[Critique] Le Bal des Vampires

Autant le dire tout de suite : ma collègue et moi avions peur de détester Le Bal des Vampires. Terriblement peur.

Pourquoi donc, me direz-vous ? Parce que, premièrement, nous n’aimons pas les comédies musicales et que, deuxièmement, nous avions peur que le spectacle soit kitch. Nous avons pourtant décidé de tenter l’expérience après que des amis nous aient dit le plus grand bien du spectacle (alors qu’eux-mêmes détestent habituellement les comédies musicales). Il nous fallait vérifier ce que ce Bal des Vampires « sur planches » avait de plus que les autres spectacles chantants. Direction le Théâtre Mogador ! 

Le metteur en scène : Roman Polanski lui-même

Gage de respect de l’oeuvre initiale, cette comédie musicale du Bal des Vampires a été mis en scène par le réalisateur du film éponyme de 1967 (oui, ça fait un bail). J’en profite pour annoncer que notre avis sur le film sera inexistant dans cet article. Que l’on aime ou que l’on déteste le film ne sera pas le sujet (et pour cause, nous étions deux ce soir-là au Théâtre Mogador, deux à ne pas avoir vu le film… Nous ne nous amuserons donc pas à comparer film et comédie musicale. C’est dit !).

Roman Polanski signe ici un Bal des Vampires exubérant et décalé où humour et horreur se conjuguent au travers de ballades rock, de chorégraphies et de costumes éblouissants. 

Le pitch du spectacle

Pendant près de 2h30, les spectateurs accompagnent les péripéties du Professeur Abronsius et son jeune assistant Alfred partis en voyage dans la mystérieuse contrée de Transylvanie, persuadés que les vampires existent.

Arrivés dans un petit village, ils font la connaissance des habitants qui semblent terrifiés par une étrange présence. Bientôt, la fille de l’aubergiste, Sarah, est enlevée par un vampire. Abronsius et Alfred, transi d’amour devant la belle jeune fille, partent à sa recherche. Elle est retenue au château du terrifiant Comte Von Krolock (autrement dit, un pote de Dracula).

Les deux voyageurs retrouvent vite la trace des buveurs de sang et parviennent à s’introduire dans le château. Les vampires sortent de leurs tombes pour la grande fête, le bal peut commencer…

Notre avis sur le spectacle

Le Théâtre Mogador a l’avantage d’avoir une sublime salle qui se prête parfaitement bien à ce type de spectacle hors normes. Car il s’agit bien d’une représentation hors normes à laquelle nous avons assisté. Le Bal des Vampires tranche complètement avec les autres spectacles parisiens. Alors que les spectacles aux décors épurés pullulent dans la capitale, nous avons réalisé combien Le Bal des Vampires nous avaient littéralement fait rêver. 

Ce n’est pas tous les jours que  nous sortons d’un spectacle complètement ravies et émerveillées. Plusieurs raisons à cela.

• Les acteurs chantent et jouent tous très bien.

• Des chorégraphies variées et pêchues !

• Les décors sont époustouflants et changent fréquemment. Nous aurions pu nous trouver sur le tournage d’un film que nous n’aurions pas été étonnées. Auberge, cimetière, vieille bibliothèque, lit à baldaquin dans chambre angoissante, cercueils habités, village habité par des drôles de personnages portant de l’ail en collier… L’ambiance est inquiétante et mystique à souhait. 

• Le spectacle dure 02h30 et à aucun moment nous n’avons le temps de nous ennuyer tant la mise en scène est immersive, la musique savamment choisie, et le rythme parfaitement maîtrisé.

Petite précision pour ceux qui ne supportent pas les chansons françaises : évitez ce spectacle car tous les dialogues sont chantés. C’est pourtant bien dommage, les chants sont dynamiques et accompagnent toujours l’intrigue avec beaucoup d’humour ou d’angoisse pour un ensemble qui reste toujours dynamique et visuellement bluffant. 

Pour illustrer la richesse des décors, rien ne vaut quelques chiffres :

Costumes : 230 costumes 300 faux bouts de doigts 200 paires de chaussures 80 paires de gants 800 faux ongles 70 chapeaux 80 litres de teinture ont été nécessaires à la coloration des costumes. 5 litres de teinture phosphorescente ont été utilisés sur les costumes pour obtenir un effet mystérieux de luminosité dans le noir.

Maquillage : 11 postiches de calvitie 150 perruques pour lesquelles 15kg de vrais cheveux furent nécessaires 2 dentiers par artiste 10 femmes se transforment en hommes grâce à une barbe 3 sacs de faux sang sont utilisés chaque soir Chaque acteur est remaquillé de 2 à 5 fois par représentation —

Technique :  1 maison amovible de 2 étages 2 passerelles pesant chacune 2,5 t 1 mur de tombes avec cercueils de 6 m de largeur et 7 m de hauteur 1 escalier en colimaçon de 6 m de hauteur tournant sur lui-même grâce à un moteur intégré 23 changements de scène par représentation Environ 300 litres de nitrogène liquide par spectacle 11 machines à produire de la neige et de la brume 3 projecteurs vidéo pour produire un décor atmosphérique 1 structure scénique totalisant 22 tonnes.

En bref, une énorme machine pour un spectacle qui vaut franchement le détour. Félicitations à Roman Polanski et à l’ensemble de l’équipe du Bal des Vampires et du Théâtre Mogador. Vous en mettez plein les yeux aux petits et grands, et faire rêver avec autant de réalisme et de talent, c’est vraiment rare. 

Succès mondial

Le 24 mars le Théâtre Mogador a annoncé qu’au regard du succès du Bal des Vampires, le spectacle serait exceptionnellement prolongé jusqu’au 28 juin 2015. Le spectacle devait originellement s’arrêter en avril.

Après l’Autriche, l’Allemagne, les États-Unis, la Belgique, l’Estonie, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, le Japon, la Russie et la Finlande, où le musical a rencontré un immense succès, la France s’ajoute aux pays qui soutiennent les vampires !

« Depuis sa création en Autriche en 1997, j’ai toujours rêvé de voir mes vampires chanter et danser à Paris. Et voilà, en octobre 2014, vous pourrez les découvrir ici, au théâtre Mogador » dixit Roman Polanski à propos de la comédie musicale Le Bal des Vampires joué à Paris.

Vous êtes sur Paris ? Vous avez jusqu’au 28 juin inclus pour en profiter.