à l’un d’entre eux de voir le futur… enfin presque. Il voit les fils qui tissent l’avenir : à vous de choisir sur quels fils tirer pour influencer le futur et éviter un terrible avenir au monde…

Brelan de grâce

Dans Foretales, vous composez une équipe avec 3 personnages parmi toute une panoplie que vous débloquerez au fur et à mesure de vos aventures. Sachez-le d’ailleurs d’emblée : la rejouabilité est un passage obligé si vous voulez découvrir toutes les surprises du jeu. En effet, à chaque option scénaristique vous choisissez (à chaque fil que vous tirez) vous condamnez des portes de l’histoire que vous ne pourrez donc découvrir qu’à travers un New Game +.

Mais revenons-en à la sélection de votre groupe. Chaque personnage a un deck d’actions possibles (actions de combat et / ou qui ont une influence sur leur environnement). Votre main se compose de cartes que vous allez piocher dans le deck de chaque personnage.

Devant vous, à la façon d’un jeu de plateau, des cartes lieux sont disposées. On notera d’ailleurs la mise en abîme puisque vous jouez littéralement sur une table comme si vous étiez dans une taverne (à la façon d’un Inscryption)… Mais revenons au gameplay. Combiner l’une des cartes de votre deck avec l’une des cartes lieux face à vous va avoir un effet – cet effet est plus ou moins prédictible, c’est vraiment bien explicité en jeu, et va vous permettre d’avancer dans l’histoire.

Les personnages dialoguent pendant les phases de jeu, la narration progresse et vous dit comment faire pour parvenir à vos fins.

A chaque carte lieu “résolue” (sur laquelle vous avez effectué une action), une autre carte lieu est piochée, jusqu’à tomber sur “la” carte lieu ou la bonne combinaison de cartes qui vont vous permettre de terminer le chapitre et de passer au chapitre suivant.

Cet aspect du jeu lui donne un petit côté Puzzle Game loin d’être déplaisant.

Par exemple : vous avez pour objectif de cambrioler le manoir d’une célèbre duchesse.
Vous commencez le chapitre, vous avez 3 cartes lieux devant vous : la carte entrée du Manoir grillagée avec des jetons gardes dessus / la carte entrée verrouillée du jardin / la carte place du marché.

3 façons d’agir s’offrent à vous : lancer le combat avec les garde (au risque d’en ameuter d’autres) / Jouer une carte “Ecouter les rumeurs” de l’un de vos personnages sur la carte “Place du marché” pour voir s’il n’y a pas une autre entrée cachée pour accéder au Manoir / Jouer une carte objet glanée précédemment “clé du jardin” sur la carte de lieu “Entrée verrouillée du jardin” pour ouvrir cet accès au manoir et passer à la carte lieu suivant.

Jouer cartes sur fable

Votre façon de jouer influencera notablement le jeu et les ressources que vous récoltez (argent, gloire, nourriture ou infâmie).

Plus vous faites de grabuge (combattez, assassinez, utilisez des cartes “agressives”) plus vous allez ajouter d’ennemis potentiels à la pile de carte d’ennemis.

Pendant les phases de combats, vous pouvez ainsi au choix tuer vos adversaires avec vos cartes combat ou, en utilisant les cartes ressources à disposition, vous pouvez les corrompre (avec votre argent ou votre nourriture), les faire fuir (avec votre gloire), les tuer (avec votre infâmie).

Voici une liste pêle-mêle des subtilités proposées par Foretales, mais elles sont bien plus nombreuses.

Par exemple, vous y dénicherez des quêtes secondaires cachées grâce à des cartes lieux qui, si vous les résolvez correctement (i. e. si vous utilisez la bonne action ou carte objet dessus) vous permettront de débloquer de nouveaux lieux / objets / compétences de personnages…

Foretales est un jeu très riche – et riche d’un contenu intelligent : narratif, logique, bien pensé, qui vous donne vraiment envie d’aller au-delà de l’objectif principal.

Les interfaces globalement très claires et des mécaniques de jeux transparentes pour le joueur en font un jeu de cartes plaisant là où les deck buildings nous avaient trop habitués à un aléatoire souvent frustrant parce que mal dosé : on peut penser à Hearthstone bien sûr mais pas que ! Beaucoup de decks builders ces dernières années laissent une place importante au destin : Slay the Spire, Griftlands, Inscryption… L’avoir vraiment beaucoup moins ressenti dans Foretales en fait une qualité non négligeable à mes yeux…

En quelques mots et pour conclure : Foretales et une très belle surprise qui éveille ma curiosité quant aux prochains titres d’Alkemi !