Les éditeurs de jeux de société Lookout Games et Funforge ont annoncé que ce dernier va éditer et distribuer le catalogue de Lookout Games dans les pays Francophones à partir de maintenant. Parmi les jeux concernés, les trois nouvelles éditions de l’incontournable Agricola fait partie du deal ! Philippe Nouhra répond aux questions que cet accord soulève. Pour rappel, nous avons déjà parlé de leurs jeux Titan Race et Warehouse 51 sur Kiss My Geek.
Les jeux concernés par l’accord
Suivant ce partenariat, les premiers jeux Lookout Games à sortir en français seront Isle of Skye™, Oh My Goods!™,Trambahn™, Grand Austria Hotel™ ainsi que trois nouveautés : les 3 nouvelles éditions d’Agricola™, jeu à succès d’Uwe Rosenberg, reconnu et acclamé à l’échelle internationale.
En effet, sur l’année 2016, Mayfair Games et Lookout Games ont prévu la sortie de trois jeux Agricola™ : l’édition classique d’Agricola™ mise à jour, se jouant de 1 à 4 joueurs ; l’édition familiale de 1 à 4 joueurs, pour des joueurs plus occasionnels ; et enfin l’extension permettant de jouer jusqu’à 6. Etant maintenant partenaire exclusif de Lookout Games, Funforge s’occupera de l’édition et de la distribution de ces trois jeux en France. A suivre donc !
Cette annonce nous permet aussi de revenir sur le parcours de Funforge, de l’édition à la distribution ! L’interview de Philippe Nouhra, le fondateur de Funforge, permet de répondre aux questions que soulèvent cette annonce de partenariat entre Lookout Games et Funforge.
Questions/réponses avec Philippe Nouhra
Encore relativement peu connue, Funforge Distribution est la structure d’auto-distribution que Funforge a créée depuis un peu plus d’un an.
Kiss My Geek : Funforge est connue pour ses activités d’édition mais peu savent qu’elle assure maintenant sa propre distribution. Pourquoi avoir pris la décision de devenir distributeur en plus d’éditeur ?
Philippe Nouhra : Depuis plusieurs années, nous nous sommes effectivement concentrés sur l’édition pure, cette dernière constituait – et constitue encore – notre cœur de métier mais chemin faisant nous avons pris de plus en plus conscience d’un manque dans nos relations avec nos partenaires commerciaux, à savoir les boutiques qui revendent nos jeux.
La question a alors germé quant au bien fondé de la prise en charge directe de l’activité de distribution de nos produits. Notre catalogue évoluant et notre société se consolidant nous sommes arrivés à un point nous permettant de concrétiser relativement sereinement cette structure. Fin 2014, nous avons alors créé Funforge Distribution.
KMG : Pouvez-vous nous expliquer pourquoi cette solution vous semblait importante plutôt que de travailler avec un distributeur traditionnel comme le font nombre d’autres éditeurs ?
P. N. : Après plusieurs années de distribution via le circuit classique, nous avons ressenti un grand manque dans la relation directe avec les boutiques. Nous avions beaucoup de mal à bénéficier de leurs retours directs et la vision des opérations commerciales à mettre en place était assez floue. Nous ne pouvions nous reposer que sur les retours de nos distributeurs ce qui ne nous garantissait pas que ces derniers étaient suffisamment circonstanciés et objectifs quant à nos réels besoins.
Lorsque vous êtes dans une dynamique de développement, avoir la capacité de contrôler finement les relations que vous avez avec ceux qui conseillent et vendent vos jeux au public est quelque chose de primordial.
Par ailleurs, étant un éditeur parmi d’autres dans le catalogue de nos distributeur, il était clair que nos produits ne seraient jamais aussi bien promus que si nous le faisions en direct. Non pas que les distributeurs ne souhaitent pas le faire mais c’est simplement impossible matériellement pour eux de mettre untel ou untel en avant, si ce n’est pour un cours laps de temps correspondant à une sortie, les sorties pouvant par ailleurs très aisément se télescoper entre éditeurs, d’autant plus quand votre distributeur est lui-même éditeur et qu’il fera, naturellement, passer ses propres produits avant…
Bref, tous ces éléments mis bout à bout ont achevé de nous convaincre qu’il était temps pour une société comme la notre de prendre le pas de l’auto-distribution.
KMG : Puisque vous parlez d’avoir un rapport plus simple et plus direct avec les revendeurs, que comptez-vous mettre en place pour eux ?
P. N. : Notre souhait est d’être au plus proche de nos partenaires. Pour cela nous travaillons sur plusieurs points qui nous semblent essentiels et évidents :
- le contact direct (notamment téléphonique) entre notre commercial et les boutiques, de façon à mieux appréhender les besoins de chacun
- une politique de prix attrayante (cela est vrai pour tous nos produits)
- des conditions commerciales très attractives (par exemple nous pratiquons des franco – le montant minimum de commande pour bénéficier de frais de ports gratuits – très bas pour que toutes les boutiques, y compris les plus petites, soient en mesure de proposer nos produits)
- l’organisation d’événements réguliers avec certains de nos revendeurs pour présenter nos produits au public tout en créant des animations
- etc.
