Le cultissime Oddworld: Abe’s Odyssee revient dans une version New’n’Tasty développée par Just Add Water chargé de donner un bon coup de dépoussiérage au mythe. Avec sa refonte graphique et ses quelques ajouts de gameplay, cette nouvelle mouture est-elle indispensable pour autant ?
Fortement apprécié par la critique et les joueurs lors de sa sortie sur PS1 en 1997, L’Odyssée d’Abe avait rapidement acquis le rang de titre culte, donnant lieu à plusieurs suites plus ou moins convaincantes. Neuf ans après le dernier titre en date, La Fureur de l’Etranger, et alors que les remakes HD sortent à foison, Oddworld Inhabitants a décidé de redonner un coup de jeune à son titre phare, pour le plaisir des anciens joueurs, mais aussi pour faire découvrir aux petits nouveaux le monde merveilleusement cynique dans lequel baigne notre Mudokon préféré. Le postulat de départ du jeu est assez simple. Vous incarnez Abe, un technicien de surface travaillant dans une usine alimentaire appelée RaptureFarm. Mais l’entreprise va mal, bientôt à court de matière première, elle doit trouver un moyen de renflouer les caisses. Et ce moyen est tout trouvé : une délicieuse glace à base de Mudokons, les employés de la compagnie. Problème, Abe assiste par accident à la réunion d’actionnaires révélant cette nouvelle. Pas de choix pour lui, il faut qu’il s’enfuit et aille sauver ses semblables.
Yoyoyoyoyoyoyoyo
Depuis 1997, le gameplay n’a presque pas changé. Abe bénéficie d’une palette de mouvements assez retreinte. Le Mudokon peut courir, sauter, actionner des leviers ou se rouler en boule. Toutefois, il ne sait pas se battre et c’est bien là son principal défaut. Il lui faut donc user de toute sa ruse pour dépasser tous les obstacles et ennemis qui se trouvent sur sa route. Abe étant devenu l’ennemi public numéro 1, chaque garde Slig qui le démasquera tirera à vue. Quelques fois, il trouvera des cailloux, voire des grenades, mais cela reste ponctuel et c’est bien par la discrétion qu’il s’en sortira. Mais Abe possède un pouvoir assez utile, il peut prendre possession des Slig. Au choix, soit vous décidez de les faire exploser, soit de vous servir d’eux et de leur mitraillettes pour vous défaire des autres ennemis. Cependant, le jeu ne vous permet pas toujours d’user de ce pouvoir. New’n’Tasty est donc un véritable puzzle game fortement teinté de die and retry. Parce que oui, avant de trouver la bonne manière de passer, on meurt, beaucoup. La faute à une très bonne combinaison entre un level design très vicieux avec entre autres des crevasses nécessitant des sauts millimétrés, des hachoirs à viande ou des chutes de pierres, mais aussi ce fabuleux bestiaire hostile qui ne vous fera pas de cadeau. Rajoutez à cela des checkpoints assez rares et vous obtenez un jeu assez difficile, surtout lors de la dernière ligne droite. En tout cas, c’était le cas dans le jeu original puisque dans ce remake, Just Add Water a décidé d’ajouter quelques éléments pour faciliter la progression du joueur. A commencer par un système de sauvegarde rapide qui casse très vite la tension liée à l’exigence du jeu et contourne le problème des checkpoints, mais aussi une barre de vie pour Abe qui ne meurt plus à la moindre balle désormais. Trois modes de difficulté sont aussi proposés au début du jeu, et bien entendu, on ne saurait que vous recommander d’entamer votre partie en difficile pour retrouver le plaisir de mourir de l’époque !
Save the Mudokon, save the world
La quête d’Abe ne se résume pas forcément à finir le jeu en ligne droite. Vous pouvez, mais ce serait passer à côté d’une énorme partie du jeu : le sauvetage des Mudokons. Par le biais de passages secret, vous accéderez à des salles remplies d’esclaves à secourir. Vous vous doutez que ce ne sera pas une partie de plaisir. En effet, ces salles comptent parmi les puzzles les plus compliqués à résoudre. Ces sauvetages intègrent une mécanique bien précise : le gamespeak. Abe peut interagir avec ses compères par quelques ordres succins. Commencez par leur dire bonjour pour attirer leur attention, puis demandez leur de vous suivre ou de s’arrêter. A vous de les guider jusqu’au portail magique tout en évitant les pièges. Ce système est utilisé lors de l’aventure de base, notamment par un système de mot de passe composée d’une mélodie sifflée à retenir. En tout cas, il serait dommage de faire l’impasse sur le sauvetage des Mudokons puisqu’il faudra en sauver la moitié pour espérer avoir la bonne fin du jeu. Alors qu’ils n’étaient « que » 99 dans le jeu original, ici ils sont 299. Hélas, cela ne se traduit pas forcément par des zones en plus, mais souvent par un nombre plus conséquent de Mudokons dans les pièces déjà existantes. Au passage, il sera difficile de ne pas remarquer la terrible absence de la version française des dialogues qui était d’excellente facture dans la version PS1. On se retrouve donc avec un doublage en anglais retravaillé et des sous-titres dans la langue de Molière comprenant quelques erreurs assez bêtes de traduction. C’est bien dommage.
Refonte totale
Au final, ce ne sont pas les maigres ajouts de gameplay ou l’ajout anecdotique de Mudokon qui font de ce New’n’Tasty un achat indispensable, mais bien l’immense travail de Just Add Water sur la refonte graphique du titre. Qu’on soit bien d’accord, l’épisode PS1 a extrêmement bien vieilli et n’a pas à rougir face à quelques titres encore récents, mais le passage à la 3D transcende les environnements du soft. Débarrassé des transitions entre les différents plans, New’n’Tasty est beaucoup plus fluide que son aîné et évacue la fâcheuse tendance du reboot des ennemis lorsque l’on quittait chaque pièce, ce qui n’est pas un mal. Les différents environnements sont splendides, les effets de lumière sont fabuleux, et je n’ai noté aucun ralentissement sur la mouture PS4. On notera quand même quelques ombres un petit peu ratées et quelques effets pas vraiment flatteurs, mais il est forcé d’admettre que le résultat global est réussi.
En bref
Oddworld: New’n’Tasty est une franche réussite. Les plus vieux d’entre nous se feront un plaisir de retourner dans cet univers remanié et franchement beau alors que les plus jeunes curieux découvriront un univers cynique bourré d’humour à la difficulté croissante et au gameplay toujours aussi solide. Rien à dire, c’est du joli travail messieurs de Just Add Water !
1 Comment
Eskarina
11 Sep 2014 1:20Need 🙁