S’il y a bien un héros Marvel qui ne fait pas trop parler de lui dans les event principaux, c’est bien Daredevil. Alors quand La Maison des Idées décide de concentrer un évènement autour de lui, on avait de quoi se réjouir. Hélas, le résultat est fort décevant. Retour sur ce Shadowland écrit par Andy Diggle.
Depuis le formidable run de Kevin Smith il y a maintenant quelques années, Matt Murdock était entré dans la période la plus sombre de son existence. Et les deux scénaristes suivant que sont Bendis et Brubaker ont suivi la même trame, en malmenant le héros, le poussant jusque dans ses plus profonds retranchements, à la limite de lui faire perdre pied. Puis Diggle est arrivé aux commandes et a décidé de le mettre à la tête de La Main, cette société secrète japonaise constituée de ninjas entièrement dévoués à leur cause, afin de purger Hell’s Kitchen. Une idée qui aurait pu être excellente si le scénariste n’avait pas bâclé son travail. C’est ainsi que débute Shadowland, la chute de Daredevil.
Un petit point tout d’abord sur l’ordre de lecture. Panini a encore frappé puisque pour bien comprendre les évènements, il vous faudra vous procurer le Marvel Heroes Extra ainsi que le 100% Marvel Daredevil 22. Bon, on peut déjà se demander pourquoi ils n’ont pas tout regrouper, mais soit. Mais là où c’est fort, c’est qu’il faut jongler entre les différents épisodes de ces deux parutions pour respecter l’ordre chronologique. Magnifique non ? Il existe aussi d’autres sorties estampillées Shadowland comme le Marvel Star 6 qui sont largement dispensables car centrés sur des personnages secondaires.
Si le pitch s’avère alléchant, on se demande à la fin de la lecture si Diggle ne nous aurait pas pris pour des imbéciles tant son récit se révèle complètement vide et bourré de stéréotypes. Tout est absolument déjà vu ! Entre l’habituelle confession de Matt à l’église (soit disant qu’il n’y est pas allé depuis des lustres, ahah, on nous la fait pas hein), les débats endiablés des personnages secondaires sur l’avenir de l’avocat, la venue de Bullseye (qui se finit par contre par ce dont on avait toujours rêvé), on commence à se demander si ce n’est pas un best of des 10 dernières années. Pire encore, on a vaguement l’impression que Diggle ne maîtrise absolument pas son récit et comble les trous comme il peut en introduisant des héros connus qui ne serviront strictement à rien : c’est le cas des Vengeurs qui promettent qu’ils passeront à l’action alors qu’il n’en est rien, le Punisher aurait pu donné quelques moments de bravoure mais il retournera bien vite de là où il est arrivé, la palme revenant à Ghost Rider qui apparaît dans un épisode pour revenir bien plus tard pour ne rien faire. Bravo ! Même Foggy ne sert strictement à rien, à part se faire attaquer deux fois (et de la même manière, il doit être un peu bête). A cela rajoutez des dialogues insipides, voir puérils, qui se veulent philosophiques et des gros stéréotypes (le costume gris de Daredevil, pour bien montrer que c’est un gros dark rebelz maintenant) et vous obtenez un résultat indigeste. Si on ôtait tous ces passages inutiles, il nous resterait facilement un quart du récit. Pour qui nous prend-on, sérieusement ? Le dénouement quant à lui se veut expéditif, à la limite du compréhensible, comme si Diggle voulait en finir le plus rapidement possible. Serait-ce finalement une vaste blague ? On se le demande.
Finalement, on se demande si Diggle n’avait pas pour but de définitivement détruire la réputation de Daredevil tant ce Shadowland est immonde. Tout cela rappelle étrangement le One More Day de Spidey, un canular bien réel, lourd de conséquence dans le récit que dans le fait de prendre les lecteurs pour des idiots. Monsieur Quesada, s’il vous plait, on ne veut plus de vous. Comment peut-on finir cette sublime ère par un déchet pareil ? Non, vraiment, je suis très énervé. Passez votre chemin. Sérieusement.