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Encensée par la critique, indispensable pour certains, source d’inspiration pour les films, l’arc Extremis d’Iron Man par Warren Ellis a su imposer une nouvelle norme pour le personnage. Pourtant, l’oeuvre n’est pas dénuée de défauts, loin de là. Et pour ceux qui l’avaient manqué, Panini Comics la réédite ce mois-ci.
Au milieu des années 2000, cela va assez mal pour la série Iron Man. Après avoir subie les dérives occasionnées par, entre autres, Heroes Reborn, Marvel n’eut d’autres choix que de relancer la série. Il faut dire qu’avec un film dans les fourneaux et un public aux abonnés absents, il fallait agir vite, et bien. Pour cela, la Maison des Idées a fait appel à Warren Ellis, suivi par une bonne fanbase, pour redorer l’armure de Tony Stark, apporter un vent de nouveauté et surtout le remettre au goût du jour. Et cela donne la saga Extremis, sortie en 2005.
Nous y retrouvons un Tony Stark qui a tout pour réussir : la notoriété, les femmes, l’argent, et une bonne vieille armure ultra-sophistiquée pour lutter contre les méchants. Oui mais voilà, Tony n’est pas heureux, il sait qu’il peut faire plus. Ellis décide ici d’ajouter de la profondeur au personnage, quelque chose qui n’était pas arrivé depuis, pfiouh, des années. Il faut dire que dans les 90’s, c’était le néant à ce niveau là. Cette idée d’un meilleur Iron Man persiste tout au long du récit, et donne même lieu à quelques dialogues savoureux, notamment entre Stark et le journaliste Pillinger. C’est la marque de fabrique d’Ellis, et ça se sent. Mais peut-être un peu trop, justement, mais nous y reviendrons. Outre la profondeur, c’est aussi une réactualisation du personnage qui a été établie. Fini la Guerre du Vietnam, c’est en Afghanistan que Tony a été enlevé, blessé, et qu’il a créé sa première armure. Une bien belle manière de réancrer un personnage vieillissant dans l’actualité. Donc Stark veut devenir un meilleur Iron Man, et ça tombe bien, puisqu’un jour, son amie le Dr Maya Hansen l’appelle en urgence. L’invention sur laquelle elle travaille depuis des années, le virus Extremis, sorte de sérum du super-soldat, a été volée et inoculée à un homme, Mallen. D’ordinaire, personne ne peut survivre à Extremis, il n’est pas prêt. Mais pas Mallen, puisqu’il est toujours bel et bien vivant, et hors de contrôle. Stark profite donc du virus pour se faire une petite mise à jour et devenir le héros que l’on connaît actuellement.
Quand on lit les premières pages de la sage, on se demande réellement où l’on atterrit. Il fallait vraiment donner un coup de plumeau à Iron Man et Ellis s’en sort magistralement. Stark entre dans une nouvelle ère, les capacités qu’il obtient sont même presque too much et carrément flippante. Le seul soucis, c’est que cela se fait bien trop facilement, et de manière un peu lourdingue. La faute… aux dialogues excessifs. Eh oui, on y arrive. Si cela fonctionne plutôt bien en début de récit, on se rend compte qu’ils en occupent la majeure partie, et cela le plombe beaucoup trop. On se demande même, arrivée en bout de lecture, si Ellis n’aurait pas pu réduire de moitié son arc. Deuxième problème, le méchant. Mallen n’a d’autre ambition que de détruire tout ce qu’il croise, c’est un petit peu léger et pas vraiment intéressant. On se dit alors que tout cela n’est qu’un prétexte trouvé pour expliquer les améliorations effectuées à Iron Man, et au final, c’est sûrement un peu le cas.
Un mot sur les dessins d’Adi Granov. On connaissait le travail du monsieur pour ses poses réalistes et majestueuses des super-héros, on le connaît aussi maintenant pour ses planches inexpressives et figées. C’est bien clair, j’ai eu l’impression de me retrouver devant un roman photo. Il s’en sort un petit peu mieux pour les scènes d’action, mais ce n’est pas bien glorieux.
En bref
Extremis est une oeuvre majeure d’Iron Man, on ne peut le renier. Pourtant, elle ne brille ni par son scénario, ni par ses dessins. C’est une oeuvre majeure parce que Warren Ellis a réussi à renouveler le personnage de la plus belle des manières, mais dans le fond, pas dans la forme. C’est tout de même un arc à lire pour tout ce qu’il a engendré pour la suite.