La tendance sur PlayStation depuis quelques temps, c’est la nostalgie. Remasteriser, rebooter, recycler les licences chères de notre (plus ou moins grande) enfance. WipEout Omega Collection rentre tout à fait dans ce moule, et pour les nostalgiques, il est une véritable fontaine de jouvence. Pour les autres en revanche…

Nous sommes en 1995. La PlayStation vient de sortir, véritable révolution sur le marché des consoles de salon. La 3D s’invite désormais sur nos écrans cathodiques. L’un des jeux de lancement de la console marque encore mon esprit de jeune joueur: WipEout. Des sons électros qui tâchent, des lumières flashs et vitesses démentes, le jeu de Psygnosis est une claque dans le monde du jeu vidéo. Le concept est simple. Dans un futur plus ou moins proche, des pilotes chevronnés s’affrontent sur des pistes tortueuses aux commandes de vaisseaux surpuissants flottant à quelques centimètres du sol. Ce n’est ni plus ni moins qu’une sorte de F1 du futur. En beaucoup plus agressif.

Retour vers le vieux-futur

WipEout Omega Collection est, comme son nom l’indique, une compilation. On y retrouve le titre original estampillé HD et re-remasterisé pour l’occasion (il avait déjà été remasterisé pour la PS3 en 2008) et son extension Wipeout Fury, mais également l’excellent opus dédié à feue la PS Vita, Wipeout 2048. De quoi proposer de très nombreuses heures de courses en tout genre, surtout que cette nouvelle édition est agrémentée de modes de jeux supplémentaires pour varier les plaisirs.

Dès le lancement des premières courses du mode campagne, les sensations reviennent. La vitesse, la maniabilité des vaisseaux, l’agressivité des adversaire, la rage de taper une bordure et de céder sa place, celui qui n’a jamais jouer à un Wipeout ne pourrait comprendre à quel point cette série de jeu est élitiste. WipEout Omega Collection propose un véritable contenu d’arcade hardcore pour les joueurs qui aiment le challenge. Car bien que les premières courses soient relativement simple d’accès, la difficulté augmente ensuite très rapidement. Il vous faudra parfois essayer encore et encore la même épreuve pour réussir à finir en tête ou simplement bouclé un tour de piste dans le temps imparti.

Wipeout est un jeu vidéo à l’ancienne: si vous cherchez la facilité, passez votre chemin. Le jeu ne se dévoile que dans sa difficulté, il nécessite parfois une persévérance et une mémorisation extrême des pistes et du comportement des vaisseaux pour parvenir à la victoire. Ajoutez à cela les différentes armes défensives ou offensives et vous comprenez bien que les duels vont souvent être décisifs sur la ligne d’arrivée. Ou bien vous pouvez tout simplement passer le jeu en mode « facile » et ôter tout challenge (et donc toute saveur) à ce chef-d’œuvre du jeu de course arcade.

Futur et tradition

WipEout Omega mise donc sur la madeleine de Proust, le néo-rétrogaming et la tradition ancestrale de la licence pour séduire. Et bien que ce soit un régal pour les joueurs de la première heure et les nostalgiques de la licence, cet aspect le rend peut-être moins abordable pour les nouveaux joueurs. Il est difficile de juger de l’intérêt réel d’un jeu remasterisé lorsque l’on y associe, comme moi, une floppée de souvenirs positifs. En me mettant à la place d’un joueur novice, je doute du facteur séduction. Wipeout est une licence très exigeante, mise en scène dans un contexte très austère de menus rétro-futuristes sans scénario explicite à se mettre sous la dent.

Mais une fois dépassée cette austérité, le jeu se dévoile avec des graphismes à faire frémir les pupilles et des sons à chatouiller les tympans. La remasterisation HD retranscrit parfaitement l’ambiance futuriste des pistes et des décors. Le tout peut même être immortalisé à tout instant par un excellent mode photo permettant de réaliser de sublimes prises de vues pour inonder les réseaux sociaux.

Et comme dans tout Wipeout qui se respecte, la bande son regorge de bonnes vibrations. Et ici, encore une fois, la barre est haute. The Chemical Brothers, Daft Punk, Kraftwerk, Deadmau5, sans oublier les titres incontournables de The Prodigy, l’ambiance sonore est aussi importante que le visuel. « High Speeds need high volume » comme l’annonce le descriptif de la playlist officielle disponible sur Spotify. Et cette bande-son est même mise à l’honneur visuellement dans les épreuves de Zone et ses effets hallucinogènes donnant aux pistes des couleurs vives qui s’adaptent au rythme de la musique.

En guise de cerise sur le capot, WipEout Omega est doté d’un mode multijoueur en ligne ou en local (le fameux écran splitéééé) qui permet de multiplier le plaisir et le challenge de la course. La rejouabilité mise d’ailleurs grandement sur ce mode multi car c’est ici que le challenge persistera pour le joueur, affrontant non plus une IA au comportement souvent trop parfait, mais d’autres pilotes humains aillant (presque) les mêmes capacités, réflexes et compétences que vous, donc capable de se planter dans un virage !

Le mot de la fin

WipEout Omega Collection est une belle compilation de jeux remasterisés que tout collectionneur et nostalgique des débuts de la PlayStation se doit d’avoir dans sa ludothèque. Il permettra de se faire quelques tours de pistes pour le plaisir, de chercher à réveiller de bons souvenirs et des sensations enfouies dans votre mémoire. Le tout est supporté par une remasterisation de qualité, et une bande originale digne des opus d’origine. Attention cependant, le jeu se veut toujours aussi élitiste, et peut largement rebuter les nouveaux joueurs qui pourraient ne pas y trouver le plaisir de l’époque. Mais c’est peut-être cela l’objectif de WipEout Omega: non pas conquérir un nouveau public, mais conserver le sien, celui qui a passé de nombreuses heures sur ce jeu spectaculaire de 1995 et ses suites. Les générations passent, WipEout reste en place.