Sorti il y a quelques jours sur Steam, Pankapu est le premier jeu PC de Too Kind Studio, une équipe de 5 frenchies qui s’est lancée dans l’aventure du jeu indé en 2014.
2 ans plus tard naît Pankapu, un jeu de plateformes à l’aspect narratif appuyé. Le tout soutenu par le Square Enix Collective et par Hiroki Kikuta (le compositeur de Secret of Mana, entre autres) qui leur signe une partie de leur OST… Rien que ça !
Alors que penser de ce petit indé qui se donne des airs de grands ? Je vous dis ça dans la suite…
Panka-ception
Pankapu est le nom éponyme du petit héros que vous allez diriger.
L’histoire se déroule dans le monde d’Omnia où vous avez été « créé par le dieu des rêves Iketomi afin de combattre des hordes de cauchemars qui tentent d’envahir son monde ». Votre quête vous emmènera dans de nombreux endroits, vous ferez de multiples rencontres et découvrirez moult mystères… Bref, du grand classique du roman d’initiation !
Parce que oui, Pankapu est une ode des développeurs faite à la littérature et à sa tradition orale… Vous raconter une histoire : voilà ce que nous propose Too Kind Studio. Hors de question de vous laisser taper du mob sans vous embarquer dans une véritable aventure ! La mise en scène principale est ainsi une histoire dans l’histoire, présentée sous la forme d’un conte raconté à un enfant. Il y a donc deux niveaux de lecture : d’un côté l’histoire des aventures de Pankapu (épique et naïve) et de l’autre la vie de Djaha’rell, l’enfant à qui est lu le conte (plus sombre et tragique).
De cette dernière on en sait pour l’instant très peu et on espère que le deuxième épisode du jeu en dira plus ! Parce que, oui (jeu Kickstarté oblige ?), Pankapu se plie au format épisodique. Heureusement, en 2 chapitres seulement !
Taper, parer, sauter
Pankapu n’échappe pas à la Sainte Trinité du jeu de plateforme. Taper, parer, sauter : c’est 99% des choses que vous serez amenés à faire pour parcourir la vingtaine de niveaux proposés ! Toutefois, quelques originalités viennent donner de la couleur au titre.
Côté grands classiques du genre, on retrouve un nombre de points de vie limités à 3. Vous pourrez bien sûr les augmenter en trouvant des cristaux de vie, ou en collectionnant les Mudjins, ces petites lucioles cachées aux quatre coins des niveaux. Attention cependant : 1 coup reçu n’égale pas toujours 1 point de vie perdu ! Certaines blessures vous coûteront plus cher que d’autres… Et dans certaines situations il sera crucial pour vous de savoir qui inflige quoi pour anticiper ce à quoi vous avez encore droit avant le coup de grâce…
Même chose pour l’énergie, votre « mana » qui vous permet de lancer un coup spécial un peu plus puissant. Si vous avez une jauge de base assez courte, vous pourrez l’augmenter en trouvant des cristaux d’énergie à droite à gauche dans les niveaux.
Pankapu n’en reste pas là et mêle des éléments de plusieurs autres types de jeu.
Par exemple : vous débloquerez à un certain moment un deuxième Égide (et un troisième dans le prochain épisode) – un équipement vous conférant un costume et des pouvoirs différents. L’Égide de Fougue que vous débloquez vous arme ainsi d’un arc (au lieu d’une épée) et vous offre la possibilité d’esquiver (au lieu de bloquer avec un bouclier). Vous pourrez alors switcher entre vos Égides, selon la situation, pour opter pour le personnage plutôt offensif, ou plutôt défensif, selon ce qui s’y prête le mieux. Cela ne va pas sans faire penser à Trine, ou encore au système de jobs de Final Fantasy.
Au fur et à mesure vous débloquerez également de nouveaux pouvoirs qui vous permettront de détruire des éléments de décor qui rendaient certaines parties d’anciens niveaux inaccessibles. Du Metroidvania dans toute sa splendeur ! Voilà qui satisfera les joueurs en manque de collectionnite et de rejouabilité, ou tout simplement d’un défi un peu plus corsé !
Douceur et volupté
Hardcore, Pankapu ne l’est pas. Peut-être cela évoluera-t-il dans le deuxième épisode ? La difficulté croissante des niveaux peut nous le faire croire même si, comme on peut le lire sur le site du studio, « nous ne voulons pas rendre la maniabilité complexe et fastidieuse ».
