[Test] Mafia III : un open world de contrebande

Nouvelle époque, nouveaux personnages, pas vraiment attendu, Mafia III avait tout du parfait outsider de cette fin d’année dépourvue d’open world.  Tous les signaux étaient au vert pour le titre de Hangar 13 qui m’avait plutôt séduit lors de son annonce.

Comme quoi, il ne faut jamais vraiment se fier aux trailers.

New Bordeaux Millésimé

Et pourtant, Mafia III se découvre avec plaisir et délectation en nous plongeant dans une histoire sombre, violente et surtout bougrement bien écrite. Cette histoire, c’est celle de Lincoln Clay, fraîchement débarqué du Vietnam et de retour dans sa ville de New-Bordeaux au sein de la mafia noire en pleine expansion. Du coup, Hangar 13 ne fait aucun compromis et, tant pis si les fragiles fragilisent, ressort les pires travers de cette époque, racisme en tête. C’est souvent moralement discutable, mais historiquement imparable et surtout techniquement irréprochable.

Les cinématiques sont merveilleuses et, portées par des doublages et des visages convaincant, prennent une tournure cinématographique qu’on ne rechigne pas. Et plus que l’histoire qui arrive à mettre quelques uppercuts bien placées, c’est surtout la galerie de personnages, tous plus attachant et démarqués les uns que les autres, qui rend l’ensemble si agréable à suivre. Tant par son niveau d’écriture que son ambiance, Mafia III est une véritable pépite. Si seulement c’était aussi un bon jeu…

We are Ubi

Parce que clairement, Mafia 3 est un jeu médiocre. Prenez ce que vous détestez dans un open world, ne gardez que ça, et multipliez le par 10, vous obtenez le système de progression du jeu. Prenons un exemple. Si le début du jeu enchaîne de longs couloirs ponctués de cinématiques, ce n’est que pour instaurer son histoire et poser quelques bases. Le véritable système de jeu arrive ensuite et il est proprement infect. Il faudra déverrouiller des zones de New-Bordeaux en évinçant le mafieux du coin.

Mais pour cela, il faudra le faire sortir de sa tanière, et donc mettre à mal son business. Cela passe par des « missions » qui seront toujours les mêmes, à savoir s’infiltrer dans une zone, réaliser une action (voler de la thune, tuer un voyou, interroger un autre, détruire des marchandises), et recommencer à la prochaine. Le but est de faire tomber le capital du quartier à zéro pour faire sortir le mafieux visé, qui se trouvera forcément dans un bâtiment déjà visité (parce que pourquoi pas hein). Et. C’est. Toujours. La. Même. Chose.

Si l’on passe sur l’aspect ultra rébarbatif de la chose, on aura pourtant du mal à digérer le fait que Mafia III ne propose aucun challenge. La faute à des ennemis à l’IA défaillante qui, plus bêtes que leurs pieds, ne voient pas leurs potes se faire dézinguer 2 mètres à côtés d’eux ou courent dans tous les sens pour vous chercher. Fort heureusement, on peut se défouler sur ces pauvres âmes en peine à coup de fusils à pompe ou de grosses patates bien senties dans les tempes. Là-dessus, Hangar 13 n’a pas fait les choses à moitié et l’on admet volontiers prendre du plaisir dans les scènes d’action. Et heureusement, parce qu’à côté de ça, on n’a pas grand-chose à se mettre sous dent. En somme, Mafia III est un open world vide, avec un système de missions répétitives.

 

No Grazie

Tout cela est fort dommage, parce que Mafia III avait tout pour sortir des sentiers battus. Et quand même la technique n’est pas au point, on ne peut décemment conseiller un titre. Ici, c’est un gros raté comme rarement vu pour un jeu de ce calibre. Alors, oui, la direction artistique est à tomber. Les différents quartiers possèdent un charme incontestable, si l’on omet le bayou qui n’offre aucun réel panorama digne de ce nom (tout en occupant la majeure partie de la map).

Mais, tout cela est entaché par des soucis techniques omniprésents. La gestion de la lumière, par exemple, est calamiteuse, et implique des problèmes de renvoi de l’éclairage et de textures, déjà pas fameuse de base. De jour, tout est bourré d’un aliasing scintillant dégueulasse. Quand ce ne sont pas toutes les textures qui apparaissent au dernier moment. Rien ne va. Et ne parlons pas des bugs, avec missions infinissables, des hitbox foireuses, un moteur physique à genou… Parcourez Youtube, il y en a à foison.

En bref

Très clairement, Mafia III n’est pas recommandable. Complètement pété au niveau de la technique et des graphismes in-game, ennuyeux comme un open world vide et répétitif, il n’a que son scénario en béton armé et son ambiance 70’s pour se rattraper. Ce qui est maigre, tout de même.