La 3DS, comme toutes les consoles de Nintendo, se repose depuis son lancement sur des licences déjà bien installées, non sans succès. On a même vu naître des cross-overs comme la série des Super Smash Bros. ou Mario et Sonic aux Jeux Olympiques. Celui-ci est un peu plus ambitieux : fusionner les deux plus grandes licences de jeux de réflexion sur consoles portables Nintendo, Professeur Layton et Phoenix Wright. Est-il à la hauteur des deux licences ?
Il est difficile de critiquer ce jeu à la fois comme un Professeur Layton et un Phoenix Wright, d’autant plus que je n’ai pas eu l’occasion de jouer à un Ace Attorney auparavant. Le mélange des deux est original, et une licence apporte à l’autre.
Synopsis
Leur première rencontre ne durera pas longtemps puisqu’elle sera interrompue par les sorcières, qui enlèvent Espella et s’enfuient vers la tour de Londres. En les poursuivant, le Professeur et Luke vont se trouver happés dans une ville des plus étranges, de laquelle, une fois entrés, ils ne pourront plus sortir : Labyrinthia.
On retrouve Phoenix Wright et Maya Fey, sa camarade de toujours, en séjour à Londres pour un congrès. Il se retrouve malgré lui avocat à la défense pour une jeune femme ressemblant étrangement à Espella, dont le regard est vide d’émotions. Elle transporte un mystérieux livre avec elle, nommé Historia Labyrinthia. A l’issue du procès, Phoenix et Maya tombent sur ce livre et se retrouvent happés à leur tour dans cette cité pleine de mystères.
On découvre alors Labyrinthia, une ville inscrite dans une époque médiévale dont l’histoire est écrite par Le Narrateur, un personnage mystérieux dont l’emblème est la chouette. Tout ce qu’il écrit se produit, bon ou mauvais. Dans une ville où les sorcières sont craintes, mais pourchassées et jugées par les Inquisiteurs, l’intrigue prend place…
Gameplay
Tout au long du jeu, des énigmes, au nombre de 70, sont proposées au joueur. Certaines font avancer l’histoire, d’autres sont secondaires et facultatives. Vous devrez même chercher certaines dans le décor. Il est très simple de les trouver malheureusement, le nombre de ces énigmes cachées ainsi que celui des Pièces S.O.S. sur chaque panneau étant écrits sur la carte. Les énigmes servent souvent à trouver des indices pour les phases de procès. C’est plutôt linéaire, vous ne pouvez pas les manquer.
La difficulté a été un petit bémol durant le jeu, peu m’ont vraiment poussé à réfléchir. Les énigmes annexes proposent d’ailleurs plus de défi que celles de l’histoire, pour une raison qui m’échappe. Sur les 70, peut-être deux ont fini par me pousser à prendre un indice, au prix d’une pièce S.O.S. Cependant, les premiers indices proposés pour une énigme sont d’énormes évidences, il faut vraiment ne pas avoir compris son concept pour en rester là. La plupart du temps, si vous êtes vraiment bloqués, vous aurez à prendre plusieurs indices (3, puis un super-indice, qui est la solution à peu de choses près) pour vous en sortir.
Malgré tout, pour avoir joué à deux jeux de la licence auparavant, j’ai retrouvé dans la création des énigmes cette originalité présente dans les anciens opus. Elles ont été plutôt amusantes à résoudre, d’autant plus que presque aucune ne se ressemble. Quatre ou cinq doivent être les mêmes que d’autres avec une difficulté accrue.
Dans l’ensemble, la partie Professeur Layton de ce jeu n’est clairement pas la plus grande. Même si elle apporte son lot de surprise et d’amusement, le plus gros se trouve du côté de la défense.
