Vu en avant-première vendredi soir, en présence du réalisateur Antoine Charreyron, The Prodigies, le film d’animation en 3D du moment, dont KissMyGeek vous avait déjà parlé au début du mois. Alors, ça roxxe du short or not ?! Pour le savoir, suivez le guide !
“Where are you ?”
Très peu de dates d’avant-premières pour ce film d’animation , dont on vous avait déjà parlé au début du mois sur KMG. Et c’est donc au cinéma Le Cézanne, à Aix-en-Provence, vendredi soir, et en présence du réalisateur du film Antoine Charreyron, qu’a eu lieu la projection du film, suivi d’une séance de Q/As avec le public. Et si la salle n’était pas pleine à craquer, la majorité du public semblait très enthousiaste (et pour tout vous dire, moi aussi !)
Un film d’animation franco-européen, avec un aussi beau tapage médiatique, ça intrigue (!), et si j’étais prête à démonter le film, dégoûtée par l’usage abusif de la 3D cheap en superposition au cinéma, je ne suis pas pour le “trolling” gratuit. Avant de jouer les juges & bourreaux, il faut savoir de quoi on parle ! Retour sur cette séance épique, et un brin wtf tout de même !…
Team de geeks, travail européen
Avant d’attaquer les classiques “on aime / on aime pas” sur KMG, il faut un peu parler de l’équipe et des conditions de réalisation du film, car c’est assez phénoménal comme organisation.
Si Viktor Antonov (qui s’est chargé de la création de l’univers visuel et la 3D avec A.Charreyron) n’a pas pu être présent à cette avant-première, et c’est à lui qu’on doit l’univers si particulier de The Prodigies. En collaboration avec le dessinateur de comics mexicain, Humberto Ramos (The Spectacular Spider-Man, The Amazing Spider-Man, The Runaways, Crimson), c’est à ces deux-là qu’on doit en majorité ce style graphique et visuel si différent de ce que l’animation nous propose ces derniers temps.
On retrouve vraiment une ambiance de comics et de gameplay jeu-vidéo, l’animation est fluide, les persos vraiment expressifs et bien rendus grâce au système de MoCap (motion capture), le style graphique se démarque vraiment, et ça fait de suite plaisir un peu de nouveauté de ce côté-là.
Je vous avoue, nous étions nombreux à avoir peur de trouver dans The Prodigies, du “remâché” d’animation @ la Pixar / Disney et autres grandes prods américaines. Et pour le coup, le film balaie un peu le genre, et diantre ! Que ça fait du bien !!
Pour revenir à l’équipe du film, et notamment Viktor Antonov, son nom ne vous dit peut-être rien comme ça, mais c’est un des gars qui a bossé sur le design de jeux cultes comme Half-Life 2 ou Team Fortress (rien que ça, ça force le respect si on a aimé ces jeux !)
C’est grâce à la fan-attitude du réalisateur, qu’Antonov et Ramos se sont retrouvés sur le projet. En effet, étant fan de comics, et du boulot de Ramos, Charreyron n’a pas hésité à aller le dénicher sur son stand lors du SDCC (San Diego Comic-Con). Pareil pour Antonov: il a été le chercher, en lui parlant de son amour pour les jeux-vidéo (sans savoir que Viktor avait bossé sur un de ses jeux-vidéo cultes: Team Fortress !!)
De fil en aiguille, et grâce aux possibilités offertes par le Studio 37 d’Orange et la Warner Bros, Charreyron a réussi à former une équipe hétéroclite, mais qui a su produire un film cohérent, à fort rendu esthétique, et avec une 3D/relief natifs (et pas la fameuse superposition-cheap post-prod que je craignais !) Le boulot de design d’Antonov se retrouve bien dans le film, notamment dans le rendu de certaines scènes, traitées à la façon d’un tableau 2D, duquel jaillit, en un instant, le relief.
Du live à la 3D…
Le film devait, à la base, être tourné en « live » (c’est-à-dire de façon traditionnelle, avec de vrais acteurs) mais pour plusieurs raisons, dont celle de la toute-puissante censure & de la violence du scénario, le film finira par être adapté en anim/3D, de peur de risquer une interdiction de diffusion en salles.