À moins de vouloir tout débloquer / tout fouiller, Pankapu ne vous offrira pas un niveau de difficulté aussi challengeant qu’un Ori and the Blind Forest (par exemple).
On est là plutôt dans une expérience de jeu qui se rapprocherait presque d’Unravel par son côté poétique et contemplatif.
Visuellement, Pankapu est une véritable explosion de couleurs. Un plaisir pour les yeux qui ne sera peut-être pas partagé par tous cependant ! Sensibles de la rétine attention – la DA est aussi variée que détonante (et ne va pas sans rappeler le passé du DA chez Ankama) ! Tantôt acidulé et très japonisant, tantôt beaucoup plus sombre… C’est une vraie palette d’ambiances à découvrir. Personnellement, j’adore !
Tolérance zéro ?
Voilà un petit paragraphe que je n’ai pas l’habitude d’ajouter mais qui, selon moi, mérite sa place après avoir vu les notes aussi excellentes que médiocres suscitées par ce jeu.
Pankapu est le premier titre d’un tout jeune studio. Ce qui, malheureusement ici, induit qu’il n’est pas exempt de petits défauts…
Certains (comme moi) le lui pardonneront en le mettant sur le compte de la jeunesse et en le mettant en balance avec les autres qualités du titre.
D’autres, au contraire, jugeront que les défauts d’un titre ne peuvent être relativisés à cause du manque d’expérience de ses créateurs.
Si vous faites partie de cette deuxième catégorie, il faudra peut-être passer votre chemin.
En vrac, on peut reprocher à Pankapu les quelques bugs bloquants qu’il a laissé traîner derrière lui (plutôt frustrants après un niveau corsé qu’on avait presque fini), un petit manque de précision dans les contrôles (ce qui frôlera l’hérésie pour les plus exigeants) et un air de déjà vu dans le gameplay…
Mais s’arrêter là ce serait ne pas avoir l’honnêteté de reconnaître ses qualités de narration et de direction artistique. Si les erreurs liées au gameplay peuvent se corriger facilement avec l’expérience, il n’en est pas autant pour l’absence d’inspiration et une DA médiocre qui sont des défauts que le temps ne palliera pas… Et puisque DA (j’englobe la narration, l’aspect visuel, la musique, etc.) sont les plus grandes forces de Pankapu, voilà pourquoi il me plaît de croire que ce titre est un très bon début qui augure de belles choses pour Too Kind Studio !
Konklusion
JRPG, Metroidvania, Rayman ou encore Trine sont autant de mots qui vous viendront à l’esprit quand vous vous frotterez à cette héritage que Pankapu montre sans pudeur. Plagiat de game designers en mode d’inspiration ou hommage d’une bande d’amoureux du jeu vidéo ? On optera bien évidemment plutôt pour la deuxième option ! Pankapu se nourrit de ce qui a amené ses créateurs à nous proposer un tel titre aujourd’hui. Et si certains des aspects de son gameplay montrent encore quelques faiblesses pour les plus pointilleux d’entre nous, le plaisir est là et on se plaît à croire qu’un avenir plaisant se prépare pour Too Kind Studio ! Pour le confirmer, on attend donc de pied ferme un deuxième épisode qui corrigera les soucis du premier et en sublimera les qualités, on n’en doute pas. Et puis franchement, 4 heures de plaisir pour 4,99€ – ça ne se refuse pas ! Je laisse vos esprits papillonner autour de cette phrase de cloture…
On a aimé :
- L’aspect narratif soigné
- La direction artistique
- La musique
On a moins aimé :
- Un léger manque de précision dans le gameplay
- Des inserts visuels avec Djaha’rell pas toujours bien compris
- Quelques bugs !
Craquez vos PO si :
- Vous aimez les Metroidvania
- Vous voulez découvrir un jeu de la scène indé française
- Vous aimez les univers oniriques et acidulés
Quittez la partie si :
- Vous êtes un joueur intransigeant en quête de challenge
- Les univers colorés vous brûlent la rétine
- Le format épisodique vous donne des boutons
Indé-niablement bon !
Pankapu est une histoire avant d'être un Metroidvania. Son gameplay manque par instants d'un peu de précision mais c'est bien vite oublié face à une direction artistique de toute bôôôté. Ce très beau premier essai de Too Kind Studio nous fait attendre la suite avec beaucoup de curiosité !