Le joueur est confronté aux côtés de Phoenix Wright a quatre procès au cours du jeu. La difficulté va crescendo, après vous avoir mis en confiance lors du premier. Ce premier procès vous fait jouer à Phoenix Wright comme tout le monde le connait jusque là, mais ce n’est pas le cas des suivants. L’univers médiéval où évolue l’histoire va imposer certaines contraintes. Les témoins comparaîtront tous en même temps, amenant des embrouilles infinies, entre les témoignages qui changent au cours du procès et les témoins qui répètent exactement ce que leurs voisins disent, y incluant des contradictions. C’est sur cela que vous devrez principalement vous appuyer afin de lever le voile sur ces mystères. Les procès durent deux heures en moyenne, les deux derniers un peu plus. Il faut rester accroché tout du long et ne pas manquer d’éléments importants. J’ai d’ailleurs trouvé que faire un procès en deux fois était d’autant plus difficile car il fallait se remémorer ce qui avait été dit jusque là et parfaitement connaître le contenu de votre dossier. Lorsque viendra le temps des procès de sorcières, ce dossier s’additionnera d’un grimoire contenant les divers sorts que pourront avoir utilisé les sorcières.
A l’instar de Miles Edgeworth, vous affronterez l’Inquisition au tribunal, et son célèbre Inquisiteur Barnham, personnage très charismatique empli des valeurs de la chevalerie qui se battra fièrement contre vous et saura admettre la défaite. C’est un personnage que j’ai beaucoup apprécié car juste et honnête.
La partie crossover des deux jeux intervient surtout dans les procès, où le Professeur vient aider Phoenix Wright à déblayer des zones floues en y apportant sa réflexion légendaire et sa logique hors du commun. Ce duo m’a vraiment impressionné. Leur équipe déborde de charisme et chaque dénouement de procès m’a collé des frissons à la vision de ceci :
Scénario
A couper le souffle. J’ai été mené par le bout du nez du début à la fin, sans trop savoir quoi ni qui croire. Jamais un scénario ne m’a trompé à ce point-là. Je peux difficilement aller plus loin sans spoiler, cependant je peux élaborer certains points.
L’histoire est très bien amenée par un introduction qui donne envie de connaître la suite. Ma première session de jeu a duré 4 heures, comme à peu près chacune des suivantes. Tout est méticuleusement orchestré afin de vous laisser la bave aux lèvres et vous inciter à continuer. CLIFFHANGERS, BITCH !
La durée de vie est vraiment honorable. Il m’a fallu 26 heures pour finir le jeu en résolvant toutes les énigmes, il y a vraiment beaucoup de contenu.
Le scénario est très complet. De très nombreux mystères, chacun bien documenté et expliqué au fur et à mesure de l’histoire. Toutes les questions possèdent des réponses et rien n’est laissé au hasard. Un seul élément, dans mes souvenirs, n’est pas justifié et reste assez étrange.
Bande originale
Vous connaissez l’amour que j’ai pour la musique de jeux vidéo.
J’estime que cette bande originale est une réussite. Tous les morceaux collent à l’univers des deux licences, sans réelle distinction. Ils subliment la mise en scène, apparaissant toujours au bon moment.
Très mélancolique, cette OST pose une ambiance angoissante mais enivrante. On y comprend la peur des habitants pour les sorcières, les mystères qui planent sur Labyrinthia, les émotions des personnages… Elle connaîtra tout de même ses envolées lors des vives argumentations de Phoenix Wright, comme ce thème si célèbre :
Qualité graphique
Chaque licence vient apporter sa direction artistique au jeu sans pour autant modifier les personnages. Le Professeur ressemble toujours à ça =|:¬)
On retrouve des personnages dessinés par les mêmes pattes que chacun des deux jeux : le style assez caricatural de Professeur Layton et celui plus anime/manga de Phoenix Wright. Le mélange est assez surprenant mais pas déplaisant.
Un point qui m’a fait énormément plaisir est la présence de scènes cinématiques entièrement animées en 2D par le studio Bones (Cowboy Bebop <3, Full Metal Alchemist) qui enrichissent l’immersion dans un univers que l’on connait déjà bien, le Moyen-Âge. Leur réalisation est superbe, avec une mention spéciale pour la cinématique révélant le dernier secret entourant la ville, qui m’a fait trembler de bonheur.
Conclusion
Même s’il est peu difficile, le jeu vaut vraiment le détour. Profond, immersif, haletant, Professeur Layton vs Phoenix Wright : Ace Attorney est un chef-d’oeuvre que je suis très heureux d’avoir acheté et que je recommande chaudement à tous les amateurs de jeux de réflexion et aux joueurs patients.