C’est après moult péripéties (et autres choix de casting – niveau réalisation – de la production que le scénario du projet a fini entre les mains de Charreyron. Issu de l’animation 3D (SupInfoCom) il y a voit une chance énorme (presque celle de sa vie !) quant à l’adaptation d’un de ses livres cultes à l’écran. Et bien que le film n’ai pas pu être tourné de façon live, il n’était pas question pour lui et son équipe de faire de la pure animation, mais bien d’utiliser la capture de mouvements avec de vrais acteurs, prêtant ainsi leurs expressions, apparences et corps au personnages.
Ceci ajouté à une bonne stylistique filmique, insuffle au film un dynamisme et une vivacité vraiment notable. Enchaînement des plans & travellings, des effets de caméras vraiment réalistes, le tout est über-fluide et agréable à regarder. Et on sent bien les influences de Charreyron (il en a d’ailleurs citées quelques unes, dont Hitchcock et Snyder) outre son geekisme, qu’il revendique à mort, son amour des univers mangas, comics et vidéo-ludique ressort bien dans The Prodigies. Et même s’il a répété ne pas avoir été le premier choix comme réal’ pour ce projet, il avouera avoir beaucoup investi sur ce film (plus de 3 ans de boulot intensif) pour au final ajouter :
« J’étais persuadé que ce serait mon premier et dernier film, donc on a tout donné !! »
A History of Violence
Autre surprise, la gestion de la violence dans le film, en effet, s’il y a très peu d’effusions de sang (censure oblige), on sent bien la tension monter, surtout après l’agression des “enfants-prodiges”, scène qui en elle-même mérite d’aller voir le film !
Sans rien vous spoiler, il est quand même question d’un viol, et même en anim/3D, la façon dont l’équipe de Charreyron a choisi de traiter le sujet, est assez hardcore (surtout pour un film qui va surement être classifier pour les 12ans et +)
Antoine Charreyron a été marqué au fer blanc, durant son adolescence, par la lecture du livre dont s’est librement inspiré le film: La Nuit des Enfants Rois de Bernard Lenteric, à qui The Prodigies est d’ailleurs dédié. Ce n’est vraiment pas un hasard que l‘on y retrouve une ambiance très tendue, et bien exploitée sous la forme de tableaux épurés, à l’ambiance très rythmée, mix d’avance rapide & arrêt sur image, et où le monde imaginaire des prodiges prend le pas sur la réalité.
La découpe du film avant/après l’agression est un bon point, l’atmosphère change subtilement, qu’il s’agisse de la ville ou bien des personnages, même les décors se teintent de touches plus sombres, et c’est dans la deuxième partie pour ma part, où j’ai noté le plus de références à l’univers des comics.
Ni Gotham, ni la Grande Pomme
Un peu plus de 3 ans pour réaliser un film avec de vrais acteurs, avec un New-York grouillant de vie, de mouvements, de foules, et fourmillant de détails (et nombres de clins d’oeil à l’univers geek), bien loin d’une cité sombre comme Gotham City par exemple.
Une ville remplie de pubs également (crédits pour le film oblige) au plus on fait de la pub, au plus on obtient des aides, et le réalisateur l’avouera:
« Au bout d’un moment, toutes ces canettes de soda (ndr: Coca pour ne pas citer) on ne les voit plus, on se concentre sur le film, elles font partie du décor, et on continue à bosser sur ce qui est important… »
Idem pour une certaine marque de portable (ndr: Sony Ericsson) ou bien encore la super batmobile de Jimbo Farrar, le héros, une belle berline bien nerveuse (ndr: une Audi A5 noire) et quand un spectateur lui demande pourquoi avoir choisi cette marque, Charreyron répond, toujours avec le même humour:
« Bein, parce que j’aime la marque et que je veux vraiment avoir cette caisse !! Bon, on m’a fait comprendre que c’était pas pour tout de suite… » (rires)
3D or not ?!
Alors 3D ou pas 3D ?! Perso, je vous dirais: prenez vos lunettes et advienne que pourra !!
J’ai trouvé le film assez dynamique et les effets 3D y ont joués, notamment pour les scènes les plus violentes (qui m’ont bizarrement rappelé la série des Metal Gear Solid, allez savoir pourquoi !?)