Nous sommes parfaitement conscients que l’auto-distribution est plus contraignante que la distribution pure (par un catalogue, mécaniquement plus restreint – du moins pour le moment), et nous avons à cœur de compenser cela par la meilleure relation possible assortie des meilleures conditions commerciales possibles pour nos partenaires revendeurs.
KMG : Vous parlez d’auto-distribution et non de distribution. Cela signifie-t-il que vous ne vous présentez pas comme un distributeur classique ?
P. N. : En effet, comme je l’ai dit plus haut, nous considérons que la distribution n’est pas notre cœur de métier en tant que tel. Nous ne sommes pas intéressés par l’introduction dans un catalogue de distribution de divers éditeurs pour lesquels nous n’aurions pas un intérêt fort de par leurs politiques d’édition et sur les produits desquels nous n’aurions aucune sorte de légitimité éditoriale.
Nous avons besoin de nous investir dans les produits que nous promouvons et cela nous semble incompatible avec le métier de distribution classique, du moins tel qu’on le conçoit dans ce milieu aujourd’hui.
Logiquement, nous avons donc décidé de nous concentrer sur la promotion et la commercialisation exclusive de nos seuls produits.
KMG : Est-ce à dire que nous ne verrons jamais rien d’autre que des jeux Funforge distribués par Funforge ?
P. N. : Oui et non. Oui car, encore une fois, nous ne souhaitons promouvoir que des jeux « Funforge », c’est à dire des jeux pour lesquels nous nous investissons.
Et non car nous ne nous interdisons pas, si nous estimons qu’un jeu en vaut la chandelle, de l’intégrer à notre catalogue pour le traiter comme n’importe laquelle de nos créations originales.
Par exemple, nous avons édité et distribué les excellents Patchwork et Viceroy l’année dernière car nous estimions que ces jeux étaient d’une qualité suffisamment attrayante pour nous. Pour autant, nous ne nous sommes pas contentés d’ouvrir nos entrepôts à leurs éditeurs pour prendre une marge sur les ventes : nous avons créé des éditions Françaises, sous notre label, pour lesquelles nous avons pris les risques financiers nécessaires. Ce faisant nous nous sommes donné pour obligation de « pousser » ces jeux comme n’importe quel autre titre de notre catalogue et nous les considérons comme faisant partie de la famille de produits Funforge.
Nous nous autorisons par ailleurs à répéter ces expériences autant que bon nous semblera à l’avenir et cela pour tous les jeux que nous aurons à cœur d’importer par exemple et d’ajouter à notre catalogue de distribution.
KMG : Pour être clair, êtes-vous en train de nous annoncer des choses à venir ? 😉
P. N. : Pour être tout à fait clair, oui, nous allons faire plusieurs annonces de ce type cette année pour de nombreux titres que nous sommes très fiers d’intégrer à notre catalogue.
KMG : Et tous ces jeux porteront la marque Funforge ?
P. N. : Oui mais nous avons, pour l’occasion, créé un label nommé « Funforge – All Stars » qui permettra d’identifier les jeux d’éditeurs tiers que nous allons importer en Francophonie de nos créations originales (car je rappelle que nous sommes avant tout un éditeur !).
KMG : Pouvez-vous nous donner plus de détails sur l’étendue du réseau de Funforge Distribution ? Quels sont les pays concernés par cette structure d’auto-distribution ?
P. N. : Notre souhait est bien évidemment de nous concentrer sur notre marché natif premier, c’est à dire la France. Pour autant, et aussi parce que c’est la norme dans le milieu, Funforge Distribution couvrira l’ensemble des besoins des territoires Francophones tels que la Belgique, la Suisse ou le Québec. Pour les pays Francophones, hors France, nous travaillons avec des partenaires locaux qui relayent nos produits auprès de leurs réseaux de revendeurs.
Notre réflexion reste ouverte et nous envisageons, pourquoi pas, d’étendre Funforge Distribution, le moment venu à d’autres pays si le besoin s’en fait ressentir, mais cela reste de la prospective et pour le moment nous continuons de travailler avec nos partenaires locaux qui nous distribuent à peu près dans le monde entier.
KMG : Merci pour tous ces détails ! Pour terminer, pouvez-vous nous indiquer comment un revendeur peut rentrer en contact avec Funforge Distribution ?
P. N. : Rien de plus simple. Il suffit de se rendre sur le site distribution.funforge.fr, dans la rubrique contact et nous envoyer un message. Nous nous ferons une joie d’ajouter tous les revendeurs intéressés à notre annuaire !
KMG : Merci encore ! N’hésitez pas à nous tenir au courant de vos projets.
P. N. : Avec grand plaisir, merci à vous !