Bref ! oui pour la 3D, mais ça ne m’empêchera pas de le revoir en 2D tout de même, tout comme j’avais fait pour Avatar, en cause, toujours le même soucis: la perte de la luminosité et l’exploitation des couleurs, atténuées par ces fichus binocles !
Pendant la séance de questions à Mr le réalisateur, je n’ai pas pu m’empêcher de demander “Pourquoi l’usage du relief ? alors que l’animation en elle-même est assez rythmée, avec nombres d’effets 3D ?!…”
Premier effet KissCool: il a rit et 2ème effet KissCool: il a cru que j’avais détesté le film ! *lol*
Puis plus sérieusement, il a expliqué son point de vue: le fait qu’il avait été scotché à la sortie d’Avatar, mais aussi par la façon dont Hitchcock avait su rendre l’effet de 3D dans ses films, à une époque où la notion de relief n’existait pas encore. Et d’ajouter, pour les sceptiques :
« Je pense que nous sommes à la fin de la première génération de l’utilisation de la 3D, les techniques vont s’améliorer pour qu’on puisse enfin se débarrasser de ces lunettes encombrantes ! … je crois fermement au relief et à son futur dans les films ! »
(ex-compère de travail d’Hans Zimmer, il a notamment écrit les musiques d’Equilibrium, Pirates des Caraïbes : la Malédiction du Black Pearl, Constantine entre autres)
Conclusion:
Grande fan d’animation devant l’éternel, je m’attendais à tout, sauf à en être aussi surprise, en bien. C’est avant tout le mélange film d’anim/3D qui joue avec les codes des films ditlive, qui est bluffant (ça m’avait fait un peu le même effet avec Renaissance et A Scanner Darkly). N’ayant pas lu le livre de Lenteric, j’ai été assez impressionnée par la violence de l’histoire. Car à part nos amis asiatiques (japonais & coréens notamment), rares sont les films européens traitant ou adaptant à l’écran des sujets aussi “sérieux”, surtout en les traitant version comics.
Et bien que je sois loin de l’avis de ce fan,qui a avoué au réalisateur, après la séance, “que le film lui avait rappelé le même genre de ressenti que lors de la vision d’un Akira…” (hey buddy, il faut pas pousser mémé aux orties, tout de même !! Seriously: AKIRA, QUOI !!! c’est comme Ghost In The Shell = INTOUCHABLE !!)
Donc non, The Prodigies ne vous fera surement pas ressentir les mêmes émois que les bijoux d’Otomo ou d’Oshii, mais un film franco/européen avec une aussi bonne qualité graphique, autant de dynamisme dans l’animation, de travail avec l’auteur, de références et surtout de sincérité et de boulot, ça mérite qu’on lui donne une chance !
Et puis si le film ne vous transcende pas, mais qu’au moins il vous interpelle et/où déroute vos neurones de geeks, je crois que l’équipe aura réussi son pari: nous sortir de la réalité et nous proposer de l’originalité, une fresh touch et ça, c’est pas donné à tout le monde !
Pour finir, un merci @ à Mr Charreyron pour sa proximité avec le public, ses blagues de geek-wtf ET la jolie dédicace ^^ (bonne chance pour décrocher l’Audi !)
Et à lui à toute son l’équipe et : keep up the good work, guyz !
À noter: The Prodigies sera présenté hors-compétition au Festival d’Annecy
(du 6 au 11 Juin prochain)
*BONUS*
Cadeau n°1: Les 6 premières minutes du film !
Cadeau n°2: Le clip officiel du single « I Cannot Think » du groupe Outlines (*spoilers inside*)
(Sources)
Le trailer du film sur KissMyGeek
Le site officiel
The page Facebook
La fiche du film sur Allociné
La page du film au prochain Festival d’Annecy
(Crédits photos de l’avant-première aixoise: Alice pour KissMyGeek)
2 Comments
Oujiz
29 Mai 2011 8:55Well done Reporter de l’Enfer.
pinpin
30 Mai 2011 8:49Bonjour bonjour,
Je suis allé à cette même séance et je dois dire que je suis resté bluffé. Enfin une 3D si ce n’est utile mais au moins bien travaillé,un scénario bien tourné, une tension palpable, en bref tout les éléments pour en faire une petite perle. A voir !